

Après des débuts à Marcoussis, deux expériences en Irlande et en Australie, Jérémie Malé occupe désormais le poste de groundsman au London Stadium de West-Ham. Qu’est ce qu’un groundsman en Premier League et comment travaille-t-il ? Comment l’Angleterre a su devenir en 20 ans, un modèle d’expertise dans l’entretien des pelouses de stade de football ? C’est l’objet ce cet entretien, avec Jérémie, qui a accepté d’aborder son parcours, son métier et les raisons de cette réussite en Premier League.
A quel moment vous destinez-vous à travailler dans le sport ?
Depuis tout petit, j’ai toujours aimé regarder ou faire du sport. Je n’ai jamais été le meilleur mais bon… Le déclic est apparu quand j’ai découvert l’EA (anciennement TECOMAH), un campus dans lequel une formation préparait au métier de responsable technique en aménagement d’espaces verts sportifs.
Pouvez-vous revenir sur votre parcours de formation ?
Je me suis d’abord orienté dans le paysagisme, avec un baccalauréat sciences et techniques de l’aménagement des végétaux. J’ai ensuite réalisé un BTS aménagement paysager dans un lycée agricole et horticole. Puis, après une année à l’université en licence du paysage, je me suis réorienté vers une licence de responsable technique en aménagement d’espaces verts sportifs. Les espaces verts et le sport correspondaient bien à ce que voulais faire et je ne regrette pas.

Vous commencez tout d’abord dans la gestion d’espace vert, puis faites une spécialisation en groundsman. Vous allez travailler 6 mois au centre de rugby national de Marcoussis-Linas. Quelle était votre fonction ?
J’étais un simple apprenti groundsman à Marcoussis. C’était ma première expérience de haut niveau avec deux formateurs extraordinaires : Alexandre Serveau et Frederick Paul.
Vous décidez de partir à l’étranger pour travailler dans l’entretien de Golf à Donabate en Irlande en 2014 puis à Pymble en 2017. Quelles sont les exigences d’un green de golf ? Les spécificités et les méthodes de travail ?
Les exigences d’un green de golf sont extrêmes. Le gazon est tondu tous les jours, une à deux fois par jour, à 3 mm de hauteur et fait l’objet d’une attention de tous les instants. A cette hauteur de tonte, la moindre erreur de dosage d’un produit ou la quantité de sable apportée à ses racines peuvent être fatals. La qualité/santé du gazon peut changer du jour au lendemain et est vérifiée scrupuleusement.
J’étais un simple apprenti groundsman à Marcoussis. C’était ma première expérience de haut niveau avec deux formateurs extraordinaires : Alexandre Serveau et Frederick Paul.
Pour bien appréhender les besoins et exigences d’un green, il faut énormément d’années de pratique de GreenKeeping. Groundsmanship et greenkeeping sont liés car le gazon est un être vivant et le maintien d’un Green, c’est de l’horlogerie.
Rugby, Golf, Football… Quels sont les points communs et les différences de traitement de ces surfaces (Entretien, engrais, taille de tonte) ? Les exigences sont-elles les mêmes ?
Selon les sports, les pratiques et exigences diffèrent.
Le golf est clairement le sport le plus exigeant, avec des tontes de gazon entre 3 mm et 100 mm selon les surfaces (greens à 3 mm et le rough entre 60 à 100 mm). On attache beaucoup d’importance à ce que recherchent les golfeurs, à savoir le roulement de la balle et l’esthétique de l’ensemble. L’entretien y est constant et toujours très poussé.
Concernant le football, la hauteur du gazon varie entre 20 mm et 30 mm et nous recherchons du détail visuel, un roulement parfait de la balle. Les équipes tondent régulièrement le gazon et utilisent beaucoup de fertilisants, d’engrais et de machines agricoles.

