WEB – Entretien avec Hind, créatrice du site RockTheFootball.com

Dans notre tour d’horizon des comptes twitter intéressants à suivre, nous sommes allés à la rencontre d’HIND. Vous la connaissez sûrement si vous êtes fans de foot, et supporters de l’AS Monaco. Vous aimez le foot, vous aimez le rock… Vous aimerez sûrement son projet et sa plume. Retour avec elle sur la découverte du ballon rond, sa vision du football, de l’AS Monaco, ses ambitions et son envie de journalisme.

ENFANCE AU MAROC, DECOUVERTE DU FOOT, LE NAPOLI ET L’AS MONACO

Pouvez-vous revenir sur votre enfance, le contexte dans lequel vous avez grandi. 

J’ai grandi entre le Maroc, la France et la Belgique. Mon père voyageait beaucoup pour le travail. Nous n’avions pas beaucoup de moyens, alors je passais mon temps à lire ou dans la rue avec les autres enfants du quartier. Au Maroc, on profitait de chaque moment pour sortir jouer dehors, on y passait plus de temps que dans la maison.

Comment le sport est arrivé dans votre vie ?

Je n’étais pas spécialement branchée sport en général, je préférais passer des heures à lire et je rêvais de devenir écrivain un jour. Bon, j’aimais courir, monter aux arbres, j’ai pris des cours de tennis, j’ai eu une période balle jaune, puis j’ai vite lâché. Je ne me considère pas comme une grande fan de sport, j’aime le foot et aussi depuis quelques années je m’intéresse à la boxe mais c’est à peu prés tout.

Quels sont vos premiers souvenirs de football ?

Le football de rue ! Quand j’avais cinq ans je sortais jouer avec les garçons. Ma mère en était désespérée, parce qu’elle m’habillait dans des petites robes mignonnes et je revenais toujours couverte de boue. On allait sur un terrain vague derrière les maisons et on mettait des branches et des grosses pierres de chaque côté pour faire les buts. J’aimais surtout rentrer dans « l’homme », j’aimais la bagarre en fait, j’étais hargneuse (rires). Après cela a été la coupe du monde 98, nous vivions en Belgique à ce moment là, mon père n’est pas un grand fan de foot, mais il regarde les grandes compétitions de temps à autres et il connaît très bien le foot sans pour autant le suivre. Puis au retour au Maroc, mes premières vraies émotions foot en tant qu’observatrice c’était avec le Real Madrid, la Liga est une religion au Maroc. Il fallait choisir son camp : Barça ou Real et moi j’aimais Raul, c’était mon idole avec Casillas. Je me souviens aussi de la CAN, c’était un moment où toutes les familles se réunissaient pour regarder ensemble les matchs. Le foot était une excuse pour se retrouver autour d’un festin, les petits et les grands,  ensemble devant la télé pour supporter les lions de l’Atlas.

Raul et Casillas – Source [1]

Avec quel(s) club(s) vous êtes vous sentie proche ?

En fait, je me considère un peu à part en tant que supportrice… Après être venue en France pour mes études, je n’avais plus le temps pour le football, j’ai lâché la Liga, je cumulais les petits boulots pour payer mes études et, un nouveau monde s’ouvrait à moi. Pour la première fois, j’étais libre d’aller et venir comme je le voulais, j’avais d’autres choses qui m’occupaient. Mais quand j’étais petite, il y avait un nom qu’on répétait avec une certaine religiosité sans jamais l’avoir vu jouer : Maradona. Et on était tous d’accord pour dire que c’était le meilleur joueur de football de l’histoire et tout ce que je savais c’était qu’il avait joué à Napoli. Ce club est resté dans mon esprit comme le meilleur club du monde parce que le meilleur joueur du monde y avait joué. On ne captait pas la Serie A chez moi, mais à part le Real c’était le seul club qui me faisait rêver sans l’avoir vu jouer – c’est venu un peu plus tard – quand j’ai rencontré un ami sicilien qui supportait le Napoli. Donc mon club de cœur c’est vraiment le Napoli.

Maradona – Source [2]

A quel moment, vous êtes vous rapprochée de Monaco ? 

