Entretien avec les Socios Etoile Club Bastiais

Fantasme de supporters, projet irréalisable et utopiste…Quand on parle de projet Socios en France, on observe souvent ce genre de commentaires dans les médias traditionnels. Nous avons décidés d’en avoir le cœur net en rencontrant les acteurs de terrain et en donnant la parole à ceux qui veulent que ce type de projet existe que ce soit dans des petits clubs de N3 ou dans de grosse structure digne d’une multinationale étrangère.

Nous allons donc vous proposer toute une série d’entretiens sur ce sujet brûlant, qui divise mais en même temps tellement d’actualité dans ce contexte de Super League avorté (pour le moment). Pour notre premier entretien, direction l’île de beauté, à la rencontre des Socios Etoile Club Bastiais. Bonne lecture !

Bonjour Guillaume, pouvez-vous vous présentez en quelques mots ?

Je m’appelle Guillaume Longo. J’ai 38 ans, deux enfants. Professionnellement, j’ai un master en droit à Aix-en- Provence et je suis cadre dans la fonction publique.

Quelle est pour vous votre plus grande émotion en tant que supporter du SC Bastia que vous avez vécu au stade ?

Ma plus belle émotion, je l’ai vécue lors d’une demi-finale de Coupe de France Bastia / Sedan en 2002 où nous l’emportons deux buts à un sur un but de de Tony Vairelles en prolongations. Ce match nous envoie au Stade de France. J’ai encore les images en tête de l’envahissement du terrain, lorsque nous portions les joueurs en triomphe sur la pelouse. C’était extraordinaire.

Quel est votre rôle dans l’organigramme des Socios Etoile Club Bastiais (S.E.C Bastiais) ?

Le S.E.C Bastiais a été créé par seize personnes, des femmes et des hommes de toutes catégories socioprofessionnelles : commerçant, webmaster, juriste, formateur, assureur…Il y a également un ancien joueur du club monsieur Triki. Je suis l’un des seize membres. A titre personnel, je suis également secrétaire de l’association depuis son origine en 2017. J’ai également la chance d’être l’un des quatre représentants qui siègent au club. En effet au sein du S.C Bastia, nous avons deux organismes : la S.C.I.C (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) qui gère la structure « professionnelle » et l’association qui gère les « amateurs ».

L’association S.E.C Bastiais a droit à quatre représentants qui siègent au club. Deux dans le Conseil d’Administration de la S.C.I.C et deux dans celui de l’association. Je siège donc au sein du Conseil d’Administration de l’association.

Expliquez-nous-en quelques mots le concept des S.E.C Bastiais. D’où est né ce projet et quel est le principe d’une S.C.I.C ?

En 2017, le club fut placé en liquidation judiciaire. Nous ne savions pas si le club allait repartir en N3. Ainsi, nous avons fondé le S.E.C la même année en juillet. Le club était totalement à l’arrêt et il n’y avait plus de dirigeants ni de joueurs.

A l’initiative d’une association de supporters, le peuple Bastiais s’est réuni le 13 juillet. Nous avons fait également de grandes réunions publiques sur la place Saint-Nicolas de Bastia où des centaines et des centaines de personnes se sont réunies spontanément. Fort de cette réussite, nous avons lancé une opération de crowdfunding où nous avons réussi à collecter plus de 300 000 € et près de 5470 socios.

Notre marque de fabrique et ce dont nous sommes le plus fier, c’est d’avoir réussi à redonner de l’espoir au peuple Bastiais dans cette période difficile, alors que beaucoup de personnes pensaient que le club allait disparaître. Nous sommes très fiers d’avoir fait le maillon entre les dirigeants actuels, la famille Ferrandi et la famille Luiggi, alors que le club était dans le flou le plus total.

Ce dont nous sommes le plus fier, c’est d’avoir réussi à redonner de l’espoir au peuple Bastiais alors que beaucoup pensaient que le club allait disparaître.

Qu’en est-il du principe de la S.C.I.C ?

C’est un statut d’entreprise qui fut initié par les dirigeants du club à l’intérieur duquel Il existe plusieurs collèges d’actionnaires :

  • Les Fondateurs (propriétaires) ;
  • Les Entrepreneurs ;
  • Les supporters (dont notre association fait partie) ;
  • Les anciens joueurs, anciens employés du club ;
  • Les collectivités locales.
Organisation S.C.I.C – Source SC Bastia

A quel niveau, êtes-vous actionnaires du S.C Bastia au sein de la S.C.I.C ? Et quelles sont les parts des autres collèges ?