Enfin, pour le rugby, l’entretien est moindre. Le gazon est tondu entre 25 et 40 mm et moins régulièrement que dans le football. Comme il y a moins de matchs, nous utilisons moins de fertilisants et d’engrais, avec peu de recherches de visuel. En revanche, il y a beaucoup de remise en état et de semis car le rugby est un sport de piétinements. Enfin, le gazon doit répondre à deux caractéristiques :
- La souplesse du sol en raison des contacts et chute des joueurs ;
- Un maintien des racines de qualité pour les mêlées.
Pymble est une banlieue de Sydney, avec un climat chaud et tempéré… Donabate en Irlande possède également un climat froid et tempéré. Est-ce qu’on travaille pour autant de la même manière en Irlande et en Australie, uniquement en fonction du climat ?
Le climat joue plus ou moins favorablement sur certains aspects de l’entretien journalier. Par exemple, à Sydney en été, l’irrigation est bien plus importante en quantité d’eau utilisée et en nombre d’heures d’arrosage à Sydney, ce qui peut entraîner des périodes de carences et des zones brûlées ou fortement abîmées par le soleil sur les greens et le reste des surfaces jouables.
Et l’hiver, le gel est présent sur Dublin, ce qui entraîne des interruptions de travail de quelques heures à quelques jours, si les températures restent inférieures à zéro.
Vous vous êtes occupé du Stade Français, du Paris FC et du PSG féminine. Quel était votre statut ? Quel est le budget alloué par le Stade Français, le Paris FC, et le PSG féminin pour l’entretien des terrains ?
La gestion étant faite par mon entreprise Parcs et sports et le contrat sous la ville de Paris, je n’ai aucune idée du budget pour être honnête avec vous. J’étais le référent technique pour les différentes pelouses du Stade Français et référent sur les autres pelouses, selon la demande de mon entreprise.
London Stadium – Source Twitter London Stadium – Source Jérémie Malé London Stadium – Source Twitter
Aujourd’hui, vous travaillez à Londres pour le club de West Ham en Premier League, sous la supervision de James Williams. Comment est née cette opportunité professionnelle ?
Il s’agit d’un vrai coup de chance. Je revenais d’Australie après mon expérience sur ce golf de Pymble, Antony Stones (le Head groundsman du stade de France) et Iturf management m’ont donné l’opportunité de venir travailler au stade de France. Après quelques mois au stade, j’ai rencontré son adjoint, James Williams. Une semaine après, une offre m’était faite pour venir travailler à Londres car ils cherchaient à tout prix un groundsman sur place.
Étant donné les droits télés en Premier League, tout semble fait pour avoir des belles pelouses et une meilleure diffusion. Comment ça se retranscrit au quotidien ?
C’est vraiment énormément de travail. La préparation des matchs est impressionnante. On réalise jusqu’à six tontes différentes en deux jours, jusqu’à trois marquages de lignes de jeu avant le match. Une journée classique de match peut durer entre 10 et 20 heures de présence sur le stade entre préparation, mise en place, remise en état du terrain et mise en place de la luminothérapie.
London Stadium – Source Jérémie Malé London Stadium – Source James Griffiths London Stadium – Source Jérémie Malé London Stadium – Source Twitter
Dans les années 70, les terrains anglais étaient de vrais bourbiers. Aujourd’hui, les pelouses anglaises sont de véritables billards. Comment expliquez-vous cette transition ? Comment l’Angleterre a-t-elle développé ce savoir-faire ?
Vous parlez des années 70 mais c’était le cas aussi dans les années 2000. C’est à cette époque que le changement a commencé à s’opérer, à travers une vraie remise en question des infrastructures. On a vu apparaître les vrais Groundsmanship, une amélioration des technologies liées au gazon (luminothérapie, chauffage sous terrain, apparition des terrains hybrides naturels et synthétiques).
La base du savoir-faire s’est réalisée à travers les écoles du Royaume-Uni, avec beaucoup de terrains de sport et des ressources techniques très importantes. La communication entre les différents groundsmen sur la gestion de leur terrain a énormément favorisé l’amélioration des terrains.