Monaco est venu après quand j’ai commencé à regarder la ligue 1, qu’on regardait quasiment pas au Maroc, je sortais avec un monégasque et on allait toujours regarder les matchs de Monaco dans un bar de supporters à Paris. Je me suis attachée à cette équipe, j’ai fait plein de déplacements, je suis allée quelques fois au louis II qui est un stade que j’aime beaucoup même s’il est vétuste et vide. Il y a quelque chose de spécial dans ce stade, quand les journées commencent à s’allonger et se réchauffer, le soir avec la brise qui arrive de la méditerranée, et en pesage cela n’en a pas l’air mais il y a un sacré bruit, ça chante, ça gueule pendant tout le match… c’est vraiment une belle ambiance, quasi intime. Puis c’est un club avec une belle histoire et des supporters en or. A vrai dire, suivre ou supporter une équipe de la ligue 1 c’était aussi un moyen de nouer des liens sociaux. On ne réalise pas à quel point le foot rapproche les individus qui, peut-être en temps normal, dans la vie de tous les jours, ne se seraient jamais connus.

En tout cas depuis grâce au site Footballia, j’ai vu presque tous les matchs de Monaco qui dataient du début des années 2000, pour supporter un club, il faut aussi connaître son histoire.

Quels sont les grands moments de votre vie de supportrice de l’AS Monaco ?

Elle est récente, donc j’ai envie de dire évidemment le titre, mais en fait c’était surtout le match retour contre City. J’étais au bar comme souvent, c’était une seconde maison pour tous les amoureux de Monaco et, ce soir là le bar était plein à craquer. Il y avait tous les copains supporters mais aussi des fans du PSG, des marseillais, les nantais avec qui on partageait le bar, des curieux et des simples amateurs de foot. J’étais coincée entre deux grands types que je ne connaissais absolument pas. Et là, sur la tête de Bakayoko, sans réfléchir, on s’est tous embrassés les uns les autres, on a crié, on a sauté, j’étais trempée de bière de la tête aux pieds… On a fait la fête jusqu’à très tard et c’était incroyable.

Il y a eu aussi un souvenir moins heureux. Celui de la raclée qu’on s’est prise contre l’OL chez eux, le 6-1… j’ai fini dans une bagarre comme une authentique hooligan (rires). Je ne fais plus de déplacements à Lyon, j’ai l’impression qu’à chaque fois que j’y suis, même quand c’est pour un match de coupe, cela se finit mal.

Puis les nombreuses soirées où on attendait l’émission radio de feu Asmfoot, parfois on attendait jusqu’à une heure du matin pour écouter les gars débriefer le match. Maintenant, on a radio Diagonale et le nouveau site La diagonale qui va arriver, créé par le patron d’Asmfoot.

Louis II

L’ambiance du stade Louis II est souvent moquée, mais on oublie souvent que Monaco est une équipe avec un des plus gros parcages de France… Comment expliquez-vous cette différence ?

C’est simple, peu de supporters monégasques vivent à Monaco ; vous avez vu la superficie de Monaco ? et surtout le coût de vie ? Puis, à côté il y a Nice qui a son équipe et de l’autre côté il y a l’Italie. Une grande partie des supporters vit en dehors de Monaco et, c’est très cher de faire le déplacement jusqu’à là. C’est beaucoup plus pratique d’aller les voir en déplacement en France. Je me souviens un jour, je suis partie sur un coup de tête de Paris, entre le vol jusqu’à Nice, puis le trajet jusqu’à Monaco et l’hôtel…je me suis ruinée en un week-end. Donc ce n’est pas un mythe que Louis II est vide, mais c’est de la mauvaise foi de dire que l’ASM n’a pas de supporters.

Cette saison 2018/2019 a été mouvementée avec le départ de Jardim, l’intronisation d’Henry, la séparation d’Henry, et le retour de Jardim… Comment jugez-vous ces difficultés sportives mais aussi toute cette agitation autour du club ?

Mon avis est que les dirigeants ont pensé qu’ils pouvaient vendre sans retenue tous les joueurs ayant la moindre valeur tout en comptant sur Jardim pour ramener des résultats, comme il a toujours fait par le passé ; sauf qu’ils sont allés trop loin. Même Jardim ne peut rien faire s’il n’a plus que des petits gars à peine expérimentés et des joueurs sur le déclin qui n’ont plus la faim de gagner. L’idée était pas mauvaise à la base, d’être un club vendeur, parce que ce n’est pas le PSG, l’OL ou encore l’OM qui peuvent dégager des revenus de la billetterie et du marketing. Mais il faut à un moment garder un minimum l’équipe compétitive, sinon à quoi bon ? Si Monaco est en ligue 2, si Monaco ne joue pas une coupe d’Europe comment pensent-ils qu’ils vont pouvoir revendre des petits jeunes bourrés de talent, si personne ne les voit briller ? Qu’ils se fassent de l’argent, tant mieux pour eux, tant que nous, nous avons une équipe digne de ce nom.

