PRO – Entretien avec Nicolas VILAS, journaliste et auteur de « Dieu Football Club »

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Journaliste sur Ma Chaîne Sport, chroniqueur pour Eurosport et intervenant dans les émissions de foot comme l’After Foot sur RMC , 100% Foot ou W9, Nicolas Vilas a accepté de répondre à nos questions sur la parution de son livre « Dieu Football Club » qui mêle football et religion.

Comment est née l’idée d’écrire un livre liant la foi et le ballon rond ?

Au cours de différents entretiens « du quotidien » avec des joueurs ou entraîneurs, le sujet de la foi revenait assez souvent, de façon très spontanée, naturelle. Il y avait presque un paradoxe face au traitement médiatique qui était (et est toujours) opéré autour de la question des pratiques religieuses. Avec Hugo Sport (Bertrand Pirel, notamment) on s’est alors dit qu’il serait intéressant de donner la parole aux personnes directement concernées.

Avant les matchs, beaucoup de joueurs font une prière, des gardiens comme Jérôme Alonzo embrassaient les poteaux, et Basile Boli avait un slip porte-bonheur qu’il a porté de sa première rencontre professionnelle jusqu’à cette finale à Munich. Quelles différences faites-vous entre spiritualité et superstition ?

Ce n’est pas à moi de juger, ni de différencier ce qui est du domaine du sacré ou du profane, de la religion ou de la superstition. Au final, personne ne peut le faire et connaitre le degré de foi pouvait exister dans les gestes de chaque personne. Ce qui ressort de Dieu Football Club, des différents témoignages qui y figurent, c’est que chacun vit sa foi (ou pas) à sa façon. Les croyances de certains ne seront pas celles des autres et les mêmes croyances ne seront pas exercées de la même manière selon l’individu. Même face à la foi et face à Dieu, c’est l’individu qui, plus ou moins consciemment, décide de la façon dont il va la manifester.

Comment votre démarche a-t-elle été perçue par les personnes rencontrées ? Ont-elles été réticentes à parler ?

Sur une centaine de contacts, il y a eu un refus et une rétractation. C’est la preuve qu’on peut en parler. Et que les footballeurs aussi peuvent le faire. Ce bouquin casse pas mal de préjugés, sur la religion, les pratiques religieuses mais aussi sur les footeux que beaucoup se plaisent à dépeindre comme des personnes incapables de parler d’autre chose que de bagnoles ou de fringues. Au bout du compte, seules une ou deux institutions se sont montrées fermées à l’idée de laisser s’exprimer leurs collaborateurs.

Dans votre livre, vous rappeler que le football a toujours eu un lien important avec la religion, dans la création des clubs mais aussi dans le langage du foot. Pourquoi ce rappel ?

Parce que, actu oblige, on nous alerte à longueur de journée que la religion s’immisce dans la société, y compris dans le sport. Mais de même qu’on ne peut nier l’influence de la religion dans plusieurs codes de notre quotidien, on ne peut omettre que beaucoup d’institutions religieuses ou personnes de foi sont responsables de la création de nombreux clubs sportifs. Dire aujourd’hui la religion est présente dans le foot, c’est nier l’essence de ce sport et des premières pratiques de jeu de ballon.

Diriez-vous que les footballeurs professionnels sont plus croyants et pratiquants que la moyenne ?

Question intéressante car elle illustre un autre phénomène (auquel en tant que journaliste je participe) qui est celui de la stat. Sauf que certaines données sont impossibles à quantifier. De même que je ne peux mesurer la part de chrétiens, juifs ou musulmans en L1 (à moins que comme certains je m’inspire du prénom des joueurs mais je doute qu’il s’agisse là d’un acte de foi de leur part), je ne peux non plus juger de leur degré de foi. Dites-vous juste qu’un footballeur est un individu. Que chaque individu est différent. Il y a chez les footballeurs des croyants, des pratiquants. Comme dans n’importe quel autre secteur d’activité. Mais comment et (surtout pourquoi) voudrait-on mesurer le degré de croyance d’un individu ? Dieu FC donne la parole à des footballeurs. Croyants, ou pas. Pratiquants, ou pas.

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Lavezzi – Source [3]

Comment distinguer les réels croyants pratiquants, et ceux qui font ça part mimétisme ? Existe-t-il une « mode » de la religion, comme celle du tatouage ou de la coupe de cheveux ?

