Entretien avec le club des Kalon

Dans notre tour d’horizon des socios en France, nous prenons la direction de l’En Avant Guingamp, premier club de football de France à avoir mis en place un actionnariat populaire. Comment est structuré le club des Kalon ? Comment fonctionne-t-il et quelles sont ses ambitions ? Arnaud TOUDIC, président de l’association, nous dit tout.

Bonjour Arnaud, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

J’ai 47 ans, je suis marié et j’ai trois enfants. Je suis originaire d’un village à dix minutes du stade du Roudourou. J’ai toujours été investi dans la vie associative et j’ai commencé à être entraîneur de football à partir de l’âge de 13 ans. J’en ai donc fait mon métier pour devenir éducateur sportif. J’ai entraîné pendant 30 ans diverses équipes de foot jeunes et séniors et parallèlement à mon activité principale, j’ai eu différents métiers dans l’éducation et également dans le commerce.

Quelle est pour vous la plus grande émotion vécue au stade en tant que supporter de l’EAG ?

Ma plus grande émotion est la journée entière en 2009 pour notre première finale de Coupe de France remportée contre le Stade Rennais. Cette journée fut remplie d’émotion car c’était une journée entre Bretons. C’était incroyable avec des milliers de Gwenn Ha Du (drapeau breton) présents dans le stade.

Au-delà de la victoire, c’était vraiment une journée extraordinaire qui restera gravée pour toujours dans mon cœur de supporter.

Finale Rennes Guingamp 2009 – Source Le Point

Pouvez-vous revenir sur la création de l’association des Kalon ?

Notre club de l’En Avant Guingamp a une particularité en France : Il appartient à 150 actionnaires qui sont pour beaucoup des entreprises locales, petites ou grandes. Partant de ce fait, le club a pensé qu’il manquait un maillon au club : les supporters. Le club a créé le mouvement Kalon en 2017 qui permet aux amoureux d’En Avant de Guingamp de devenir actionnaires du club à travers l’association.

Quel est le statut juridique de l’EAG et des Kalon ?

Le statut juridique de l’EAG est une S.A.S.P. Le club des Kalon est une association loi 1901. Elle est reconnue d’utilité publique et vous pouvez donc faire des dons, éligibles à la défiscalisation.

Comment s’est structuré le projet ?

Le club a décidé de mettre en place le projet au printemps 2017, en deux mois 5206 adhérents se sont manifestés pour devenir actionnaires pour une souscription de 40€ à vie. Ceci nous a permis de lever plus de 600 000€ et de devenir le principal actionnaire du club à hauteur de 6,52% du capital du club. En deux jours, il y avait déjà 7000 adhérents. L’engouement autour du projet fut incroyable et totalement inattendu.

Ensuite, il y a eu la constitution du conseil d’administration des Kalon où nous étions 72 candidats validés par le club seulement. Le protocole défini par le club était assez drastique.

Le vote des Kalon s’est fait en ligne, certifié par huissier de justice et a permis de constituer un conseil d’administration de neuf membres représentatifs. Nous nous réunissons environ une fois par mois pour discuter de tous les sujets et nous avons toujours continué même malgré la COVID.

Peut-on encore devenir Kalon et si oui, comment ?

Désormais, on ne peut plus devenir adhérent. L’opportunité était focalisée sur une période donnée de deux mois et il est vrai qu’aujourd’hui nous avons énormément de demandes. A Guingamp, les gens viennent souvent au stade en famille, et beaucoup de supporters souhaiteraient que leur famille rejoigne les Kalon comme leurs amis, parents, enfants et petits-enfants. Depuis la création de l’association, des enfants sont nés et veulent faire partie de cette communauté qui va bien au-delà de l’aspect financier. C’est vraiment le cœur qui parle ; d’ailleurs « Kalon » en Breton signifie le cœur et symbolise un peu notre amour pour le club d’EAG.