Nous avons 20% en étant leader du collège des supporters car nous avons injecté 200 000€ dans le S.C.I.C. Mais il faut savoir que tout un chacun peut en tant qu’ « indépendant » acheter une part de la société sans faire partie de notre association. Il suffit d’acheter directement au club.

Les parts pour les autres collèges sont :

  • Fondateurs (les familles Ferrandi et Luiggi) : 38% ;
  • Entrepreneurs : 22 % ;
  • Anciens joueurs et employés du club 10 % ;
  • Et les collectivités locales ont le restant.

Il existe donc des collectivités locales propriétaires du Sporting Club de Bastia ?

Absolument, il existe plusieurs communes de toute la Corse possédant des actions au sein de la S.C.I.C. La particularité de ce collège d’actionnaires est qu’il n’a pas de représentant au sein du conseil d’administration du S.C Bastia.

Le montage financier comme celui-ci est complexe. Avez-vous demandé l’aide d’un cabinet d’avocats et si oui lequel ?

Oui nous avons fait appel à plusieurs avocats, fiscalistes et spécialistes du droit du sport.

Si Monsieur Dayan n’avait pas proposé la solution de la S.C.I.C aux dirigeants, nous n’en serions pas là aujourd’hui. Nous pouvons vraiment le remercier.

J’ai vu que M. Dayan était intervenu auprès du Sporting Club de Bastia pour l’évolution dans le monde professionnel. Que vous a-t-il apporté concrètement ?

En tant que socios Bastiais, nous ne nous sommes pas entretenus avec lui. Ce sont les dirigeants qui se sont entretenus avec M. Dayan, qui a posé le modèle, les principes de base de la société en deux ou trois mois. Mais je crois savoir qu’ils sont restés en bonnes relations avec le président du club et qu’ils sont toujours en contact téléphonique. En tout état de cause, il est certain que si monsieur Dayan n’avait pas proposé la solution de la S.C.I.C aux dirigeants, nous n’en serions pas là aujourd’hui. Nous pouvons vraiment le remercier.

Luc Dayan – Source Corseetinfos

Quel est l’objectif de l’organisation ?

Au départ, l’association avait pour but de soulever des fonds pour sauver ce qui était « sauvable » au sein du Sporting Club de Bastia. Une fois le Sporting sauvé, nous attachons d’être force de propositions avec les dirigeants actuels, notamment pour tout ce qui est relatif au centre de formation. C’est vraiment notre cheval de bataille.

Pensez-vous qu’il existe un plafond de verre pour votre projet ?

En France, c’est la première fois qu’un club adopte ce mode de fonctionnement. On ne sait pas comment cela va se passer quand on va retrouver le milieu professionnel. Il faut savoir que quand nous avons adopté la S.C.I.C, nous ne pouvions l’adopter uniquement dans un monde amateur. Nous ne pouvions pas maintenir ce statut dans le monde professionnel. Heureusement, une loi est en train de passer à l’Assemblée Nationale ainsi qu’au Sénat et nous pourrons conserver ce statut en Ligue 2 et Ligue 1. Mais je ne vois pas pourquoi cela se passerait mal. Tout le monde travaille en bonne intelligence et il y a une superbe synergie pour aller dans le même sens.

Imaginons qu’un jour vous montiez en Ligue 1, ce que l’on vous souhaite, et que vous stagniez plusieurs années dans le ventre mou du championnat. Quelles seraient les solutions selon vous à développer pour que le club se développe et retrouve la coupe d’Europe ?

Je pense que c’est une question d’attractivité, en attirant les entrepreneurs. Il n’y a pas de raison que nous n’y arrivions pas. Je pense même que grâce à ce genre de statut où les parts ayant pris une plus-value peuvent être retirées, cela peut être très intéressant et attractif pour un actionnaire.

En Corse, le Sporting Club de Bastia est un patrimoine qui parle à tout le monde et qui fédère énormément.

Avez-vous des entreprises qui vous suivent dans ce projet ?

Oui, nous retrouvons les entreprises qui sont membres et nous aident depuis le début. En Corse, le Sporting Club de Bastia est un patrimoine qui parle à tout le monde et qui fédère énormément. Dans nos entreprises partenaires, nous avons principalement des P.M.E locales, mais nous retrouvons vraiment tout type de membre.

Les entreprises où les socios qui vous suivent ont-ils « droit » à une défiscalisation de leurs cotisations ?