Henry à l’AS Monaco, était-ce un mauvais choix ? Pourquoi finalement, cela n’a-t-il pas fonctionné ?

Évidemment que c’était un mauvais choix, dès le départ cette histoire semblait mal partie. C’était un acte désespéré pour calmer les supporters en colère. Ramener une ancienne idole du club, le retour du fils prodige, cela sonne très bien, difficile de ne pas s’enthousiasmer sauf qu’on ne ramène pas un jeune Coach inexpérimenté pour sauver une équipe qui est dans un profond marasme, une équipe qui est dans la zone de relégation. Ce n’était pas intelligent et nous avons vu ce que cela a donné. Personnellement, je n’y ai pas cru une seule seconde en Henry, parce que je redoutais son inexpérience et son caractère. Les gens pensaient que cela serait comme Zidane avec le Real, mais Zidane avait longtemps assisté Carlo et il a récupéré une équipe All Stars… On ne peut pas juste compter sur l’aura de la célébrité d’un ancien joueur en espérant qu’à son contact les jeunes joueurs vont être galvanisés et suivre son exemple et ; avoir été un joueur de génie et savoir parler football comme sait si bien le faire Henry, ne garantit pas qu’il soit un bon entraîneur pour autant. C’est un autre métier et cela ne s’improvise pas. Il sera sans doute un très bon entraîneur, mais il a encore du chemin.

Avoir été un joueur de génie et savoir parler football comme sait si bien le faire Henry, ne garantit pas qu’il soit un bon entraîneur pour autant. C’est un autre métier et cela ne s’improvise pas.

Le retour de Jardim, cumulé à un recrutement important cet hiver, relance l’idée que Monaco déséquilibre le sportif avec un réel avantage financier (avantage de recrutement avec en plus, des prélèvements sociaux inférieurs sur l’économie du football.). Est-ce que les supporters Monégasques sentent cette animosité, ou pas du tout ?

Évidemment qu’ils la ressentent et ce qui est dit est vrai. Ce qui ne veut pas dire que Monaco désavantage toutes les autres équipes. A ce moment là, il faudrait taper sur la moitié des clubs de ligue 1, car chacun mitonne ses propres stratagèmes pour rivaliser. Quand le veuille ou non, il n’y a plus beaucoup de morale dans le football contemporain, je suis tentée de dire « tous pourris ! » mais bon, que faudrait-il faire ? Chaque club a ses propres leviers, ses connexions, ses méthodes, loyales ou pas… au final, que cela soit en France, en Angleterre ou en Champions League, ceux qui le peuvent, ne se gênent pas pour utiliser tous les moyens possibles d’écraser la concurrence. Ce n’est pas comme si la FIFA et l’UEFA donnaient l’exemple…

Pour revenir à Monaco, ce n’est ni mieux ni pire que le PSG ou les autres équipes aux plus gros budgets de la ligue.

Le football français a beaucoup plus à gagner avec la présence de l’AS Monaco en L1, que ce soit en point UEFA, droits TV, attractivité avec le PSG, exposition de la L1… Ceci dit les supporters de clubs avec qui l’ASM se battait pour le maintien, l’entendent différemment… Le comprenez-vous ?

Oui. Je le comprends, parce que c’est une logique de supporter et c’est normal. La logique absolue et celle du supporter de football, le plus zélé, ne vont pas toujours ensemble. Il y aura toujours un club bouc émissaire, un club qui serait responsable de l’échec du club qu’on supporte, on va voir l’injustice partout même là où il n’y en a pas… Je sais ce que c’est parce qu’en étant napolitaine, je pourrais écrire une centaine de pages sur la manière dont la Juve nous prive du scudetto chaque saison. Il ne faut pas chercher à comprendre, un supporter n’a que l’intérêt de son équipe de cœur, il s’en fiche des points UEFA, de l’image du championnat…encore une fois, c’est normal.

Le week-end dernier, l’ASM a signé une belle victoire à domicile contre l’OL… Cette saison est-elle enfin lancée ? Qu’attendez-vous de la fin de saison de l’ASM ?

C’était une très belle victoire, plus que cette dernière, qui était une réelle surprise, c’était la qualité du jeu déployée par l’équipe. J’ai vu de très belles actions, des mouvements collectifs géniaux, une parfaite maîtrise ; quoique ce n’était pas non plus l’OL des grands jours non plus, mais il y avait beaucoup d’envie, les joueurs ont pressé haut pendant tout le match. Cela donne espoir pour la suite, pour le maintien. C’est ce que je souhaite, le maintien et pourquoi pas, soyons optimistes, atteindre la dixième place.