Vous parlez des années 70 mais c’était le cas aussi dans les années 2000. C’est à cette époque que le changement a commencé à s’opérer, à travers une vraie remise en question. On a vu apparaître les vrais Groundsmanship, une amélioration des technologies liées au gazon.
Vous évoquez les pelouses hybrides, mi naturelles, mi synthétiques. Quelle est la composition de la pelouse de West-Ham ?
La pelouse est hydride, mi naturelle, mi synthétique. Selon les marques de produit, la composition peut varier mais la pelouse du London Stadium est équipée d’une pelouse hybride avec seulement 2 % de fibres synthétiques. Après la construction de la base du terrain (drainage, irrigation, chauffage), une machine vient littéralement tisser des fibres synthétiques sur la surface du terrain avec des aiguilles allant jusqu’à 20 cm de long tous les 2 cm.

Par la suite, nous venons semer les racines du gazon, qui viennent s’accrocher à ses tiges et permettre un meilleur maintien du sol et de la plante elle-même (ce qui évite les arrachages de motte)
Quel est le produit de base du gazon anglais ? Le gazon utilisé est-il déjà un produit de haute qualité, ou s’agit-il du gazon que nous pouvons trouver chez le particulier ?
Le Ray Grass anglais est une herbe qui pousse très bien et rapidement en climat tempéré et qui réagit très bien aux difficiles conditions d’un stade et aux dégâts qu’on lui inflige. Vous pouvez trouver ce genre de gazon, mais il est important d’avoir le savoir, le savoir-faire, les produits et matériels pour faire germer le gazon. En une année, nous avons besoin entre 30 et 40 sacs de graines (à 100 euros pièces).
Avec une pelouse hybride, on retrouve la souplesse d’un terrain naturel allié au maintien et à l’esthétique d’un terrain synthétique, sans le risque de blessures relatif aux 100% synthétique.
Quel est l’avantage d’une pelouse hybride par rapport à une pelouse 100% naturelle, ou 100% synthétique ?
L’avantage de l’hybride réside dans les fibres synthétiques injectées dans le sol. Elles assurent un meilleur maintien du sol et de la plante elle-même. On retrouve la souplesse d’un terrain naturel allié au maintien et à l’esthétique d’un terrain synthétique, sans le risque de blessures relatif aux 100% synthétique.
Combien de personnes travaillent à l’entretien et au maintien des pelouses à West Ham ?
Au London Stadium, nous sommes une équipe de 5 personnes.
- Un head groundsman ;
- Un deputy groundsman ;
- 2 groundsmen ;
- 1 apprenti.
Cela nous permet de faire une rotation durant les grosses semaines de matchs, notamment celle entre Noël et le jour de l’an. Enfin, une équipe de 8 personnes s’occupe du centre d’entrainement.

Pouvez-vous nous décrire votre semaine type ?
Lundi : On travaille sur la réparation des tacles et tonte de nettoyage des débris du match du samedi et nous utilisons la luminothérapie.
Mardi : On répare les dégâts causés par les tacles, puis nous réalisons un épandage d’engrais, arrosage et luminothérapie.
Mercredi : Off
Jeudi : Double tonte, double marquage de ligne de jeu, préparation pour l’entrainement du lendemain, luminothérapie transporter à l’extérieur du stade
Vendredi : La journée est consacrée à la mise en place des buts d’entrainement, de l’entraînement de West Ham, puis nous effectuons une double tonte de nettoyage, réparons les éventuels dégâts suite aux tacles, et enfin tonte de finition
Samedi : Jour de match
London Stadium – Source Jérémie Malé London Stadium – Source Jérémie Malé London Stadium – Source Twitter
Imaginons un match à London Stadium le samedi. Quel est votre rôle le jour même et vos activités d’avant match et après match ?