Le fait que beaucoup de Français (et pas que des footballeurs) se convertissent à l’islam a soulevé un certain nombre d’interrogations (vous remarquerez que c’est souvent lorsqu’il est question d’islam que les questions se posent). Pourquoi le font-ils ? S’agit-il là d’une mode ? Certains joueurs interrogés dans le livre répondent que si c’était le cas, le phénomène n’aurait pas duré. Il ne peut y avoir une explication pour une problématique si personnelle, voire intime. Une personne qui se convertit (à l’islam ou autre), n’obéit pas à une mécanique. Son environnement familial, intime, professionnel, la période qu’il traverse, ses origines, une rencontre, sa curiosité… Les explications sont multiples, comme les pratiques le sont. Aujourd’hui, on veut tout faire passer pour un phénomène de mode. Comme si tout se consommait. Mais, surtout, comme si tous consommaient la même chose et de la même façon. Les footballeurs ont-ils tous la même coupe de cheveux ? Ont-ils tous des tatouages ? Un tatouage est-il un simple acte de consommation alors qu’il est imprégné à vie ?

La religion vous semble-t-elle taboue aujourd’hui en France dans le foot et du sport plus généralement ?

Taboue non puisque Dieu FC réunit un grand nombre de témoignages sur cette question. Toutefois, le laïcisme promulgué par les lois et promu par pas mal de nos dirigeants tend à rendre la religion taboue. Plutôt que de défendre l’échange et la compréhension qui en découlerait, on interdit tout ce qui s’y réfère. C’est le meilleur moyen d’alimenter la méconnaissance, les frustrations et les phantasmes. Dans les vestiaires, les centres de formation (Meghni, Faty, Haddad en parlent dans le bouquin), les joueurs échangent sur leur religion et celle des autres. Et là encore, dès qu’on monte dans la hiérarchie, c’est un sujet qui peut devenir plus « sensible. »

Si les prières dans un espace privé, comme le vestiaire, ne posent pas de problème, les images de prières sur le terrain peuvent choquer en France. Le comprenez-vous ?

Ce que je comprends surtout c’est que quand j’étais gamin et que je voyais des joueurs faire un signe de croix sur le terrain, personne (ou presque) ne s’en offusquait. Le phénomène est plus complexe que cela, le contexte a changé. Dans beaucoup de domaines. La France est devenu un pays multiculturel, et ça, une partie de la population a du mal à l’accepter. Le traitement médiatique aussi a changé et il a une influence sur la perception que les individus se font de l’autre. Quand un footballeur chrétien faisait son signe de croix en 1986 après avoir marqué un but, qui le voyait faire ? Les quelques milliers de spectateurs dans le stade.

Et encore, fallait-il qu’ils soient bien placés. Les matches n’étaient pas tous télévisés et ceux qui l’étaient n’étaient pas encore dotés de zooms et autres super-loupes. Les chaines d’infos se sont multipliées. A défaut de s’être multipliées, les infos, elles, circulent plus vite et sont soumises à des « analyses » immédiates. On analyse dans l’émotion. Parce que c’est ce qui fait « vendre ». C’est toute la contradiction de notre société. On vit plus longtemps mais on est poussés à tout faire plus vite. Y compris réfléchir, penser. Les « analystes » doivent livrer leur conclusion à chaud. C’est l’antithèse-même de ce qu’est une analyse, à savoir une étude approfondie.

Pourquoi certains joueurs expriment-ils le besoin de faire leur prière sur le terrain, alors qu’ils pourraient la faire dans le vestiaire ?

Certains le feront par superstition, d’autres par habitude, d’autres par respect envers leur Dieu… Là encore, il ne faut pas vouloir trouver UNE explication là où chaque individu a la sienne et que celle-ci peut ne pas paraitre rationnelle pour quelqu’un d’autre.

Pourquoi ce besoin d’afficher les convictions religieuses pour jouer au football ? Quelle est la part de prosélytisme là-dedans ?

Ce n’est pas une question spécifique au football. Mais comment savoir et juger si une personne est prosélyte ? Ceara explique, par exemple, que selon ses croyances (il est pasteur évangélique) le fait de répandre la parole de Jésus est une de ses « missions ». Il l’assume mais ne le perçoit pas comme un acte malveillant. Au contraire. Le prosélytisme ne sera pas perçu de la même façon par tous. Il faut faire veiller à ce que ce terme ne devienne pas fourre-tout.

En parlant de prosélytisme, les réseaux sociaux sont devenus des moyens d’expression importants pour les joueurs, qui n’hésitent pas à parler de leur foi comme (Lucas ou Mendy). Comment réagissent les clubs face à ces questions ?