Oui, notre association étant déclarée d’autorité publique, la cotisation fait l’objet d’une défiscalisation à hauteur de 66% de ce que le membre a versé à notre association.

Comment ont évolué vos relations avec les dirigeants du S.C Bastia du début du projet jusqu’à aujourd’hui ?

Depuis le début (en 2017), nos relations avec le club sont très bonnes. Nous ne prétendons pas diriger le club à leurs places. Chacun connait sa place. Ce sont eux les dirigeants, et nous sommes leur soutien et une vraie force de proposition. On se voit confier des dossiers importants comme très prochainement les travaux de réhabilitation des terrains du centre de formation et la gestion de certains prestataires. Pour le moment tout se passe très bien. En espérant que le monde professionnel ne fasse pas tourner les têtes que ce soit chez nous ou chez eux mais je n’ai pas de craintes la dessus.

Notre association étant déclarée d’autorité publique, la cotisation fait l’objet d’une défiscalisation à hauteur de 66% de ce que le membre a versé à notre association.

Beaucoup de très grands joueurs sont passés par Bastia. Sont-ils à vos côtés ? Vous aident-t-ils dans la réalisation de ce projet ? Si oui, lesquels et comment ?

Nous avons beaucoup de joueurs qui sont membres de l’association des Socios Etoile Clubs Bastiais : Whabi Khazri, Pierre-Yves André, Toifilou Maoulida, Chaouki Ben Saada, Ismaël Triki, Roger Milla, Sébastien Piocelle et j’en oublie. Il ne nous aide pas au quotidien mais parfois nous les sollicitons pour bénéficier de leurs conseils. Nous sommes toujours ravis de les accueillir lors de nos différents évènements que nous organisons. Ils nous aident énormément au niveau de la crédibilité de notre projet.

Avez-vous Johnny Rep avec vous ?

Malheureusement, nous n’avons pas Johnny Rep parmi nous…

Wahbi Khazri est membre de l’Etoile Socios Club Bastiais. Avez-vous un message à lui faire passer ?

Wahbi Khazri est vraiment pour nous un modèle. Depuis 2017, que ce soit par des dons conséquents au club ou en étant adhérent de notre association, il est vraiment un soutien de taille. Un message à lui faire passer ? S’il souhaite un jour reporter le maillot bleu, il est le bienvenu. Je pense que c’est un vrai amoureux du Sporting club de Bastia, un enfant du club et cela se fait rare que les joueurs actuels aient la reconnaissance envers son club formateur. C’est une personne avec de vraies valeurs, qui a le Sporting dans la peau. Nous sommes très contents de ses performances actuelles avec l’AS Saint-Etienne.

La Corse a une situation géographique particulière en étant une île. Considérez-vous le Sporting Club de Bastia comme le club phare de votre région et est-elle pour les Corses un peu « l’équipe nationale de Corse » ?

Nous avons coutume de dire que le Sporting Club de Bastia est plutôt le Sporting Club de la Corse, car nous sommes vraiment le club le plus populaire et le plus soutenu sur l’île, avec le plus grand nombre de supporters fidèles en Corse. Cependant, nous n’avons pas la prétention de dire que nous sommes une équipe nationale, car il existe déjà une équipe nationale Corse que l’on appelle la Squadra Corsa. Elle ambitionne un jour de participer aux matchs de qualifications de l’Euro ou de Coupe du Monde, comme le fait par exemple Tahiti en zone Océanie ou la Guadeloupe en participant à la Gold Cup. Nous sommes vraiment très fiers de ces deux entités. Mais, nous sommes le club phare de l’île. Il n’y a aucun doute possible là-dessus.

La Corse est une magnifique terre de football. Avez-vous hâte de revivre un derby ?

Oui, nous avons très hâte car la Corse est une vraie terre de foot. Les corses parlent foot toute la journée, avec un article par jour dans le journal local corse-matin. Et quand on aime le foot, forcément on aime les derbies. Nous attendons avec impatience de recroiser la route de l’A.C.A la saison prochaine.

Nous attendons avec impatience de recroiser la route de l’A.C.A la saison prochaine.

Dans le football moderne il existe aussi une rivalité économique entre les clubs. Pensez-vous qu’il y ait la place pour plusieurs clubs professionnels en Corse ?

Cela fait plusieurs années qu’il existe plusieurs clubs professionnels en Corse. Je pense qu’il y a de la place pour plusieurs clubs professionnel sur notre île. Il suffit que chacun trouve son modèle, le garde. Je ne pense pas que l’un puisse étouffer l’autre.