Mon rôle est simple mais crucial. Je fais office d’agent de liaison entre mes responsables et le reste de l’équipe sur les tâches à accomplir comme :
- La mise en place du terrain ;
- La vérification de la mise en place du terrain ;
- La vérification technique sur les machines avant le début de tonte ;
- Briefing des intérimaires de jour de match ;
- En charge du bon fonctionnement du système d’irrigation ;
Pa la suite, je m’occupe de la double tonte de finition, double marquage des lignes de jeu, mise en place des buts de match et d’entrainement (à peu près 5 heures de travail)
Ensuite, j’interviens pendant le match en lui-même à la réparation des tacles après l’échauffement, puis à la mi-temps.
Enfin, trente minutes après le match, nous effectuons un brossage de la pelouse, ce qui consiste à relever le brin du gazon. Nous pratiquons une tonte de nettoyage, réparation des tacles. Enfin nous installons la luminothérapie (8 heures de travail).

Pourquoi avoir recours à la luminothérapie ? Pouvez-vous nous décrire ce système ?
La luminothérapie permet la photosynthèse au moment où les circonstances climatiques ou d’ombre ne permettent pas une croissance normale du gazon. La photosynthèse a pour principe la conversion de l’énergie lumineuse en glucose, issue du dioxyde de carbone et de l’eau combinés par la plante. Le glucose agit comme combustible pour la plante, ce qui lui permet de se développer et de stocker des réserves pour les périodes plus difficiles. Ce substitut de lumière offre au gazon plus de combustible, et plus de réserves.
Nous utilisons la luminothérapie, plus ou moins entre les mois d’octobre et avril. Il s’agit d’un système de lampes LED sur roues couvrant 70% du terrain et qui agit comme lumière naturelle chauffante. Elles sont déplacées de quelques mètres tous les jours pour permettre à l’intégralité du gazon d’être traitée.

Avec ce dispositif, nous obtenons une meilleure pousse, des racines plus profondes, plus de densité et des feuilles plus larges. Cela permet de jouer plus de matches durant l’année et une meilleure et rapide régénération durant l’hiver.
Les matchs de Premier League s’enchaînent tous les 2/3 jours avec la période de boxing day. Comment faites-vous pour assurer la cadence du calendrier tout en assurant une qualité des pelouses ?
Encore une fois, il s’agit d’énormément de travail. Dans cette période, cela m’est arrivé de dormir au stade pour permettre d’être disponible et un peu plus frais dès le lendemain d’un match.
L’année dernière, sur une semaine de 3 matchs, avec deux entrainements à intercaler, nous sommes montés à 100 heures de travail (réparation et tonte).
La qualité vient en amont, à travers une bonne préparation des terrains, avec des engrais et produits de qualité qui vont permettre à la pelouse d’encaisser le choc et le stress pendant le match.
En premier League, il existe un comité de jardiniers. Quel est le but de ce comité ? A quelle fréquence sont-ils prévus ?
Oui, l’Institut of Groundsmanship (IOG) s’est mis en place dans le but d’améliorer la qualité des groundsmen et la connaissance du métier au grand public. Nous nous rencontrons une fois par an.

Le classement des jardiniers témoigne du rôle capital de votre métier dans le football anglais.
Bien sûr, ce classement est important et il permet de s’améliorer au jour le jour. Si tu finis dernier, cela sous-entend qu’il y a beaucoup de choses à revoir et corriger.
Le Paris-Saint Germain a mis les moyens pour avoir une pelouse de grande qualité en recrutant l’un des meilleurs jardiniers de Premier League, justement plusieurs fois élus meilleur jardinier anglais. Connaissez-vous Jonathan Calderwood ?
Je ne le connais pas personnellement, mais je connais son travail. Il a apporté, avec les autres jardiniers anglais, une vraie nouvelle expertise sur la manière d’entretenir les terrains.