Pour ma part, à l’époque, j’avais fait la démarche pour mes garçons mais je n’avais pas souscrit ni pour mon épouse, ni pour ma fille. Forcément en voyant nos actions, elles veulent désormais entrer dans l’histoire de ce club, participer et rejoindre le mouvement.

Nous sommes en train d’étudier la possibilité de faire une nouvelle campagne d’adhésion prochainement.

A Guingamp, les gens viennent souvent au stade en famille, et beaucoup de supporters souhaiteraient que leur famille rejoigne les Kalon comme leurs amis, parents, enfants et petits-enfants.

Pourquoi avoir fait ce choix de limiter le temps d’inscription ?

Le club a fait ce choix pour créer un événement et il a fonctionné au-delà des espérances. Si nous ré ouvrons une session d’adhésion, nous ferons exactement la même chose. Ce n’est ni le but du club, ni celui de l’association de créer un évènement uniquement basé sur l’aspect pécuniaire. Nous n’étions pas dans la situation de Bastia par exemple, qui avait vraiment un besoin d’argent pour restructurer le club. L’aspect financier n’est pas notre objectif principal.

A l’avenir, nous pourrions effectivement imaginer la possibilité de devenir Kalon à tout moment. Pourquoi pas ? Mais selon moi, l’idée de créer un évènement limité autour de l’adhésion était intéressante.

Quel est l’objectif final de l’association ?

Le club des Kalon fonctionne comme une fondation, elle a pour but d’accompagner ou d’organiser des actions caritatives autour de Guingamp, mais aussi bien au-delà. L’objectif voulu par le club au lancement de l’opération était de faire participer ces supporters via le président de l’association des Kalon aux décisions et instances du club. Nous travaillons régulièrement avec la direction du club pour leur remonter des idées, suggestions, doléances transmises par nos membres Kalon, mais aussi mettre des projets en place. Nous participons à l’assemblée générale du club. Nous avons été invité au conseil d’administration en Juin dernier.

Le vrai objectif des Kalon est de représenter les supporters actionnaires au sein des instances du club et du conseil d’administration. Et même si le but n’est pas d’aller chercher un apport financier pour le club, quand vous apportez plus de 600 000€ au capital du club, ce n’est pas rien. Et quand vous êtes en train de construire un centre d’entraînement et un centre de formation, cet argent est une aide bénéfique et non négligeable.

Nous sommes également la fondation du club. Nous faisons beaucoup d’actions caritatives représentatives de Guingamp à travers le monde car nous sommes présents sur les cinq continents.

Quelles sont les actions caritatives auxquelles vous participez ?

Nous avons mené de multiples projets ou participé à beaucoup d’évènements comme Octobre Rose pour la sensibilisation à la lutte contre le cancer du sein. Nous avons organisé une conférence et campagne de sensibilisation aux joueuses professionnelles de Guingamp via l’association Rose Espoir.

Nous avons participé au projet « tous ensemble, tous en courant » où 156 Kalon étaient inscrits. Dans cette opération, chaque kilomètre parcouru rapportait 1€ à l’association de son choix. Cette opération a rapporté plus de 15 000 euros. Nos Kalon ont participé à des marathons partout dans le monde comme à New York, Québec, Paris… Cela permet à beaucoup de supporters de se connecter les uns aux autres, de courir dans des marathons magnifiques pour un objectif commun et de s’identifier grâce au maillot que nous avions créé sur mesure aux couleurs de l’association et du club. Tous ces évènements créent du lien social et c’est aussi un de nos rôles.

Au sein du stade, nous avons également lancé une action « lancer de doudous et de peluches ». C’était bien sûr avant la COVID. Nous avions récupéré près d’une tonne et demie de peluches que nous avons transmis à une dizaine d’hôpitaux des Côtes d’Armor. Nous travaillons régulièrement avec les hôpitaux, nous leur avons offert un véhicule pour leur salle d’opération, des maillots de l’EAG, des blousses préparées par des couturières qui permettent aux enfants de les enfiler plus facilement lors des examens radiologiques.

Au cœur de la crise COVID, nous avons offert aux soignants des services COVID, des chocolats achetés auprès des commerçants locaux.

