
Journaliste sportif, correspondant local pour le Progrès en 2002, pigiste pour La Gazette des Verts et ancien Rédacteur en chef du magazine « Maillot Vert », Franck Talluto participe aujourd’hui à la rédaction d’articles d’information locale sur internet pour l’hebdomadaire Paysans de la Loire et est correspondant pour Le Figaro, chargé de suivre l’ASSE.
DE LA DECOUVERTE DU SPORT AU JOURNALISME
Comment avez-vous découvert et développé un intérêt pour le sport ?
Comme beaucoup, j’ai commencé à le pratiquer dès l’école maternelle, en jouant au foot dans la cour de récréation. Puis j’ai intégré un club quand j’ai été en âge de le faire. J’ai logiquement choisi le foot : je fais partie de la génération Olive et Tom, j’étais vraiment fan de ce dessin animé que je ne ratais jamais
Quels sont vos premiers souvenirs de sport et de football ?
Depuis que je marche, j’ai toujours eu un ballon entre les pieds. Le premier souvenir de foot « adulte », ce sont des vacances en famille. Un soir, on se promène et on passe devant un bar qui diffuse un match. Je demande ce qu’il se passe donc on s’approche quelques minutes. C’est bondé de monde et j’entends ces personnes parler d’un certain Maradona…C’était la demi-finale de la Coupe du monde 1990 Argentine-Italie. Le deuxième, c’est la finale de Coupe d’Europe des clubs champions de Marseille face à l’Etoile rouge de Belgrade, en 1991. J’étais déjà très intéressé par le foot et, exceptionnellement, j’avais eu la permission de regarder la télévision en soirée.
Jeune, quelles étaient vos idoles ?
J’aimais bien Laurent Blanc car je jouais au même poste, mais le seul joueur dont j’ai vraiment été fan, c’est Alessandro Del Piero. Je l’adorais. Non seulement il était beau à voir jouer, mais en plus il était efficace. Il a tout gagné !
Ayant grandi près de Saint-Etienne, j’ai beaucoup aimé Lubomir Moravcik quand j’étais enfant et, plus tard, le duo Alex / Aloisio.
Quand on est né près de Saint-Etienne, supporter l’ASSE est-il une évidence ?
Oui, ici il est quand même difficile de passer à côté. Les Verts sont l’emblème de la ville, voire du département. Même les personnes qui ne suivent pas particulièrement le foot ont un œil sur le club. Aller au stade fait partie des sorties incontournables, au moins pour en découvrir l’ambiance. En principe, toute personne extérieure qui reste suffisamment longtemps à Saint-Etienne finit par être emmenée au moins une fois à Geoffroy-Guichard.
Quel est le premier match auquel vous ayez assisté ?
ASSE-Auxerre, en 1991, avec mon grand-père, un passionné de foot. J’avais 8 ans, j’étais tellement content et impressionné d’y être que je regardais de partout. J’en avais même raté le premier but.
Adolescent, aviez-vous déjà en tête une carrière de journaliste ?
Pas vraiment. C’est le métier que je rêvais de faire quand j’avais une dizaine d’années et que j’écoutais attentivement le multiplexe du samedi soir à la radio. Cette envie m’est un peu passée en grandissant avant de revenir au début de mes études. A 19 ans, j’ai eu l’opportunité de devenir correspondant de presse pour le quotidien local, La Tribune Le Progrès. C’est une très bonne école, que je recommande systématiquement aux étudiants qui s’intéressent à ce métier et me questionnent à son sujet. On y a un bon aperçu des avantages et des contraintes du métier : on rencontre beaucoup de gens intéressants, on apprend pas mal de choses, le travail est souvent varié, mais il y a aussi des contraintes, comme bosser en soirée ou le dimanche, des délais courts, voire parfois très courts, et une rémunération qui ne peut pas être la motivation principale… On se rend vite compte si on est fait pour cela ou non.
