
Précisons tout de suite, que cet article n’est pas l’almanach des sports, le Sport pour les nuls ou le nouveau plan comptable version UEFA. Pour des avis éclairés sur le droit et le football, je vous renvoie vers Maitre Granturco (@Me_Granturco), Daniel Geeys (@FootballLaw), ou LawInSport (@LawInSport)…Enfin pour une analyse comptable du FFP, je vous suggère le très bon compte de Ed Thompson (@edthompsn).
Non, cet article est davantage un billet d’humeur, celui d’un passionné de football et qui ne cesse de voir des spécialistes de tout sur les réseaux sociaux raconter n’importe quoi. On ne va pas refaire une définition du FFP. Pour ceux qui n’ont pas encore sous-traité leur cerveau à des charlatans du web et autres médias, vous pouvez relire deux articles sur le FFP réalisés par notre équipe :
- Régulations, Fair-Play Financier, Europe : Le Football Professionnel sans foi ni loi ?
- Pour ou contre le Fair Play Financier ?
Nous vous conseillons également de consulter le document, disponible en Français sur le site UEFA.com.
Première bêtise : Le retraitement du contrat QTA.
Le contrat QTA a été retraité pour plusieurs raisons : Tout d’abord, la filiation évidente avec le Qatar et son poids dans le Chiffre d’Affaire total du PSG à cette époque.
La seconde, outre le backdate, il y a impossibilité pour l’UEFA de comparer ce contrat avec un autre contrat, étant donné son caractère unique. Tout cela est expliqué dans les textes. Aujourd’hui, le Chiffre d’Affaire du PSG étant plus important, les contrat sponsoring ayant explosés, le contrat QTA devrait logiquement être réévalué à un fair-value adaptée au marché.
Deuxième bêtise : « Vers la fin du FFP. ».
Quoiqu’il se passe, le FFP n’est pas mort, ridiculisé ou je ne sais quelle autre absurdité à ce sujet. En revanche, il y aura un avant et après été 2017, c’est une évidence.
Dans l’esprit, le FFP est une obligation et il doit exister. Appelez le comme vous voulez : DNCG Européenne ou autres. Mais il s’agit d’une première esquisse d’une régulation du football professionnel en Europe voire dans le monde. Comme pour toute nouvelle démarche, ce FFP est imparfait et est amené à évoluer. Et il va évoluer. Prochainement, il devrait limiter le montant des transferts via une taxe importante indexée sur ces derniers. L’UEFA travaille aussi sur un moyen qui se rapproche d’un salary cap. Les mêmes critiquant le FFP sont ceux qui appelaient à plus de rigueur financière en Europe.
Toutefois, le Fair Play Financier a ses défauts. En effet, il ne s’occupe pas du stock de dettes amassées sur les dernières années. Il se concentre sur le compte de résultat uniquement et donc ne permet pas à un club de dépenser plus qu’il ne gagne d’un point de vue des transferts. Cependant, le club peut dépenser de manière illimitée sur les infrastructures et la formation, mais est juste contraint sur le trading joueurs. Or, a ce niveau, c’est embêtant. Les joueurs étant le cœur d’activité d’un club, ce dernier devrait pouvoir investir en toute liberté à condition que l’investissement économique est assumé sans problème par le club. A ce jour, c’est impossible pour un nouvel acteur du marché football.
Autre ânerie répandue : « Le PSG va détruire le FFP en allant devant la Cour de Justice Européenne ».
Cette vision de la relation UEFA et PSG via le prisme parisien est absurde. En cas de conflit devant les tribunaux européen, le FFP peut effectivement disparaître. C’est juste. Mais il en est de même du système des transferts et surtout le PSG peut souffrir énormément si l’Europe considère les financement du club Parisien venant de l’Etat Qatari. A ce titre, il devra tout rembourser. Je ne dis pas que cela va arriver mais c’est un risque éventuel.

Devant tous ces risques, je ne vois ni l’UEFA, ni le PSG aller aussi loin juridiquement et un accord aura certainement lieu entre l’UEFA et le PSG, accord qui permettra à l’UEFA de sauver son image et sa position dominante et responsable du football pro européen, et au PSG de participer aux compétitions européennes.
La réalité est que le PSG et UEFA étaient en contact constant, l’UEFA a averti le PSG que le transfert d’Mbappé pourraient voir leur relation se tendre. Le PSG décide d’aller au bout et de recruter le prodige français (qui aurait quitter la Ligue1). L’UEFA voit rouge. A mon sens, le PSG sera sanctionné de retrait de points, d’une amende, d’un blâme voire d’une interdiction d’inscrire de nouveaux joueurs en ligue des champions pendant un ou deux ans.
Enfin, soulignons les déclarations absurdes de JM. Aulas & Co : « Le PSG perturbe le business du football mondial »
Ce qui a ruiné le football européen est l’arrêt Bosman. Je vous recommande notre très bon article réalisé à ce sujet sur les limites des joueurs étrangers dans les championnats des divers pays européens et ouest européens. L’arrêt Bosman a perturbé le business du football mondial en imposant des principes juridiques à toute l’Europe sans avoir ni des fiscalités identiques, ni des retombées financières similaires en matière de droits économiques.
Par la suite, question business les anglo-saxons sont aux antipodes des latins, les droits TV explosent en PL, et transforment à tout jamais l’écosystème du football pro. Dans le même temps, les gros clubs espagnols se construisent toujours sur un niveau de dettes inimaginables. Quand le FFP arrive, des positions sont déjà établies et donc il est très compliqué pour un nouvel investisseur d’être performant sportivement et économiquement. Ainsi, le Fair Play Financier version 1 est une sorte d’aberration sportive et économique qui agit comme un bouclier face aux nouveaux riches.
Autre élément perturbateur, le PSG concerne l’investissement d’un état et il est difficile de lutter. Si Bill Gates ou Facebook veulent investir à Saint Etienne ou Nantes et lâcher 500M d’euro pour revenir au top en Europe, comment serait-ce intégré et jugé ? Ce n’est pour autant pas un état et on pourrait imaginer des critiques identiques. Enfin si BeIN Sports achètent les droit TV en ligue 1 pour 10 Milliard d’Euros, que ferions-nous ?
Référence
[1] – Site ouestfrance