Cela ne perturberait donc vraiment pas vos ambitions qu’il y ait deux clubs professionnels ?

Non au contraire, je pense même que c’est motivant et que ça crée une émulation. Par exemple il y a Bastia Borgo qui est dans le championnat national avec nous. C’est une concurrence saine. La Corse a toujours eu beaucoup de clubs que ce soit en première 2ème ou 3ème division et nous avons l’habitude de cette réalité . Pour le moment, notre modèle est vraiment basé sur le centre de formation donc je pense que nous pourrons cohabiter tous ensemble.

L’un de vos concurrents dans le championnat de national cette année était Quevilly Rouen. Le principal rival de ce club est le Rouen FC. Connaissez-vous le Rouen FC et le projet des culs rouges de Rouen ? Avez-vous échangé avec eux ?

Je connais leur projet et je pense que si on est amateur de football on connaît le FC Rouen. C’est un club historique. J’ai écouté un intervenant évoqué le sujet dans l’émission After foot récemment. Cela m’a rappelé nos débuts en 2017. Toutefois, nous n’avons pas eu d’échange avec eux mais j’aimerais beaucoup…

Pensez-vous possible la création d’une association regroupant les socios français ?

Possible, je ne peux pas me prononcer. Mais je trouve que c’est une bonne idée et je le souhaite. L’idée de créer un modèle socios à la française serait vraiment super. Pour le moment, notre modèle est quelque chose d’unique et si on peut le généraliser et proposer ce modèle partout sur le territoire, personnellement j’en serais ravi. Cela serait super de voir notre modèle «copié » en ouvrant le capital à hauteur de 20 % dans pleins de clubs français. Notre vision du football est très populaire et accessible à tous et correspond à beaucoup de clubs en France.

Vous pensez donc qu’il peut exister un vrai modèle socios français et que c’est l’avenir ?

Pour le moment, il existe un modèle socios bastiais. Mais j’aime beaucoup votre idée d’association nationale comme vous venez de le proposer. Si cela peut aider pour développer ce modèle, j’en serais ravi. Dans tous les cas, nous ferons toujours part de notre expérience. La réappropriation des clubs de football par les supporters est un très bon modèle au final car les dirigeants et les joueurs partent, et seuls les supporters restent.

Parcage Bastiais – Source Furiana

On peut penser à un modèle socios à Bordeaux, Saint Etienne, Lens etc. ?

Je le pense sincèrement. Il en va de l’intérêt de l’actionnaire majoritaire que d’avoir les supporters avec lui à hauteur de 20 ou 30%. Impliquer les supporters est le meilleur moyen de travailler en bonne intelligence et d’éviter d’éventuels conflits larvés qui nuiraient au club. Nous nous sentons notamment très proches de club comme Saint-Étienne et de leurs valeurs. C’est à peu près le seul club où nous avons de très bonnes relations avec leurs supporters et nous les respectons énormément.

Nous nous sentons notamment très proches de club comme Saint-Étienne et de leurs valeurs. C’est à peu près le seul club où nous avons de très bonnes relations avec leurs supporters et nous les respectons énormément.

Entretenez-vous des discussions avec différents organismes de supporters comme l’Association nationale des supporter par exemple ?

Non, nous n’avons aucune relation avec elle. J’ai l’impression que L’ A.N.S est surtout l’association nationale des supporters de certains clubs mais pas de tous. Nous n’avons jamais échangé avec eux.

Le regrettez-vous ?

Je ne sais pas si nous devons le regretter en fait vu que nous n’avons jamais pu échanger avec eux. Je ne saurais pas vous dire si c’est un regret ou pas, je ne les connais pas. C’est quand même regrettable, car nous sommes dans un modèle particulier où des supporters sont des membres actifs d’un club. En revanche, nous avons eu des contacts avec Annecy et sans doute prochainement avec Rouen.

Quels sont vos rapports avec les élus locaux ? Vous aident-ils dans votre démarche ?

Nos rapports avec les élus locaux sont très bons. Nous avons plusieurs hommes politiques qui sont avec nous comme monsieur Savelli, maire de Bastia, les deux députés de Haute-Corse, messieurs Castellani et Acquaviva, et d’autres. Notre démarche a des gros soutiens populaires et politiques et cela nous fait très plaisir car ce sont des soutiens de poids.

Avez-vous un rôle social ?