Nous parrainons également les sauveteurs de la S.N.S.M. Pour chaque cotisation à l’association (de 12€), nous reversons 1€ à la S.N.S.M.

Vous ne demandez pas une cotisation annuelle ?

Il y a une cotisation annuelle afin de soutenir l’association. Elle est de 12€ par an, soit 1€ par mois. Nous faisons appel à cette cotisation annuelle sur nos différentes plateformes, le membre ayant cotisé est membre actif pour l’année et peut donc participer à l’assemblée générale. Beaucoup de Kalons nous font des dons au-delà des 12€. La somme des cotisations et dons nous permet de mettre en place des projets et actions, mais même si on ne cotise pas, on reste Kalon. On est Kalon à vie, chacun est libre de cotiser ou pas. Plus il y a de cotisations, plus nous pouvons mettre d’actions en place.

Cet argent des cotisations va donc uniquement sur le compte de l’association et aucunement sur le compte du club ?

 Oui, tout à fait cet argent reste uniquement au sein de l’association Kalon.

Avez-vous un projet sur 5 ans ?

Nous avons plutôt un projet qui se construit au fur et à mesure, au gré des saisons sportives qui ne sont pas les meilleures ces dernières années, il faut l’avouer. Mais il y a du mieux. Nous n’avons pas de projet écrit pour une durée définie, mais notre objectif pour l’année à venir est de connecter les Kalon entre eux mais aussi encore plus avec le club.

Des entreprises vous suivent-elles dans ce projet ?

Nous avons énormément de chefs d’entreprise Kalon mais uniquement en nom propre car il était impossible aux entreprises d’adhérer à l’association en leur nom. Nous ne les sollicitons pas car c’est plutôt du domaine de la cellule commerciale du club. Mais des projets partagés en ce sens pourraient exister. Nos statuts nous le permettent.

Êtes-vous aidé par un cabinet d’avocat ou une formation juridique ?

Non, mais nous avons un assistant du club qui nous donne un coup de main si jamais nous avons un doute sur des questions juridiques.

De très grands joueurs sont passés par Guingamp. Sont-ils à vos côtés ou vous aident-ils dans la réalisation de ce projet ?

Je ne connais pas exactement tous les 15206 membres. Nous savons qu’il y en a quelques-uns mais nous ne les sollicitons pas. Vous savez, c’est un peu dans notre culture bretonne : Même si nous sommes attachés à ces joueurs qui ont eu une place importante dans la vie du club à un moment donné, un supporter qui est là depuis 20 ou 30 ans est aussi important qu’un joueur qui est passé au club. On dit souvent que les joueurs passent, les supporters restent. C’est le cas à Guingamp et encore plus dans le cœur des Kalon.

Un supporter qui est là depuis 20 ou 30 ans est aussi important qu’un joueur qui est passé au club. On dit souvent que les joueurs passent, les supporters restent. C’est le cas à Guingamp et encore plus dans le cœur des Kalon.

Quel est votre principal atout et votre principale faiblesse ?

Notre principal atout est l’amour que les supporters ont envers le club. Et je peux le mesurer à chaque fois que je rencontre un supporter de Guingamp. Avec mes nouvelles fonctions d’élu, c’est vrai que j’en rencontre beaucoup et ils sont admirables. Parfois, ils habitent à l’autre bout de la Bretagne et ils supportent l’EAG, ce qui prouve que nous sommes un club à part et atypique dans le foot actuel.

Notre principale faiblesse est notre jeunesse. Nous avons beaucoup de choses à apprendre mais également beaucoup de choses à réaliser. Ce n’est que positif et motivant.

Quel est votre plus illustre adhèrent ?

Je pense qu’il s’agit de Noël Le Graët, président de la Fédération Française de Football.

Au bout de quelques années d’exercice, avez-vous senti une évolution dans l’image de l’association, un sentiment d’appartenance au club plus développé de la part des supporters ?