Si demain, je tweete (et je le fais) pour souhaiter un joyeux Noël, un bon Aïd, ou un bon Kippour, suis-je dans le prosélytisme ? C’est une vraie problématique parce que ces comptes sont personnels mais que les joueurs ont des obligations vis-à-vis de leur club. Certains (comme le Paris SG) font d’ailleurs signer des chartes à leurs joueurs afin qu’ils s’engagent à rester discrets sur les questions d’ordre politique et/ou religieux. De là à interdire un joueur d’émettre un message qui, s’il peut faire référence à un Dieu, n’a rien de belliqueux, ni de haineux… Les clubs savent que la valeur marchande d’un joueur et de son image, peut osciller selon ses prises de positions politiques, religieuses…

Le principe de laïcité en France a-t-il un sens dans le foot, naturellement attaché à la religion, quelle qu’elle soit ?

Le football n’est pas « naturellement » rattaché à la religion mais historiquement. Et c’est aussi historiquement que la laïcité a un sens dans le foot français. Combien de derbies sont nés de ces confrontations entre clubs « patros » et laïcs ? Qui dit croyant, dit non-croyant. Et donc un échange, une opposition.

Dans quelle mesure la religion peut-elle aider et dicter la vie professionnelle d’un joueur ? D’un club ?

Il y a des joueurs pour qui sera une aide pour constituer un cadre de vie, voire une hygiène de vie ; elle va les rassurer face aux blessures ; les réconforter lorsque vient la « petite mort » (fin de carrière).

Vous écrivez que « Le football, bulle merveilleuse, est un monde d’excès. La foi devient un bouclier pour s’en protéger, ou une arme pour rester sain. ». Des excès dans lesquels certains, pourtant croyants, tombent… Comment l’expliquez-vous ?

Etre croyant ne signifie pas être Dieu. Et parait-il que les croyants le savent parfaitement. Ce n’est pas parce qu’on croit qu’on n’a pas de faiblesses. Cette phrase extraite du bouquin essaie d’expliquer justement cela. La religion peut représenter chez certains footballeurs un moyen de se préserver de certains excès.

La France est-elle en retard que ses pays voisins dans la prise en compte de la religion dans le quotidien du footballeur ?

A en croire des Kanouté, Adboun, Diaby, Ribéry, il semble que oui. Beaucoup de clubs européens ont compris que pour obtenir le meilleur de leurs joueurs, il faut les mettre dans les meilleures dispositions. Ils savent qui ils recrutent et connaissent leurs habitudes du quotidien (alimentaires, par exemple). Les clubs de foot professionnels sont des sociétés atypiques – à cause de leur fonctionnement que la hiérarchisation inversée des salaires influence – qui ont la capacité de pouvoir s’adapter au profil de leurs employés.

On a en mémoire le cas de Papis Cissé à Newcastle qui ne souhaitait plus porter le nouveau sponsor des Magpies (wonga.com, un site qui propose des prêts à intérêt) parce que la pratique est proscrite en Islam. Pourtant, c’est bel et bien le contrat sponsoring qui payait en partie le salaire de Cissé… Comment trouver le juste milieu dans la pratique de la religion ?

Le juste milieu a été trouvé puisqu’un accord est intervenu entre les différentes parties. Un cas semblable s’était produit à Séville avec Fred Kanouté. Ce dernier explique dans le livre comment un compromis a pu être trouvé.

On a tous en tête la polémique autour de la viande Halal, dénoncée par Vikash Dhorassoo. La comprenez-vous ?

Raymond Domenech répond à cette polémique dans le livre.

Eric Abidal déclarait que « si certains le souhaitent et que cela ne gêne pas les autres, pourquoi ne pas avoir ce régime pour tout le monde ». Visiblement, Vikash Dhorassoo a eu du mal à se faire comprendre. Comment l’expliquez-vous ?

Dans l’absolu, la remarque d’Abidal a du sens. Si demain, un ensemble d’individus accepte de manger le même plat, où est le problème ? Le souci n’existe que si imposition il y a. Raymond Domenech explique qu’un plat halal ET un plat non halal étaient à disposition des joueurs de l’équipe de France. Il a accepté d’intégrer un menu halal au menu des Bleus, ce qui ne signifie pas qu’il n’y avait d’autres plats (non halal).