CRÉATION DE BLOGS « ARRET2JEU » DEVENU « ROCK ET FOOTBALL »

Vous avez commencé à vous faire connaître sur les réseaux sociaux grâce au blog « Arret2jeu ». Aujourd’hui, vous comptez plus de 4000 abonnés sur Twitter… Expliquez-nous un peu la genèse de ce projet et les raisons de cette création ?

Ce n’était jamais un projet, cela ne l’est toujours pas, c’était juste une envie d’écrire. Le football n’est pas ma première passion, ma première passion c’est la littérature et les gens. J’aime observer les gens et écrire sur eux. Je travaillais encore comme consultante informatique et j’étais frustrée de ne pas faire ce que j’aimais vraiment. J’aimais le football, j’aimais en parler, mais j’avais plus de facilités à m’exprimer par écrit, donc je me suis dit un jour « pourquoi pas un blog de football ? » Je me suis beaucoup cherchée au début, j’ai expérimenté divers styles, du sérieux au plus décontracté, mais j’aime prendre un ton léger pour parler de football. J’aime jouer avec les mots, rigoler et le football pour moi restera toujours un jeu, quelque chose de joyeux et pas une histoire de vie ou de mort, sauf quand parfois cela l’est. Donc j’ai gardé cette légèreté dans la plupart de mes papiers et les gens semblaient bien aimer.

Hind
Rock The Football

Après en ce qui concerne Twitter, c’est un formidable outil de promotion et grâce à lui, j’ai pu rencontrer plein de mondes et participer à divers projets. Il ne faut juste pas trop s’attacher à la notoriété virtuelle. 4000 abonnés ce n’est rien comparé aux gros comptes, et les gens sont impatients, ils peuvent arrêter de vous suivre au moindre désaccord, mais je suis contente d’avoir encore mes tous premiers lecteurs, qui sont formidables, qui m’ont encouragée, qui m’ont donné envie de continuer. Ce blog était ma bouffée d’air, une thérapie contre l’ennui que je vivais dans ma vie professionnelle.

Depuis un an, vous avec lancé le site RockTheFootball.com, un site autour du Rock ‘Roll et du Football. Ainsi, on trouve des articles de Foot en Iran ou en Corée au milieu de papiers sur David Bowie, ou les Stooges…Le cocktail est étonnant mais passionnant. Comment est née cette idée ?

Comme je disais plus haut, j’aime le football passionnément mais je n’aime pas me restreindre, j’ai bien d’autres centres d’intérêts, dont le Rock. J’ai donc monté un blog qui en réalité se divise en trois parties : La culture foot, la Culture Rock et les écrits libres. Cela fait un peu bazar, mais cela me ressemble beaucoup. J’aime l’idée qu’on puisse « chiner » dans mon blog, on ne sait jamais sur quoi on va tomber, comme dans une brocante. La partie écrits libres contient des textes à moi et des œuvres de lecteurs que j’encourage à m’envoyer ce qu’ils font pour publier cela sur mon blog. Je suis une personne qui souffre d’hyper activité, mon cerveau ne s’arrête jamais, j’ai des idées à longueur de journée, des brillantes et des absurdes pour la plupart. Mon blog reflète un peu le chaos qui règne dans ma tête, mettre tout cela par écrit me soulage et si les gens aiment c’est un bonus.

Comment avez-vous découvert le Rock ?

Autant j’ai connu le foot très jeune, autant musicalement je me suis cherchée pendant un bon moment. Cela a commencé à l’adolescence, vers quinze ans. J’ai commencé avec Nirvana et pendant un moment j’étais monomaniaque, avant de découvrir qu’il y avait tout un univers inconnu pour moi. C’était comme la première fois que j’avais mis les pieds dans une bibliothèque et que j’étais surexcitée et avide de tout lire, tout découvrir. J’ai commencé à tout chercher, tout écouter, c’était un tourbillon délicieux. Puis j’ai commencé aussi à lire sur le rock, ses origines, son influence sur la société, la révolution culturelle et, je m’y suis complètement retrouvée. Je me voyais comme une rebelle aussi, je pensais que moi aussi j’allais révolutionner le monde. J’avais un peu des rêves de grandeur (rires). En tout cas le rock était quelque chose qui allait à l’encontre de la société dans laquelle je vivais ; je viens d’une famille religieuse, conservatrice, le rock c’était la libération de toutes ces conventions, l’émancipation.