Oui et nous tenons à avoir ce rôle social. Nous avons lancé une collecte pour pouvoir acheter des lits de réanimation aux bénéfices de l’hôpital de Bastia et nous n’avons pas hésité aussi à soutenir le supporter bastiais qui a été agressé par des supporters d’Ajaccio lors d’un déplacement il y a deux ou trois ans. Nous tenons à faire, au moins une fois par an, une opération de ce type. Cela nous tiens à cœur.

D’ailleurs dernièrement nous avons conclu un partenariat avec l’association « Inseme » ce qui signifie « ensemble » en Corse. C’est une association qui est au soutien de malades de Corse qui ont besoin de se faire soigner sur le continent et qui les aide dans leurs déplacements à trouver des logements sur place par exemple. Nous allons faire des opérations pour lever des fonds à leurs profits.

Partenariat INSEME – Source Sociosbastia

La place des réseaux sociaux est très importante dans notre société actuelle. Êtes-vous très présents sur les réseaux sociaux ?

Oui nous sommes très présents sur les réseaux sociaux. Nous avons une page Facebook, un compte Instagram et un compte Twitter. C’est vraiment notre mode de communication privilégié.

Nous tenons à avoir ce rôle social. Nous avons lancé une collecte pour pouvoir acheter des lits de réanimation aux bénéfices de l’hôpital de Bastia.

Avez-vous un Community Manager dédié et des employés au sein de votre association ?

Non, nous sommes tous bénévoles. Nous sommes actuellement dix personnes à avoir été élues l’an dernier pour un mandat de deux ans au sein du bureau face à une liste concurrente. Notre modèle est démocratique et les représentants de l’association sont élus par les milliers de socios à jour de cotisation. Nous sommes deux personnes à gérer au quotidien les réseaux sociaux et le site internet, cela fait également partie de mes prérogatives.

Quels sont vos rapports avec les groupes de supporters du SC Bastia ? Sont-ils tous Socios ?

Aujourd’hui officiellement, il n’y a aucun groupe de supporters actif au Sporting Club de Bastia depuis la liquidation 2017. Ils sont tous en sommeil. Mais quand ils reprendront une activité, nous nous rapprochons d’eux car nous représentons tous les supporters du Sporting, qu’ils soient membres de la diaspora comme ultras.

Justement, la diaspora Corse est partout en France et dans le monde. Avez-vous beaucoup d’adhérents de cette diaspora ?

Oui, beaucoup de gens de la diaspora sont membres de notre association, Il y en a qui nous soutiennent du Brésil, de Thaïlande à New York etc… Des membres dans le monde entier.

Quels avantages vos socios et les entreprises obtiennent ils en contrepartie de leurs adhésions ?

Nous sommes une association assez jeune. En contrepartie, nous avons déjà tenu à offrir une belle carte de membre à chacun de nos adhérents, le poster de l’équipe. Par ailleurs, nous avons conclu un partenariat avec une société qui s’appelle Corseco. Cette entreprise propose une carte avec des réductions dans beaucoup de magasins sur l’île et ailleurs.

Cette carte de membre leur revient à prix coûtant, soit environ 7€. Mais surtout, ils ont droit d’élire leurs représentants au bureau de la S.E.C Bastiais dont quatre seront représentants dans les deux C.A du Sporting Club de Bastia.

  • Deux membres dans la S.C.I.C
  • Deux dans l’association du Sporting Club de Bastia

Et cela se fait démocratiquement. Lors des dernières élections du bureau du S.E.C Bastiais, deux listes et deux programmes étaient présentés. Les adhérents votent donc pour le programme qu’ils souhaitent, et que leurs élus portent dans les deux Conseils d’administrations.

Nous soumettons aussi des sondages à nos adhérents tout au long de l’année. Cela nous permet d’être au plus près d’eux et de leurs avis on ne fera jamais rien sans leur accord. Nous avons mis en place un sondage sur le fait de mettre en place des navettes en train pour rejoindre le stade les jours de match. Et en ce moment, un sondage est en cours sur les produits qu’ils aimeraient avoir au sein de la boutique du club. Nous avons vraiment une démarche démocratique et participative.

Panneaux – Source Twitter

Vous avez vraiment un besoin de ces navettes pour le transport des supporters ?

Oui, il y a un vrai manque. Nous avons une particularité à Bastia, le stade est à cinq kilomètres du centre-ville et nous militons pour avoir des navettes les jours de match dans les deux sens centre-ville/stade. Nous avons réussi à nouer un partenariat avec les chemins de fer corses dans ce sens, qui sera concrétisé nous espérons, la saison prochaine. Elles commenceront 2h avant le match et perdureront 2h après le match. Cela permettra aux supporters d’utiliser les transports en commun.