Daniel Riolo déclare dans Racaille Football Club que « L’Islam n’est pas un souci en soi mais pose problème dans les clubs quand des clans se créent. La question est de savoir comment on s’adapte, sans rejeter. Mais pour le coup, imposer le halal à toute l’équipe de France, on a le droit de trouver ça choquant. De manière générale, les joueurs ont peur de témoigner à ce sujet, ils ont peur d’être traités de fachos ». Partagez-vous ses propos ?

J’ai sollicité une centaine de joueurs de diverses confessions pour Dieu Football Club et rares sont ceux qui ont exprimé une crainte à l’idée de s’exprimer. Ceux qui ont préféré resté « cachés » l’ont fait, non pas parce qu’ils avaient peur d’être taxés de fachos, mais par peur du regard des autres sur leur choix. Je n’ai pas la prétention, à travers ce bouquin, d’établir ou de répondre à des « manières générales » mais de donner la parole à des personnes concernées et confrontées aux pratiques religieuses dans le monde du foot. Pour reprendre l’expression de Daniel, disons que « de manière générale », la course au buzz fait que les personnalités publiques ressentent plus de craintes à s’exprimer sur des questions sociétales ou politiques ; par peur d’être mal interprétés. Cela dit, un vestiaire est constitué d’individus qui ont plus ou moins d’affinités avec les autres. La religion peut être un critère. Elle peut. Doit-on en établir une règle établie, une vérité globalisée ?

Neymar – Source [8]

Dans un entretien pour Europe 1, vous déclarez : « En France, nous sommes dans une société où l’islam a une part importante car beaucoup de Français aujourd’hui sont musulmans. Mais plus que la laïcité, c’est le laïcisme qui prédomine. Plus que d’affirmer le fait qu’on n’ait pas religion d’Etat, on veut interdire la pratique religieuse dans l’espace public. Ces débats-là sont déjà résolus à l’étranger ». N’est-ce pas ça le principe de laïcité, à savoir réduire la pratique de la religion à l’espace privé ?

La notion de laïcité repose, par définition, sur les notions de neutralité et d’impartialité, pas d’interdiction. Le laïcisme s’est tellement démocratisé qu’il s’est substitué à la laïcité, au point d’en prendre le nom. La tournure de ta question en est un exemple. En quoi être neutre suppose une « réduction » ou bannissement ? Comment faciliter la cohabitation des cultures et des cultes – qui qu’on le veuille ou non font partie de notre société – si on les exclut du domaine public ?

Dans quels pays sont-ils résolus ? Et comment ?

On aborde là une autre question qui est celle de l’intégration ou plutôt de son modèle. La France a un modèle qui n’est pas celui de l’Angleterre par exemple où le communautarisme n’est pas un mot qui effraie. Cela dit, chaque modèle possède des qualités et des défauts. La religion est une donnée fondamentale. La France du foot aussi obéit à un modèle qui n’est pas celui de ses voisins, dans plusieurs domaines. Dont celui de la religion. Les clubs pros anglais ou allemands se sont adaptés à cette réalité depuis un moment. La question du ramadan pour les footballeurs était encore sujet à débat (voire polémique) il y a encore moins de dix ans dans nos clubs. On parle d’un pays qui est lié par son histoire, son présent (et son avenir), à l’islam et à des peuples musulmans. N’est-on pas là face à l’une limites du modèle qu’on nous vend depuis des décennies ?

Anthony METTE, psychologue du sport et auteur du livre « Les homos sortent du vestiaire » explique qu’un facteur comme la religion augmente l’homophobie. Pourquoi ne pas avoir abordé ce thème dans votre livre ?

Le premier « jet » de Dieu FC comptait le double en volume de celui qui a été publié. Le livre traite des pratiques religieuses dans le football. Si Anthony Mette en a fait un bouquin, c’est bien que la question de l‘homosexualité dans le sport de haut niveau est un sujet à développer. Cela dit, le litige entre Paris Foot Gay et le Créteil Bebel est énoncé dans le bouquin.

On se souvient des propos du défenseur central parisien Alex dans le documentaire Jésus Football Club « Je ne suis pas vraiment pour l’homosexualité. Cela sort un petit peu du projet de Dieu… Dieu aurait créé non pas Adam et Eve mais Adam et Yves. ». Qu’est ce que ce genre de propos vous inspire ?

Doit-on nécessairement attribuer ce type de propos à une religion ? Certains évangéliques partagent ce point de vue. D’autres pas. On ne peut réduire une notion aussi personnelle, subjective, abstraite à la parole d’un seul individu.