PARCOURS JOURNALISTIQUE
Revenons à vos débuts dans le métier. Si vous deviez retenir une anecdote, quelle serait-elle ?
En 2002, je postule pour être correspondant de presse du Progrès à l’agence de Firminy et sa responsable m’appelle pour qu’on se rencontre. Le jour J, je me présente, un peu intimidé. La personne que j’ai en face de moi m’envoie un peu bouler en me disant que c’est elle, la cheffe d’agence, et qu’elle n’a rendez-vous avec personne… Je suis un peu déboussolé, mais elle finit quand même par aller vérifier et se rendre compte que c’était bel et bien prévu (rires). Le démarrage a été particulier, mais j’ai au final beaucoup aimé travailler avec cette personne. Elle m’a mis le pied à l’étrier, m’a donné pas mal de conseils, nous impliquait dans la vie de l’agence et nous considérait, tout simplement. Je lui suis très reconnaissant.
Elle m’a mis le pied à l’étrier, m’a donné pas mal de conseils, nous impliquait dans la vie de l’agence et nous considérait, tout simplement. Je lui suis très reconnaissant.
En 2008, vous devenez rédacteur en chef du magazine officiel de l’ASSE, « Maillot Vert ». Comment s’est présentée cette opportunité ?
Pour diverses raisons, le poste a été vacant alors qu’il restait deux numéros à sortir pour finir la saison 2007-2008 et on m’a proposé de dépanner. Cet été-là, le magazine a finalement été repris par un autre éditeur et l’aventure a duré six ans pour moi !
Quels étaient vos objectifs ? Qu’est ce qui change fondamentalement du rôle de correspondant ?
Avant, j’écrivais selon les demandes que l’on me faisait ou les sujets que je proposais et ma mission s’arrêtait quand je rendais mes textes. Là, c’était à moi, en concertation avec le reste de l’équipe (journalistes, photographe, secrétaire de rédaction, graphiste, etc.), d’impulser le contenu de chaque numéro. Il fallait donc trouver les idées de sujets, s’assurer qu’ils soient réalisables, les répartir entre les rédacteurs, vérifier que les textes et les photos soient rendus en temps et en heure, faire l’intermédiaire entre les différents intervenants, respecter les plannings de fabrication… Cet aspect organisationnel m’a beaucoup plu, d’autant que je travaillais avec des personnes que j’appréciais au-delà du cadre professionnel. J’ai pris cette mission très à cœur et je me suis impliqué dans d’autres domaines, en montant des opérations de promotion, en cherchant des partenaires pour nos jeux concours, en développant très tôt notre présence sur les réseaux sociaux… J’ai aimé pouvoir toucher un peu à tout, c’était instructif.
La liberté de ton est-elle similaire dans un magazine officiel et en PQR ?
Non, en principe… Quand on m’a proposé de travailler sur Maillot Vert en parallèle de mon emploi à Paysans de la Loire, j’ai accepté à une condition : faire uniquement du magazine plutôt que de l’actu. Ecrire des résumés de match, qui occupaient jusque-là une partie du magazine, ne m’intéressait pas. Déjà parce que je n’aurais sans doute pas eu une liberté totale pour les traiter, mais aussi parce qu’Internet avait déjà rendu cela obsolète et inutile. L’idée était d’exploiter les accès particuliers qu’on avait en tant que magazine officiel pour proposer aux lecteurs des sujets uniques, en suivant des joueurs dans leur quotidien, en les emmenant dans des cadres différents (concerts, autres sports, etc.). Je me rappelle par exemple qu’avant un derby, on avait réuni les Argentins de l’ASSE (Gonzalo Bergessio et Augusto Fernandez) et ceux de l’OL (Lisandro Lopez et César Delgado) pour une grande discussion sur la pelouse de Gerland.