Quels sont les groupes que vous aimez particulièrement ?

Je suis très punk, mais j’aime beaucoup de choses différentes, folk, psychédélique, glam… J’aime les Stooges, le Velvet, le Clash, les Stones, Les Smiths, Les Yardbirds avant que Led Zep vienne tout gâcher, les MC5, les Trogs (à leurs débuts,), Queen, Pink floyd et les groupes de Skiffle en général parce que faire de la musique avec des caisses à thé et des planches à laver est juste le genre de génie que j’admire. Groupes plus récents : Foo fighters, Queens of the stone age, Les Vaccines, Kasabian, les Strokes, Radiohead.

Pourquoi avoir rapproché le Foot et le Rock ?

Hum…à part ma passion pour l’un et l’autre, il n’y a pas de raison particulière. Après le côté british, c’est mon péché mignon. Les brits ont inventé le foot et ils ont sublimé le rock ! Puis je suis attachée au côté sale, dégénéré des choses, j’aime le football dans la boue, la sueur et le sang comme j’aime mon rock bien bruyant et grossier. Non je ne suis pas une psychopathe (rires)

Comment définiriez-vous le Rock and Roll ? Qu’est ce que le Football a de Rock and Roll ?

Le Rock n roll est une culture, un état d’esprit, on est rock ou on ne l’est pas. C’est une transgression des règles de la musique dans son sens classique et des normes sociétales. C’est un hédonisme engagé, une envie de vivre les choses pleinement, comme s’il n’y avait pas de lendemain… le plaisir peut être une vocation, un principe en soi. Ce qu’a le foot de rock ? C’est aussi un moyen d’expression, un moyen de dénoncer l’oppression, comme au Brésil à l’époque de Socrates, un moyen de revendiquer la liberté en combattant l’oppression par la joie et le jeu. Il n’y a rien qui ébranle plus les dictatures (assumées ou déguisées) que la joie de vivre des peuples. Ils aimeraient qu’on ne s’amuse pas, qu’on ne joue pas, qu’on ne chante pas, qu’on ne danse pas, qu’on aille plus aux stades…

A l’inverse, qu’est ce que le Rock and Roll a de « footeux » ?

Le rock peut aussi tacler à la carotide ? (rires) je ne sais pas trop. Ce que j’ai dit plus haut peut aller dans les deux sens.

Outre Manche, les groupes de Rock s’opposent parfois en interne… Le groupe Joy Division divisé entre City et United, Oasis entre City et United, Sex Pistols entre Arsenal, Chelsea, QPR, The Cure entre QPR et Reading… En France, Rock et Foot semblent beaucoup plus déconnectés…

Joy Division… on a les groupes que l’on mérite. Blague à part, je ne crois pas que cela soit important. Beaucoup de rockers sont aussi fans de foot, c’est normal chez les britanniques où les deux cultures sont très présentes. Les français à mon sens, paraissent plus propres sur eux, plus guindés, ils ne dégagent pas la même énergie… En France tout est plus subtile, même le foot. A part dans quelques villes populaires, il n’y a pas vraiment d’engouement pour ces choses. Ce qui est marrant parce qu’à l’époque des sixties, Paris par exemple était un haut lieu du Rock. Va savoir, je reste étrangère dans ce pays, j’apprends encore à le connaître.

Quand on pense au Football et au Rock, on pense immédiatement à Joey Barton. Ce profil de joueur a un peu disparu non ?

Ou plus récent, Jamie Vardy… le football s’est professionnalisé, maintenant il y a de plus gros enjeux, économiques surtout, donc plus de pression sur les joueurs pour être « exemplaires » ; ce mot m’énerve. Donc maintenant si un joueur est surpris en train de faire la fête, fumer, c’est la fin du monde, d’un coup c’est le vilain petit canard. Les joueurs de football, à cause de leurs salaires, n’ont plus le luxe de vivre légèrement. Personne ne se dit qu’il y a là-dedans quelque chose d’un peu pervers, quand je vois Mbappe, je me dis que c’est un joueur génial, extraordinaire mais je suis aussi un peu triste, parce qu’il sera passé comme d’autres de ses camarades, à côté de l’âge de l’insouciance, l’âge où on a le droit de faire quelques bêtises et, c’est quelque chose que même l’argent ne peut pas rattraper.

https://www.youtube.com/watch?v=Kirm0JlBe-s&authuser=0

Les joueurs aujourd’hui sont des sportifs de haut niveau, c’en est ainsi. Je ne dis pas qu’ils devraient tous fumer comme des cheminées, boire jusqu’à l’aube la veille d’un match ou se droguer. Mais un peu de souplesse ne ferait pas de mal non plus. Puis bon Cruyff, Maradona, Socrates et même Zidane n’étaient pas des orthodoxes de l’hygiène de vie…

Au-delà des vestiaires, le Rock a-t-il encore sa place dans un football policé et aseptisé par la communication ?