On entend des critiques sur les pelouses de ligue 1. Êtes-vous d’accord sur ce constat ?
C’était peut-être le cas. Mais depuis l’euro 2016, les clubs ont investi et ont grandement amélioré les choses. La majorité des clubs a embauché des groundsman français et le résultat est là.
Prenez Guingamp, le club est arrivée deuxième du classement des pelouses. Il s’agit pourtant d’un petit budget de ligue 1. C’est une question de priorité.
A chaque match, des stadiers se font licencier pour avoir foulé la pelouse sans autorisation. Le gazon est sacré ici en Angleterre.
« Les gens ne comprennent pas tout ce qu’il faut pour avoir un bon terrain : l’équipement en sous-sol, l’investissement financier, la machinerie, la qualité des tondeuses, la qualité des jardiniers et leurs qualifications et tout le respect que vous leur devez… C’est peut-être ça qui me choque le plus en France : le peu de respect et de considération que l’on porte aux jardiniers. C’est une vraie différence par rapport à l’Angleterre » déclarait le jardinier en chef du PSG. Le rejoignez-vous ? Avez-vous eu cette sensation ?
Je le rejoins. Le gazon est sacré ici en Angleterre. A chaque match, des stadiers se font licencier pour avoir foulé la pelouse sans autorisation.
Ce n’est pas uniquement un manque de respect, mais aussi une très mauvaise connaissance de notre métier et de la quantité de travail fourni pour permettre un match de haut niveau que ce soit en Angleterre ou ailleurs.
Après, chaque responsable de pelouse fait avec ses moyens. Il y a aussi beaucoup de qualité en France.
De quels équipements en sous-sol parle-t-il ? La température moyenne annuelle à Londres est de 11.1 °C. Les pelouses anglaises gèlent-elles comme cela peut arriver en France ?
Non, ici jamais. Justement, Jonathan évoquait les installations de chauffage souterrain, électriques ou à eau, qui permettent de garder le sol et les racines du gazon a une température favorable (aux alentours de 12 degrés) durant les périodes hivernales. Le gazon garde ainsi sa vitalité sans être dérangé par le froid. La grande majorité des pelouses anglaises est équipée de ce dispositif.

Quid des machineries et tondeuses ?
Concernant les machines, je suis d’accord avec lui sur la qualité des tondeuses en France, qu’elles soient rotatives (tondeuses de jardin) ou hélicoïdales (à lames). Quand elles existent (ce qui n’est pas toujours le cas), elles sont souvent anciennes et la technique pour les utiliser à leur optimum n’est pas maitrisée. C’était du moins le cas il y a quelques années en France.
Nous avions échangé en 2012 avec une personne qui travaillait pour l’ASSE en ligue 1. Voici ce qu’il déclarait : « Je travaillais à l’entretien des vestiaires, tunnel, bureaux des arbitres, ainsi que de la billetterie les jours de matchs. Je m’occupais également du PC Sécurité et de la technique ». Puis il poursuit « Le jour du match, j’étais d’astreinte nettoyage sur la journée et le soir je m’occupais de la pelouse, avant le coup d’envoi, à la mi-temps, et à la fin du match. En période hivernale, je renforçais l’équipe des jardiniers ». Une sorte d’ « homme à tout faire » du Stade Geoffroy-Guichard, où plutôt de la ville. En effet, comme il nous le révèle, son employeur n’est pas l’ASSE mais bel et bien Saint-Etienne Métropole comme la plupart de ses collègues. Il ne bénéficie d’aucune formation de jardinier et a « appris sur le tas ». Aujourd’hui, son contrat à durée déterminée à la Ville terminé, son travail à Geoffroy-Guichard n’est qu’un lointain souvenir. Qu’est-ce que ça vous inspire ?