C’était très sympa, eux étaient ravis et ça avait donné un super sujet. J’avais aimé aussi faire l’interview croisé de Romain Hamouma et Mevlüt Erding, formés ensemble à Sochaux avant de connaître des parcours très différents, puis de se retrouver à Saint-Etienne. Pierre-Emerick Aubameyang avait aussi accepté de nous faire partager les photos qu’il avait faites lors de sa participation aux JO 2012 avec le Gabon.
Votre poste de correspondant pour Le Figaro nécessite d’être proche du club, tout en étant objectif. Comment trouver la bonne distance pour exercer le métier ?
L’objectivité est un éternel débat. Personnellement, je préfère employer le terme « honnêteté ». Car choisir un sujet et un angle plutôt que d’autres, c’est quelque part déjà subjectif, non ?
Avez-vous noué des amitiés ?
J’ai toujours entretenu de bonnes relations avec la plupart des membres du staff et de l’effectif, mais c’est toujours resté dans un cadre professionnel. Je n’ai jamais cherché à être leur ami et je n’entrais dans le bâtiment des pros que si on m’invitait à le faire, pour un entretien par exemple. J’avais plus d’affinités avec certains joueurs qu’avec d’autres, et il m’arrive de les solliciter encore aujourd’hui pour des sujets, mais cela ne va pas plus loin.
Vous avez connu plusieurs entraîneurs, d’Elie Baup à Oscar Garcia en passant par Ivan Hasek, Laurent Roussey, Alain Perrin et Christophe Galtier. Quel est celui qui vous a le plus marqué ?
Je n’ai pas encore vraiment eu l’occasion d’échanger avec Oscar Garcia, il m’est donc difficile de parler de lui. En revanche, j’ai beaucoup apprécié la collaboration avec Christophe Galtier et je pense que beaucoup de mes confrères feraient la même réponse. C’est un excellent communicant, qui savait certes utiliser les médias pour faire passer ses messages, mais il est sympathique, avenant et avait toujours le bon mot en point presse. Surtout, il nous a permis à nous, journalistes, de travailler dans d’excellentes conditions durant toutes ces années.
Quelles sont les personnes (joueurs, staff) que vous retenez de cette période ?
Les deux, trois années avant et après la victoire en Coupe de la ligue ont été très agréables pour travailler. Au-delà des résultats, l’effectif était majoritairement composé de personnes sympathiques, intéressantes et qui acceptaient de se rendre disponibles.
Quel est le joueur le plus doué que vous ayez rencontré ?
J’ai vu les débuts de Kurt Zouma et d’Allan Saint-Maximin, lorsqu’ils ont commencé à s’entraîner à 15, 16 ans avec les pros, à Saint-Etienne. C’étaient des phénomènes ! Le premier a vite confirmé en Ligue 1, le deuxième a eu plus de mal mais a l’air sur la bonne voie à Nice.
J’ai aussi été marqué par la progression de Pierre-Emerick Aubameyang, qui était plein de bonnes intentions mais plutôt maladroit lors de ses six premiers mois à Saint-Etienne. Il n’a rien dit, s’est accroché et a ensuite réussi deux magnifiques saisons, qu’il a confirmées depuis à Dortmund.
Quel fut l’interview la plus difficile à réaliser ?
Je n’ai pas souvenir d’une interview particulièrement difficile… Il y a eu des refus, qui ne m’ont pas fait plaisir, évidemment, mais c’est la liberté de la personne qu’on sollicite de ne pas vouloir parler et il faut la respecter. On peut peut-être parler du cas Jérémy Clément. Il n’était pas difficile à interviewer, mais, quand je lui demandais, il râlait systématiquement (rires). Chaque fois, il fallait le convaincre, que j’argumente sur l’intérêt du sujet, lui proposer quelque chose qui sorte de l’ordinaire… mais, une fois qu’il avait dit oui, par contre, il jouait le jeu, ne comptait pas son temps et n’utilisait pas la langue de bois.