Oui, il y a une écoute de la part du club beaucoup plus importante même s’il y en a toujours eu à Guingamp de la part de nos dirigeants notamment avec Noël Le Graët. Les liens sont encore plus forts.

On perçoit aussi cette fierté d’appartenir à l’aventure Kalon. Par exemple, je connais quelqu’un qui habite en Nouvelle-Calédonie et qui me dit être heureux d’être en contact avec le club en étant dans l’association. Sa cotisation annuelle, c’est un petit peu comme s’il payait son abonnement à l’année au stade. En étant à des milliers de kilomètres, il se sent toujours proche du club et peut se dire : « je participe toujours à la vie de mon club ».

Nous avons invité les supporters Kalon de la région parisienne lors de la rencontre contre le Paris FC. Ils étaient 250 et c’était une fête extraordinaire. En plus, nous l’avons emporté. En bon Breton, on boit un verre avant et après le match, on partage des moments conviviaux. L’idée est de connecter les gens malgré l’éloignement géographique. Que tu sois de Bretagne, de France, de New-York ou de Nouvelle-Zélande, peu importe, tu fais partie de l’histoire du club en étant Kalon.

Rassemblement de Kalon – Source Facebook

Vous sentez-vous consultés et si oui, votre voix est-elle vraiment entendue ?

On se sent écouté et consulté. En revanche être écouté c’est bien mais être entendu c’est mieux. Nous le sommes régulièrement et je pense que nous apportons des choses au club mais nous pouvons encore aller plus loin. Pour le moment, l’important est de bien structurer l’association.

Il existe une vraie concurrence économique dans le football. Celle-ci est accrue pour la région Bretagne, vraie terre de football où il existe un grand nombre de clubs de football professionnel. Pensez-vous qu’un projet comme les Kalon vous permettra, à terme, de faire la différence au niveau de l’engouement régional ?

On a forcément une concurrence entre les cinq clubs bretons : Rennes, Brest, Lorient et évidemment Nantes. Nous adorons nos derbys bretons, engagés et festifs. Ce sont les premières dates que nous recherchons dans le calendrier. Guingamp a toujours été un club atypique, nous disons souvent ici qu’il faut qu’on garde les pieds, non pas sur terre, mais DANS la terre. Nous nous revendiquons souvent comme des paysans, nous sommes 7000 habitants dans une petite ville, la 1329ème ville de France je crois et malgré tout nous sommes professionnels depuis 30 ans. Nous sommes le petit club qui embête les gros dans le paysage footballistique breton et français. Nous avons ce côté populaire, près du peuple qui nous différencie de nos concurrents bretons. Parmi les 15206 Kalon, 12000 sont Bretons. Il y a donc forcément un attachement régional car toutes ces personnes ne sont pas originaires de Guingamp. Néanmoins, ils ont une affection forte pour ce club.

Nous disons souvent ici qu’il faut garder les pieds, non pas sur terre, mais DANS la terre. Nous nous revendiquons souvent comme des paysans, nous sommes 7000 habitants dans une petite ville, la 1329ème ville de France

Un jour, j’ai rencontré un intervenant qui me disait « si c’est pour faire un projet socios comme à Guingamp, ça ne sert à rien ». Que répondriez-vous à cette critique ?

Je répondrais que beaucoup de gens aimeraient faire la même chose mais n’y parviennent pas, comme les Stéphanois, les Lensois ou encore les Marseillais. Guingamp l’a fait. Nous sommes l’un des premiers clubs à l’avoir lancé ce type de démarche. Nous écrivons notre histoire tranquillement. Peut-être qu’elle n’est pas celle que certains voudraient prendre mais nous avançons pas à pas, sur des fondations solides et ça c’est très important pour nous.

Nous n’avons que trois ans d’existence, ce qui est très peu dans l’actionnariat populaire. Beaucoup de choses sont à améliorer et c’est normal. Nous n’avions pas beaucoup de modèles dans le sport professionnel sur lesquels s’inspirer et à qui demander des conseils. Et puis la COVID est passée par là et a forcément compliqué notre progression. Il nous manque effectivement une chose pour transformer l’essai : être plus présent au sein du Conseil d’administration du club et c’est le souhait de 94% des Kalons.