Ça m’inspire un gros manque de formation pour être groundsman, du moins pour atteindre le haut niveau dès la sortie d’école. Pour être électricien, vous devez connaitre l’électricité qui mêle, savoir, savoir-être et savoir-faire. C’est la même chose pour notre métier. Il ne s’agit pas de pousser une tondeuse. Il y a tout un socle de connaissances biologiques et chimiques de la plante à assimiler et qui nécessite un passage par une école spécialisée.
Comment expliquez-vous le peu de moyens alloués aux pelouses de ligue 1 ?
Je dirais que ça s’explique par le peu de connaissances des besoins du métier, peu de communication entre les instances et les groundsmen et peu de reconnaissance des acteurs du football. Mais ça viendra.
Tous les nouveaux stades, comme celui de Tottenham, prévoient la conception des installations souterraines, anticipe la lumière qui arrive par le toit, l’aération et le mouvement du vent à l’intérieur de l’enceinte du stade.
J’imagine que ces installations en sous-sol sont pensées à la conception des stades en Angleterre ?
Bien sûr, tous les nouveaux stades, comme celui de Tottenham, prévoient la conception des installations souterraines, anticipent la lumière qui arrive par le toit, l’aération et le mouvement du vent à l’intérieur de l’enceinte du stade.
A l’Emirates, Arsène Wenger avait déjà pensé à tout ça avec les groundsmen. Dans un stade de football, le centre d’intérêt est le terrain, et il est logique de tout faire pour que le terrain soit au maximum de ses capacités toute l’année.
Jonathan Calderwood revenait sur son parcours au PSG et son étonnement des températures élevées en été en France, par rapport à l’Angleterre. Quel est le problème des hautes températures pour une pelouse ?
De fortes températures amènent des besoins en eau, donc beaucoup d’arrosage et une humidité de l’air très importante dans les stades. On a donc besoin de réduire cette chaleur en utilisant des ventilateurs si possible. L’apparition de maladies et de champignons en est fortement la cause.
Récemment, certaines pelouses ont été touchées par la prolifération d’un champignon, le pyricularia, favorisée par la canicule en France. Ce genre de chose est-il courant dans le métier ?
Tout a fait, ce genre d’infection est très difficile à diagnostiquer durant les périodes chaudes car les températures fluctuent beaucoup entre le jour et la nuit.
Durant la journée, l’humidité, produite par beaucoup d’irrigation, redescend sur les brins d’herbes durant la nuit froide. C’est pendant la nuit que les champignons prolifèrent via l’eau.

Le climat en Angleterre, est, de type tempéré océanique, mais cependant très variable, plus humide à l’Est et au Nord, et plus continental au Sud-Est. J’imagine que le travail est très différent selon la région où on se trouve ?
Concernant les différentes régions, je ne peux pas trop m’exprimer. Mais sur London, le plus compliqué reste la gestion de la pluie. Elle vient et repart sans vraiment que nous puissions la gérer, même avec les outils de technologies comme les radars météo. C’est ce qui rend la tâche difficile.
La moyenne des précipitations annuelles atteints 621 mm à Londres. Comment les pelouses font-elles face à la pluie ?
Le drainage du sol est très rapide sur nos pelouses car 100% du substrat/du sol est composé de sable, ayant la particularité d’être le meilleur drainant possible pour un sol. Avec les multiplications des matches, l’utilisation des machines qui a tendance à compacter le sol, il nous arrive d’utiliser un système d’aération. Cela consiste à venir perforer le sol à l’aide de pointe, ce qui lui permet un drainage et une évacuation d’eau plus rapidement.
J. Calderwood expliquait que le gazon du Parc des Princes était enlevé en fin de saison puis ensemencer pour le début de saison du club. Pratiquez-vous la chose à West Ham ?
Tout à fait, chaque année, la pelouse est enlevée, recyclée et on recommence de zéro avec du nouveau sable et des graines toutes fraîches.
Un grand merci à Jérémie pour sa disponibilité. Nous lui souhaitons bonne continuation dans la suite de ses activités.