Non, il n’y a plus de place pour cela. On voit bien comment maintenant les moindres faits et gestes des joueurs sont filmés, analysés, critiqués, on en fait des émissions entières avec des pseudos experts qui arrivent sur les plateaux pour cracher leurs opinions alors que croyez moi, du côté du journalisme en matière de bonne conduite et d’éthique, il n’y a pas de quoi trop la ramener.

PSG, ASM, OL, OM, ASSE, Bordeaux… Si vous deviez associer un groupe de rock ou un titre de Rock sur nos équipes de ligue 1, quels seraient-ils ?

PSG : Les Stones, déjà ils ont un partenariat avec eux et puis ils partagent ce côté décadent et cette arrogance qui fait qu’on aime ou on déteste.

ASM : Les Beatles, c’est les gentils garçons en apparence dont on ne soupçonne pas le côté rebelle.

L’OM : C’est Le Clash, ils râlent, ils ne sont jamais contents et ils font beaucoup de bruit

TFC : Ils ont Big Flo et Oli, ils sont morts pour la cause du Rock, c’est un cas désespéré, il faut regarder du côté du Rugby plutôt.

OL : C’est Led zep, capables du meilleur comme du pire du pire.

Quel est le joueur qui vous parait aujourd’hui garantir cet esprit Rock and Roll dans le Football Actuel ?

Je n’en vois pas vraiment, mais à mon avis il faut aller voir du côté de la FLC et des équipes écossaises et irlandaises. Ah et sinon Zlatan… ce mec s’il n’avait pas été footballeur, il aurait été une Rock Star.

Zlatan, une Rock Star – Source [8]

UNE ENVIE DE JOURNALISME

Vous êtes actuellement en reconversion professionnelle pour une carrière dans le journalisme. Comment définiriez-vous ce métier ?

C’est une bonne question ; à vrai dire mon envie n’est pas juste d’être journaliste, c’est d’écrire d’abord ce que je veux. J’ai toujours su que je voulais écrire, depuis l’âge de six/sept ans. J’ai écrit mon premier roman à dix-huit ans. En ce moment je travaille sur un Roman qui n’a aucun lien ni avec le rock, ni avec le foot. Il se trouve cela-dit que souvent ce que je fais c’est du journalisme. Par exemple j’aime décrire les choses, les gens, les événements, raconter des histoires. Je vais souvent sur le terrain et je rapporte ce que j’ai vu, entendu. Il y a différents types de journalisme donc difficile d’en donner une définition exacte. Ce que je fais moi pour l’essentiel, reportages à part, c’est du journalisme gonzo, c’est un journalisme hyper subjectif et assumé : je reporte les faits selon ma propre perspective et je donne mon opinion, donc j’écris souvent à la première personne. Mais même dans ce type de journalisme, le journaliste n’est jamais le sujet principal, l’histoire avant tout : rapporter les événements avec exactitude, même si vous n’êtes pas neutre dans leur interprétation. Un journaliste doit informer d’abord et avant tout. Donc je peux par exemple écrire que dans un match il y avait à la 62ème minute,  une faute du joueur A sur le joueur B, je peux donner mon avis sur la faute, mais je ne peux pas inventer, désinformer et dire : Le joueur B a commis une faute sur le joueur A à la 64ème

Romain MOLINA nous disant « Je ne suis pas forcément journaliste, mais je fais du journalisme. La nuance me parait importante, surtout aujourd’hui. ». Avez-vous le sentiment de faire du journalisme, vous aussi ?

Il n’y a aucune différence pour moi, on est journaliste du moment où on vit de cette activité principalement, du moment où on reporte, on publie, peu importe le support. La nuance se trouve plutôt dans la qualité du travail fait et dans son intégrité. En l’essence, la différence entre un bon journaliste et un mauvais. Il y a beaucoup d’amateurs qui font un meilleur travail que des journalistes professionnels. Comme je disais, du moment où on se dédie à l’activité à temps plein et qu’on la vit autant qu’on en vit, on est journaliste. A mon sens, c’est une vocation, comme la médecine, si vous ne le faites pas pour autre chose qu’une passion et un dévouement sincères, changez de métier.

Qu’est ce qui vous attire dans ce métier ?