Que pensez-vous apporter de plus à votre club ? Et quelles principales actions avez-vous menées depuis votre création ?

Nous avons vraiment apporté au club notre vision d’amoureux du club qui ne veut que le bien du club sans arrière-pensée. Nous amenons notre passion et la volonté de rendre les fondations du club pérennes

Par exemple avec l’association du Sporting Club Bastia, nous avons une réunion une fois par semaine. Nous menons de front le chantier de la rénovation des terrains du centre de formation. Nous avons également aidé à l’élaboration de certains produits pour la boutique du club. Nous sommes vraiment impliqués dans la vie du club jour après jour.

Il faut vraiment sortir de cette idée du « tout pour l’équipe une » et préparer l’avenir par le centre de formation.

Vous amenez donc une vraie culture club donc …

Oui totalement, nous apportons une vraie culture club. Par exemple, nous avons habillé la tribune sud de panneaux avec des unes de journaux qui représentent notre passé et notre histoire. Et ce n’est que le début : nous allons également faire appel à des graphistes pour faire des belles fresques. C’est notre maison, on l’aime et nous allons essayer de la rendre encore plus vivante et attrayante.

Vous rentrez désormais dans le monde professionnel, quels sont selon vous les pièges à éviter ?

Le pièges à éviter, c’est ce qui nous a longtemps fait défaut à Bastia : le fameux : « tout pour l’équipe une ». J’ai l’impression que les supporters ne voient que les résultats de l’équipe première alors qu’il faut se donner du temps et des fondations solides et avoir un centre de formation performant. Il faut éviter cette tentation de vouloir remontrer trop rapidement en Ligue 1 par exemple. Nous sommes tous des supporters et nous souhaitons ardemment voir notre club joue au plus haut niveau et en Ligue1 bien sûr. Mais si il faut passer deux ou trois ans en Ligue 2 pour donner au club des fondations solides, ce n’est pas grave faisons-le !

Nous n’avons pas vocation à entrer dans le modèle économique d’un Paris Saint-Germain ou d’un Manchester City. Nous n’avons pas ce genre d’investisseurs à Bastia. Notre modèle doit passer par la formation et la vente de joueurs formés au club. Ce sera notre seule entrée d’argent principale avec les droits TV. Il faut vraiment sortir de cette idée du « tout pour l’équipe une » et préparer l’avenir par le centre de formation.

Leca et Cahuzac ont été formés au club, étaient adorés, étaient des stars. Mais en 2017, ils sont partis sans un mot. Cela a été très mal vécu par beaucoup de supporters.

Quelles sont les ambitions pour la saison prochaine du Sporting club de Bastia ? Et auriez-vous la possibilité notamment de faire venir des anciens au club, je pense notamment à Yannick Cahuzac ou Jean-Louis Leca?

L’ambition pour la saison prochaine sera le maintien car il ne faut pas être vaniteux. En revanche, il faut prendre le temps. Pour les joueurs comme Yannick Cahuzac ou Jean-Louis Leca, ce sont des joueurs qui divisent ici. Ils ont été formés au club, étaient adorés, étaient des stars. Mais en 2017, ils sont partis sans un mot. Cela a été très mal vécu par beaucoup de supporters ici et je ne sais pas comment ils seraient accueillis. Sur le principe de faire revenir des anciens joueurs, je ne suis pas contre oui. A choisir, je prends Wahbi Khazri, des joueurs comme lui, ce serait avec plaisir. Après il faut voir si ils acceptent et si c’est possible financièrement.

Si vous aviez à refaire l’histoire des socios bastiais, quel est le piège que vous voudriez éviter ?

Honnêtement, rien du tout. On ne refait pas l’histoire et elle est très bien comme ça. Je ne vois vraiment rien à redire au travail réalisé depuis quatre ans. Nous avons fait notre chemin.

Dernière question : Auriez-vous un conseil si jamais un de nos lecteurs voulait mettre en place des socios dans son club ?

Un conseil, ce serait d’avoir la foi, la passion et surtout ne pas compter son temps et son investissement. C’est une aventure géniale mais cela nous prend énormément de temps depuis quatre ans. Il ne faut pas compter ses heures et être prêt à sacrifier certains moments en famille pour le club.

Nous tenons à remercier chaleureusement Guillaume pour sa grande disponibilité et souhaitons bonne continuation au club Bastiais, tout juste promu en Ligue 2. Vous retrouverez toutes les informations du S.E.C sur Twitter ou sur leur site internet.

JM & Jerem