LE MÉTIER ET SA PRATIQUE
Comment définiriez-vous le métier de journalisme ?
Vaste question ! Pour faire court, la base reste d’informer le public, de porter l’information à sa connaissance, de décrypter les choses, parfois aussi de le divertir avec des histoires insolites, de l’emmener où il ne peut pas aller, de lui faire vivre les événements…
Des modèles vous ont-ils inspiré ?
Plus jeune, pas vraiment. En revanche, aujourd’hui, j’apprécie le travail de personnes comme Fabrice Arfi (Médiapart) ou Gérard Davet et Fabrice Lhomme (Le Monde). Au-delà des révélations qu’ils publient, ils ont un style qui rend leurs textes passionnants. J’ai par exemple beaucoup aimé leurs livres Le Sens des affaires (F. Arfi) ou French Corruption (G. Davet & F. Lhomme). J’avais un faible aussi pour les entretiens très documentés que menait Philippe Vandel sur France Info (Tout et son contraire). C’était instructif et en même temps très drôle parfois. Je m’intéresse beaucoup aux nouveaux modes de narration (long format, vidéo, vidéo mobile…). A ce titre, je suis très impressionné par le travail de personnes comme Jean Abbiateci, Nicolas Becquet, Arnaud Wery ou le trio à l’origine du podcast VMP. Ces journalistes partagent leur savoir, proposent des retours d’expérience de ce qu’ils testent ou mettent en place dans leur rédaction, cela m’intéresse vraiment.
Télé, papier, internet… quel média permet le mieux de vous exprimer ?
Je suis naturellement plus à l’aise à l’écrit (papier ou web) qu’à l’oral, mais aussi parce que j’y ai beaucoup plus d’expérience. J’ai rarement eu la possibilité de découvrir la radio ou la télé, et c’est dommage. De façon générale, j’aime avoir du temps pour traiter mes sujets, pouvoir retravailler les textes. Je viens par exemple de réaliser deux longs formats pour Le Figaro : Un sur le parcours de Loïc Perrin, un autre sur l’Epopée des Verts de 1976 et et je me suis régalé.
C’est un travail dans la longueur, il faut dessiner une trame qui va évoluer selon les témoignages que l’on recueille, enrichir le récit principal avec des infographies, des cartes, de l’audio, de la vidéo (à condition que cela apporte quelque chose, pas juste pour faire joli)… C’est un exercice que j’aime bien.
Partagez-vous la vision1 du consultant de Thierry Cros ?
Oui pour l’aspect « ressenti », atmosphère, moins pour ce qui concerne les infos. Le correspondant paraît évidemment le mieux placé, sur le terrain, pour tisser au quotidien les liens qui permettent d’obtenir des informations ou de les vérifier et les faire remonter. Bernard Lions, qui couvre l’actualité de l’ASSE pour L’Equipe, vient régulièrement à Saint-Etienne mais n’y est pas en permanence, cela ne l’empêche pas d’être souvent le premier à sortir de grosses infos.
Entre Paris, et la Province, le métier de journalisme est-il le même ? Partagez-vous les propos2 de Daniel Riolo sur le sujet ?
N’ayant jamais été installé dans la durée en région parisienne, je n’ai pas la légitimité de comparer. Pour parler de mon cas personnel, je n’ai plus du tout le même rapport avec l’ASSE que quand j’avais 15 ans. J’ai certes une affection particulière pour ce club par rapport aux autres, mais ça ne va pas plus loin. Avec le temps, j’ai pris de la distance et je suis assez détaché pour ne pas sauter au plafond après une victoire ou mettre deux jours à me remettre d’une défaite. Je pense avoir assez de recul pour faire mon travail honnêtement, dire ce qui fonctionne bien, comme les résultats obtenus par le club depuis cinq, six ans, et ce qui marche moins bien, comme la qualité de jeu et les nombreuses blessures ces dernières années.