Apprendre, découvrir, voyager, comprendre et écrire ; pour que les gens puissent à travers mes mots vivre comme s’ils y étaient, les événements.

Comment envisagez-vous ce changement de carrière ? via une formation ?

Cela fait quasiment trois ans que je fais un travail journalistique sans être journaliste, j’ai fait de la télé un peu, de la radio, du podcast, du reportage, du documentaire et de l’écrit. J’ai encore énormément à apprendre, je suis tentée de suivre une formation, mais en même je me dis que cela ne me ressemble pas, j’ai déjà un bac +5, il ne m’aura pas beaucoup servi dans mon métier. Je crois que j’aimerais plus apprendre directement sur le terrain, sur le tas. Je parle – à des degrés différents de maîtrise – six langues, la moitié je les ai apprises en autodidacte, peut être que c’est là ma voie. C’est encore frais dans ma tête, on verra bien.

Quelles sont vos références dans le milieu ? Les personnes qui vous inspirent, en France ou à l’Etranger ?

Philippe Auclair pour sa classe et sa pertinence, Didier Roustan pour sa passion et son accessibilité. Il m’a toujours donné des conseils pertinents dès que je lui en demandais et c’est quelqu’un de foncièrement gentil. Edd Norval qui est un ami et excellent journaliste foot, Anne-Laure Bonnet parce qu’elle cumule toutes les qualités que j’aimerais un jour avoir. Je lui envie toutes les langues qu’elle parle, j’espère un jour l’égaler, Jim Hart qui était derrière These Football Times et qui était également une sorte de mentor pour moi, il est décédé malheureusement, Christiane Amanpour évidemment parce que c’est l’icône absolue du journalisme, James Montague qui est une sorte d’Indiana Jones du journalisme foot, il part en vadrouille aux quatre coins du monde et revient avec des histoires fabuleuses, il m’a beaucoup aidé quand j’avais besoin de contacts et de conseils, puis l’ultime Rock Critic Lester Bangs, qui restera dans l’histoire même s’il est parti bien jeune. Sinon j’adore Les gars des Cahiers du foot, ils font un travail remarquable. C’est ma référence foot préférée.

Après, je me méfie maintenant de ne pas trop idéaliser qui que ce soit, vous savez ce qu’on dit : qu’il ne faut jamais rencontrer ses idoles …. C’est souvent vrai.

Quelles émissions suivez-vous particulièrement ? Quels livres nous conseilleriez-vous ?

Je ne regarde quasiment plus aucune émission, j’écoute des podcasts comme Vu du banc, ceux de These Footbal Times, de TLMSF’T , Lucarne opposée etc. Je lis par contre beaucoup, mes coups de cœur absolus sont : « une histoire populaire du football », « Comment regarder un match de foot ? »« Comment marquer un but ? » et ma dernière découverte « les attaquants les plus chers ne sont pas ceux qui marquent le plus ». Je lis aussi souvent des mémoires de thèse qu’on retrouve sur internet sur des sujets approfondis comme les réflexes moteurs chez les joueurs de football ou les circuits cognitifs. Mon père est un scientifique, j’ai hérité de sa curiosité naturelle et son goût pour la recherche. D’ailleurs on co-écrit un livre de vulgarisation sur la génétique.

Le journaliste est un des métiers les plus détestés en France. Comment l’expliquez-vous ?

Parce que les journalistes se sont mis devant et avant les sujets, au lieu de mettre en avant des faits, ils se mettent eux-mêmes en avant. Il y a énormément d’égocentrisme dans le métier et de poursuite de tout ce qui brille, de jalousies, de mensonges, trahisons, de mesquineries… C’est un microbe, tout le monde en est contaminé dans ce milieu, même les meilleurs et les plus nobles. Je suis moi même égocentrique, je prends là par exemple beaucoup de plaisir à parler de moi-même, on l’est tous à des degrés différents. Cela dit, je sais quand me mettre en retrait, quand l’histoire prévaut sur ma petite personne, qui en soi est insignifiante et ne devrait intéresser personne. Vous devriez d’ailleurs arrêter de lire de suite cette entrevue.

Beaucoup de passionnés de football créent des sites internet, des chaînes YouTube autour du Sport et du Football. Pour quelles raisons ?