Ensemble toujours en Avant – Source Facebook

Vous êtes donc le plus gros actionnaire du club avec 6,52% mais vous n’avez pas droit au conseil d’administration ?

Oui. C’est l’une des pierres qui manquent à notre édifice. Nous n’avons pas de représentant des Kalon au conseil d’administration. C’est ce que j’ai expliqué aux dirigeants un jour en leur disant : « Allez au bout du projet que vous nous avez proposé ». C’est aussi ce qui fait que certains de vos intervenants sont critiques sur notre projet. Mais nous sommes déjà à l’intérieur du club, nous discutons et échangeons intelligemment avec le club. Il faudra un peu du temps…

Il nous manque effectivement une chose pour transformer l’essai : être plus présent au sein du Conseil d’administration du club. C’est le souhait de 94% des Kalons

Quel est le principal adversaire de l’EAG selon vous ?

Notre principale crainte n’est pas tant un adversaire régional mais plutôt la perte de nos valeurs, notre identité guingampaise, ce qui fait que notre club est toujours professionnel aujourd’hui. Nous nous en étions quelque peu écarté et cela nous a posé immédiatement quelques soucis sportifs ces dernières années.

Il existe de nombreux ultras à Guingamp. Font-ils partie de votre organisation ?

L’avantage à Guingamp est que tout le monde se connaît au moins de vue. Nous ne sommes pas si nombreux que ça mais nous nous entendons très bien. Certains sont effectivement des Kalon, d’autres non. L’important est de se respecter et d’être derrière le club comme l’année dernière où nous avons connu des moments difficiles.

Vous êtes un élu local. Cette position vous-aide-t-elle dans vos rapports avec les autres élus ? Ce mélange entre politique et sport est-il néfaste pour l’association ?

Non, ce n’est pas incompatible ou néfaste. Dans la plupart des collectivités de France, il y a des élus qui sont présidents ou membres d’associations, et c’est une force pour nos assemblées et conseil municipaux. Les statuts de l’association des Kalons m’y autorise J’ai été élu sur une liste citoyenne, j’ai toujours été engagé que ce soit en tant qu’élu associatif ou en simple bénévole. Quoi que je fasse, je le fais toujours avec passion pour faire avancer les choses, pour ma région ou pour mon club. Les élus ont besoin d’être connectés au terrain, de discuter avec les gens, les supporters, les présidents d’associations ou le maire de la ville. C’est capital d’être en interaction avec la vie locale. Le football est fait pour relier les gens et ma situation d’élu local est plutôt un atout. C’est ma vision des choses.

Comment ne pas parler du politique le plus connu de Guingamp, ex-président du club Noël Le Graët. Avez-vous une relation particulière avec lui ? Vous aide-t-il dans l’organisation ?

La relation particulière est qu’il est mon président car je joue au foot dans un club de la FFF et que je suis son président car il est Kalon. C’est ce que je lui ai dit une fois, quand nous nous sommes rencontrés. Nous en avions plaisanté ensemble. Nous ne connaissions pas particulièrement et il ne nous a pas spécialement aidé dans la réalisation du projet de ce mouvement. Ses enfants et ses petits enfants sont également Kalon et nous en sommes fiers.

Noël Le Graët – Source Le Parisien

Que pensez-vous de sa présidence à la tête de la Fédération Française de Football ?

Son parcours en tant que président de la Fédération Française de Football impose le respect. C’est un gars de la campagne guingampaise, qui a monté les étapes une par une pour devenir maintenant président d’une Fédération Nationale de Football, présent à la FIFA. En tant que guingampais, on ne peut qu’être fier du travail qu’il a effectué et qu’il fait au quotidien. Mine de rien, il est le président de la Fédération championne du monde, il fait un très bon travail au sein de la 3F qui se porte mieux qu’à son arrivée. Je n’oublie pas également le travail qu’il a effectué auprès de la Ligue de Football Professionnel. J’admire le parcours de M. Le Graët, aussi bien l’homme que celui du président. Si Guingamp est là où il en est aujourd’hui, c’est grâce à lui. Nous lui devons beaucoup.