Arnaud Ramsay nous expliquait3 que les joueurs de foot connaissaient mal votre métier. Partagez-vous son avis ?
Je crois qu’ils en ont surtout une mauvaise image, comme beaucoup de personnes malheureusement. La montée en puissance du buzz n’aide pas. L’entourage des joueurs et même parfois les clubs les mettent en garde, les incitent à se méfier, leur disent que nous cherchons la petite bête. Pourtant, la majorité des journalistes font bien leur métier et les joueurs sont parfois bien contents de les trouver pour faire passer des messages (contrat, transfert…). Il y a sans doute, oui, une forme de méconnaissance de notre profession. Jonathan Brison m’avait raconté qu’il avait eu l’occasion de rédiger un article pour un quotidien de l’est, quand il jouait à Nancy. C’est quelqu’un d’intelligent, de cultivé, qui lit beaucoup, mais il m’avait dit avoir eu du mal à écrire son texte et y avoir passé plus de temps que ce qu’il pensait.
Toujours selon Arnaud Ramsay, les journalistes devraient intervenir dans les centres de formation pour expliquer leur métier aux jeunes. Partagez-vous cette analyse ?
De plus en plus de journalistes rejoignent les services communication des clubs… Ils pourraient donc s’en charger et certains clubs font d’ailleurs du media-training, mais bien souvent plus pour protéger leurs jeunes joueurs et leur apprendre à manier la langue de bois que pour leur expliquer en quoi consiste notre métier. Les acteurs du foot ont parfois tendance à oublier que les journalistes sont des passeurs, le lien avec le public.
Ne pas vouloir répondre aux journalistes, c’est un peu se couper du public. Or, sans public, pas de média, pas de droits TV, pas de sponsors et, donc, pas de football professionnel.
Ne pas vouloir répondre aux journalistes, c’est un peu se couper du public. Or, sans public, pas de média, pas de droits TV, pas de sponsors et, donc, pas de football professionnel. Ce que dit Arnaud Ramsay sur la zone mixte est vrai. Dans certains sports, les athlètes la traversent sur le chemin du vestiaire, ce qui permet aux journalistes de ne pas perdre de temps et au sportif d’être tranquille ensuite pour récupérer, se changer… Mais, bien entendu, cela ne permet pas aux staffs de donner d’éventuels éléments de langage. Je me souviens que, pour un match de Ligue Europa à Geoffroy-Guichard, les Danois d’Esbjerg étaient venus répondre aux questions en tenue, quelques minutes seulement après le coup de sifflet final. Nous avions tous été surpris.
Un classement4 établi en 2014 présente le métier de journalisme dans les dix métiers les plus détestés des français. Comment l’expliquez-vous ?
C’est un ensemble de raisons. Peut-être, comme vous le disiez tout à l’heure, que notre profession est mal connue et que le public fait une généralité. Les attaques de leaders d’opinion, comme des responsables politiques, contribuent aussi à ce climat. Il ne faut pas se cacher non plus, il y a aussi eu des dérapages qui ne plaident pas en notre faveur. Pourtant, tout le monde ou presque est d’accord pour dire que ce font les reporters de guerre ou les journalistes d’investigation est d’utilité publique.
Que pensez-vous du niveau du journalisme actuel ?
C’est comme pour tout : on a tendance à moins parler des trains qui arrivent à l’heure… La très grande majorité des journalistes sont de vrais pros, qui aiment leur métier.
« Aujourd’hui, les étudiants se spécialisent dès l’école, non seulement sur leur domaine, mais aussi sur le support. C’est une aberration. ». Partagez-vous cette réflexion de Nathalie IANNETTA ?
Je n’ai pas assez d’éléments pour répondre. En tous cas, j’ai toujours eu en tête le conseil de ma première cheffe d’agence : « Ne te spécialise pas trop vite. » Quand j’ai commencé, j’étais focalisé sur le sport, ce qu’il se passe sur le terrain. J’apprécie aujourd’hui de l’avoir écoutée. J’ai élargi mes centres d’intérêt et, donc, mes compétences, ce qui me permet de mieux traiter certains sujets, y compris en ce qui concerne le foot, par exemple ses aspects économiques ou statistiques.