Démocratisation des moyens d’expression…Puis une frustration vis à vis de la pauvre qualité des émissions proposées à la télévision. Tant mieux que les gens se lancent, ils apportent, pour la plupart de la qualité dans les débats. Aujourd’hui si je veux un avis sur une équipe de Liga, je ne vais pas écouter Fred Hermel, je vais aller sur Furia Liga, si je veux une expertise Calcio je vais sur Calciomio, je n’écoute pas Simone Rovera. Actuellement, les émissions foot sont devenues du Closer en image et son. On prend les téléspectateurs pour des imbéciles, seulement à l’affût des ragots et des anecdotes croustillantes. C’est un zoo : tout le monde crie, personne ne comprend, mais on est content d’avoir occupé du temps d’antenne. Le problème, c’est que les spectateurs de ces émissions de ne sont pas stupides, ils pensent juste ne pas avoir le choix, maintenant avec tous les sites amateurs ils l’ont, il faut juste qu’on en parle plus de ces chaines et ces sites. Les gens n’aiment pas aller chercher l’info eux mêmes, ils ont des longues journées, ils sont fatigués ils veulent juste appuyer sur un bouton pour avoir l’info. Il faut qu’ils sachent qu’ils ont le choix, il faut qu’on en parle plus. Antoine Morin sur bein Sport par exemple, mentionne toujours ces sites, parce que lui même, en bon journaliste, va chercher des informations chez les vrais spécialistes.

On prend les téléspectateurs pour des imbéciles, seulement à l’affût des ragots et des anecdotes croustillantes. C’est un zoo : tout le monde crie, personne ne comprend, mais on est content d’avoir occupé du temps d’antenne.

Nathalie IANNETTA évoquait avec nous le problème du journalisme et de la télé et le fait que « beaucoup aujourd’hui font de la télé, travaillent pour soigner leur propre image. Ils ont oublié que le cœur même de ce métier, c’est de parler et de mettre en valeur les autres. » Partagez-vous son sentiment ?

Évidemment ! C’est tellement compétitif dans le milieu et la télé est ce qu’il y a de plus rémunérateur, que c’est une concurrence permanente à celui qui va lancer la réplique qui va enflammer les réseaux sociaux, même si ce qu’il dit est une énorme bêtise, tant qu’on parle de lui. On embauche peu de journalistes sur contrat, c’est une quête du Graal et les finalistes sont peu nombreux. Donc après des années de piges et de galères, ils sont prêts à tout pour rester à leur place. Quelque part c’est triste, parce que je comprends, mais en même temps j’en suis désolée, parce que le métier est bafoué et sali. Nathalie Iannetta a raison, on a oublié que les sujets passent avant ceux qui les présentent.

Les réseaux sociaux peuvent-être violents. Avec 4000 followers, j’imagine que vous avez eu quelques mauvaises expériences parfois ?

Au début oui, plus trop maintenant. C’était surtout des insultes sexistes. Une femme qui parle de football et puis quoi encore ? Maintenant je suis moins embêtée, cela reste de la drague lourde, mais j’ai un filtre pour mes messages donc je m’en sors. Maintenant c’est plus des plaintes parfois sur le contenu « Tu ne parles pas assez de foot » ou « pourquoi tu parles de poésie, on veut des analyses de matchs ». J’essaye d’expliquer que je ne fais pas de l’analyse ou de l’actu, pas souvent et quand j’en fais, c’est plutôt à la radio. J’estime qu’il y a déjà assez de sites d’actu pour satisfaire ces goûts. Mon blog et mon compte twitter sont des fourre-tout, où je parle autant de foot, que de poésie, de peinture et où parfois je partage des réflexions sordides ou rigolotes et des vidéos de moi en train de chanter faux et danser mal, ce dont je m’excuse auprès de mes abonnés, mais je pense que la vie a besoin d’une dose de joie et de légèreté. Il y suffisamment de choses graves dans notre quotidien…

J’imagine que les réseaux sociaux sont à l’origine de beaucoup de choses positives et de belles rencontres aussi ?

Oh oui ! j’ai même rencontré des personnes qui sont maintenant mes amis proches dans la vie réelle. Globalement plus de positif que de négatif. Les réseaux sociaux, si on leur accorde juste l’importance qu’ils méritent et pas plus, sont des merveilleux outils pour connecter les gens entre eux.

Nous vous invitons à suivre Hind et ses différents projets. Nous tenons à la remercier pour sa disponibilité et lui souhaitons bonne continuation.

Sources et références

[1] – Site Goal

[2] – Site Napoli.republica

[3] – Site Ouest-France

[4] – Site Metalorgie

[5] – Site Culturebox

[6] – Site Rollingstone

[7] – Site BBC

[8] – Site 20minutes

[9] – Site Amazon

[10] – Site Amazon

[11] – Site Amazon