J’admire le parcours de M. Le Graët, aussi bien l’homme que le président. Si Guingamp est là où il en est aujourd’hui, c’est grâce à lui. Nous lui devons beaucoup.

M. Le Graët est favorable à l’organisation d’une coupe du Monde tous les 2 ans. Le rejoignez-vous ?

Non pas spécialement. Je vais vous faire une réponse de Breton : « si je mange de la langoustine tous les jours, je pense que je les apprécierais moins. Il vaut mieux en manger de temps en temps ». Je pense la même chose pour la coupe du Monde. Une compétition tous les quatre ans me semble très bien. Tout le monde attend la compétition avec impatience, et l’alternance avec l’Euro fonctionne parfaitement. Je ne suis pas persuadé que pour le rythme et la santé des joueurs, cette idée soit une bonne chose. Si c’est juste un intérêt économique, je n’y suis pas favorable.

Pensez-vous possible qu’une forme de « socios » à la française puisse voir le jour ?

Je pense que c’est nécessaire de rapprocher les supporters des clubs, que leur voix puisse être entendue, écoutée. La COVID a rappelé si c’était nécessaire, qu’un club sans supporters, ce n’est plus un club. Aller au stade, ce n’est pas uniquement 90 minutes. Il y a l’avant et l’après match, la joie de se retrouver entre amis et de discuter. Le supporter fait parti de l’effectif du club, sans lui le spectacle n’est plus le même.

On a besoin d’autres modèles au sein du football professionnel français, on doit légiférer afin qu’il existe une vraie représentation des supporters au sein des clubs de football professionnel et des conseils d’administration. Bref, mettre les supporters autour de la table où se prenne les décisions importantes. Cela éviterait peut être les incidents de cette saison.

Dans quel autre club de L1 imaginez-vous votre projet possible ?

Les premiers qui me viennent à l’esprit, ce sont Saint-Étienne, Marseille et Lens. Ce sont les clubs les plus populaires de notre pays. Il doit certainement y en avoir d’autres mais ce sont les premiers qui me viennent e tête. Je n’imagine même pas le succès que pourrait rencontrer un tel projet à Saint-Étienne ou Marseille : Ils seraient des centaines de milliers et dépasseraient largement Guingamp très rapidement.

Je n’imagine même pas le succès que pourrait rencontrer un tel projet à Saint-Étienne ou Marseille : Ils seraient des centaines de milliers et dépasseraient largement Guingamp très rapidement.

Une structure spécifique des socios français, est-ce que ça vous intéresserait ?

Oui cela nous intéresse énormément d’être en lien avec les socios, bastiais par exemple. L’idée de créer des connexions communes avec tous les socios de France est intéressante et pourquoi pas entraîner d’autres personnes avec nous. Échanger et interagir ne peut être que bénéfique pour le football.

Entretenez-vous des discussions avec différents organismes de supporters comme l’association nationale des supporter ou fans Europe (FSE) ?

Non, mais en revanche nous allons sans doute rejoindre l’European Football For Development Network (EFDN). Ce réseau se compose des clubs de football professionnels qui sont non seulement engagés socialement, mais qui ont aussi la volonté de coopérer et de s’engager à l’échelle européenne. Cette organisation regroupe les principales fondations du football d’Europe.

Avez-vous des employés au sein de l’association ?

Depuis début septembre, nous accueillons une jeune étudiante de BTS communication en alternance conjointement avec le club. Nous avions ce besoin, et il est aussi important d’aider les jeunes à se former. Elle nous accompagne dans notre communication mais également dans la mise en place de nos différents projets.

Êtes-vous favorable à la Super League ?

Non je suis contre. Sinon, moi j’ai une idée alors : une super Ligue bretonne c’est pas mal ça non ? Et pourquoi ne pas faire une super Ligue celtique, avec les irlandais, les écossais, ce serait top (rires)

Faut-il selon vous un statut intermédiaire pour nos clubs entre une SASP et une association et s’inspirer du modèle allemand avec leur « 50+1 » ?