Le métier est-il « devenu » précaire ?
Depuis quinze ans que je m’en suis approché, je l’ai toujours connu comme cela, avec relativement peu de perspectives professionnelles, en particulier en province. En revanche, je me réjouis de voir qu’il y a, malgré le climat ambiant, des initiatives, des personnes qui portent des projets dynamiques, comme le groupe So Press, dont j’aime beaucoup les publications, le futur Ebdo ou, à Saint-Etienne, le mensuel Hors Lignes.
L’arrivée des réseaux sociaux a-t-elle modifié votre profession ?
A titre professionnel, ils représentent d’abord une source de veille importante et une possibilité supplémentaire d’entrer en contact avec des sources, de chercher des témoins. C’est en plus la possibilité de mettre en avant son travail et d’échanger avec le public, de débattre. A ma petite échelle, ça reste limité et positif. Par contre, je regrette que les journalistes qui ont plus d’audience soient parfois ciblés par des trolls, cela pervertit cette interaction qui est intéressante au départ.
Comment s’accommoder de ces nouvelles technologies ?
Il faut en tenir compte, se les approprier, sans oublier les fondamentaux de notre métier. J’observe par exemple les groupes de presse investir dans la vidéo, le motion design, le live. C’est très bien et je m’y m’intéresse car il y a plein d’intérêts : capter un public nouveau, mettre en valeur l’information, la rendre plus accessible, plus pédagogique. Mais cela doit se faire en parallèle du travail de terrain, pas au détriment. Si la forme est importante, elle doit avant tout servir le fond, pas juste être un gadget.
Si la forme est importante, elle doit avant tout servir le fond, pas juste être un gadget.
Quels sont les pièges à éviter dans ce métier ?
Plus que des pièges, il y a la réalité économique. Il n’est pas évident de débuter, de faire sa place et d’arriver à en vivre. Certains finissent par se décourager et vont faire autre chose. A l’inverse, il faut veiller à ne pas s’endormir quand ça « roule » à peu près.
Nous tenons à remercier chaleureusement Franck pour sa grande disponibilité et lui souhaitons bonne continuation dans la suite de ses projets professionnels.
Références
1 – Thierry CROS : « Le correspondant sent le ressenti de la ville, transmet ce qui se passe en ville, l’atmosphère, chose que ne peut bien évidemment pas faire le journaliste de son bureau à Paris »
2 – Daniel RIOLO : « L’approche me semble différente. Le journaliste qui exerce dans une PQR (Presse Quotidienne Régionale) est souvent supporter du club, et appuie le club, que ce soit La Provence à Marseille ou Le Progrès à Lyon. Les journalistes sont tous les jours à l’entraînement, sont très souvent supporters et suiveurs. A Paris, les journalistes du Parisien vont se réjouir d’une victoire du PSG, mais resteront très critiques à l’égard du club.
3 – Arnaud RAMSAY: « Les joueurs nous perçoivent alors comme « l’ennemi » alors qu’ils ne nous connaissent pas, ne savent pas s’exprimer, ne sont pas éduqués par rapports aux médias, ne savent pas ce qu’est un bouclage, un pigiste. » […] « on pourrait imaginer les journalistes du Progrès intervenir au centre d’entraînement de Lyon pour expliquer leur métier, leur attentes, les contraintes qu’ils ont pour remplir un papier quand le joueur met trois plombes pour arriver en zone mixte… »
4 – Site Planet.fr
Sources images
[1] – Site Sofoot
[2] – Site FranceFoot
[3] – Site anciensverts
[4] – Site Leprogres
[ 5] – Site Eurosport
[6] – Site Sofoot
[7] – Site Lequipe