J’avoue ne pas très bien connaitre le modèle allemand. Je sais qu’il y a une participation des supporters de 50 +1 mais quels sont leurs droits ? Je ne sais pas. Malheureusement en France, nous sommes obligés de passer par certaines obligations et c’est de fait très compliqué. Les clubs sont des entreprises qui appartiennent à des tiers. Donc si ces tiers n’ont pas envie de vendre ou d’ouvrir le capital, rien n’oblige ceux-ci à le faire. C’est ce qu’il se passe à Nantes où il y a un blocage et portant une vraie volonté des supporters de s’investir dans le club. Dommage

En France, les clubs sont des entreprises qui appartiennent à des tiers. Donc si ces tiers n’ont pas envie de vendre ou d’ouvrir le capital, rien n’oblige ceux-ci à le faire. C’est ce qu’il se passe à Nantes, où il y a un blocage et pourtant une vraie volonté des supporters de s’investir dans le club.

Êtes-vous pour ou contre la Ligue un à 18 clubs ?

Tout dépend des motivations : Je veux vraiment voir du beau football en L1 ou en L2 mais il faut avouer que les joueurs enchaînent les matchs tous les week-ends et en coupe d’Europe. Si on rajoute à cela, les matchs internationaux comme la CAN ou la coupe du Monde, les qualifications …Si un championnat à 18 est nécessaire pour voir du beau foot, des matchs intéressants et des joueurs moins blessés, je suis pour. En revanche si la raison principale est de se partager le gâteau à 18 clubs, je suis contre.

Récemment, l’Arabie Saoudite vient d’acheter Newcastle, le PSG est dirigé par le Qatar et Man City par les Emirats Arabes Unis. Que pensez-vous de ces modèles et les trouvez-vous viables dans le temps ?

Les clubs que vous citez ne figurent pas dans le même monde que l’EAG. Leurs modèles sont viables tant que les propriétaires décident de rester. Si les pays que vous citez décident de se désengager du jour au lendemain, qu’est ce qui se passe ? J’espère qu’ils auront anticipé sinon attention à la casse…

Je préfère largement notre modèle guingampais où il y a 150 actionnaires et où les enjeux et objectifs sont clairement différents aussi. Notre modèle a aussi des limites économiques mais sur le terrain, nous avons déjà battu régulièrement Paris, Marseille ou Lyon, nous avons gagné deux coups de France en 2009 et 2014. Seul Paris a fait mieux ces 13 dernières saisons. Tous les ans, nous avons en France des clubs qui se cassent la figure comme Evian, Sedan, Le Mans par exemple. Bastia est tombé très bas mais est fort heureusement remonté avec un modèle d’actionnariat.

Si vous aviez à refaire l’histoire, quel est le piège que vous éviteriez ?

Faire valider au préalable le fait que nous soyons présents au sein du conseil d’administration de l’En Avant Guingamp. Nous n’en faisons pas une absolue nécessité mais il est vrai que beaucoup de Kalon nous font cette demande. Ce n’est certes pas là finalité mais c’est quand même ce qu’attendent les supporters et ce qui nous avait été présenté : Rapprocher encore plus les supporters des décisions du club.

Le mur des Kalon – Source Facebook

Dernière question : Auriez-vous un conseil si jamais un de nos lecteurs voulaient mettre en place des socios dans son club ?

Il faut le construire avec le club, avoir un porjet clair et défini, avoir un vrai partenariat et que tout le monde soit gagnant. Vous pouvez être un million de potentiels adhérents, créer une association. Si en parallèle, le club ne veut pas travailler avec vous, le projet est mort dans l’œuf.

Un grand merci à Arnaud pour sa disponibilité et nous lui souhaitons bonne continuation avec le club des Kalon. Vous retrouverez toutes les informations sur Twitter ou sur leur site internet.

JM & Jerem