Quid de l’affaire Créteil Bébel, équipe de foot qui avait refusé de jouer contre le Paris Football Gay car le nom du club était contraire à leurs convictions religieuses. La religion ne pousse-t-elle pas au communautarisme ?

La religion comme d’autres facteurs culturels ou ethniques peut contribuer à la création, au renforcement d’un groupe, d’une communauté. Elle peut constituer un élément fondateur, fédérateur. Mais pourquoi le communautarisme serait-il si terrible ? Le terme est nécessairement péjoratif, en France, comme si le fait d’appartenir à une communauté empêchait les individus qui la composent d’avoir un comportement, une pensée, une opinion personnels. Nos centres d’intérêts, nos activités, nos goûts, notre éducation font que nous adhérons de façon plus ou moins avouée ou consciente à une forme de communauté. Et les mêmes qui condamnent le communautarisme y contribuent depuis des années. Il ne faut pas réduire la religion à un comportement. C’est là qu’on bascule dans ce qui est peut être dangereux. Mais ce type de réaction est souvent lié à une forme d’ignorance. En France, on arrive à différencier un catholique d’un musulman (c’est même au programme d’histoire, avec l’édit de Nantes, par exemple) mais pour beaucoup il y a la religion juive et la religion musulmane. Comme si tous les juifs et tous les musulmans pratiquaient leur foi de la même façon. Comment voulez-vous que la population, bombardée d’infos et de faits divers mêlant politique et religion réagisse de façon constructive, censée ? Pour connaitre l’autre, il faut lui parler, échanger, et si on exclut tout ce qui se réfère à la religion de l’espace public le dialogue devient impossible et on retrouve les effets négatifs du communautarisme.

M. METTE poursuit : « Les joueurs se douchent de plus en plus en slip. A la base, ce sont les musulmans, qui sont censés être pudiques qui se douchent en slip, et aujourd’hui les petits blancs les imitent. J’ai même un joueur qui m’a dit un jour (un blanc), je ne me douche pas parce que c’est le ramadan. » Jouer au foot c’est aussi appartenir à une équipe, partager des valeurs ensembles. Comment échapper à l’influence d’un groupe ?

Si je suis l’énoncé, enlever son slip sous la douche serait donc une valeur ? En quoi le fait qu’un joueur adulte (pour les gamins, certains éducateurs doivent gérer le problème lié à l’hygiène) souhaite garder son slip sous la douche ou pas constitue comme certains le disent ou l’écrivent un acte de prosélytisme ? En quoi le fait qu’un autre individu garde son slip vise à me convaincre d’adopter ses idées ? Certains joueurs qui ne sont pas pratiquants (ou pas musulmans) gardent leur slip sous la douche. Parfois par respect envers leurs coéquipiers qui le gardent et qui sont croyants, mais parfois par simple choix. Je ne suis pas musulman et il m’arrive de jouer au foot et que des collègues gardent leur slip, au moment de la douche, après un foot. Et tous ne sont pas musulmans. La question de la douche est importante pour un entraîneur parce qu’elle fait partie de la vie de groupe mais pas parce qu’il faut enlever son slip ou pas.

La FIFA n’autorise pas les messages politiques (cf. Kanoute sanctionné à 3000€ pour son soutien à la Palestine) mais autorise les messages religieux. N’est-ce pas paradoxal ?

La FIFA autorise le porte du voile par exemple parce qu’elle le considère comme un signe culturel et non religieux. La frontière est parfois floue. Certains messages politiques sont teintés de religion et inversement.

Comment aborder la religion dans le foot, dans des pays aux cultures, histoires, traditions, coutumes et lois différentes ?

Les entraîneurs et joueurs passés par des pays qui leur sont étrangers le disent : l’adaptation est le mot-clé. L’importance de la religion diffère selon le pays, la ville, voire le club.

En ce sens, pourquoi ne pas s’adapter aux pays dans lesquels ont lieu les compétitions ?

La vraie question sur laïcité est aussi là. La vraie laïcité n’est-elle pas celle qui accepte et donc respecte les religions (sans pour autant contraindre l’autre) ? Le port d’un voile, d’un turban, d’une kippa est-il une contrainte pour les autres individus dans l’espace public ? Plutôt que de se voir imposer les croyances des autres (le laïcisme est une forme de croyance, idéologique) ne devrait-on pas tenter de faciliter la cohabitation ?

A ce titre, comprenez-vous la réaction de la FFF suite à la décision de la FIFA de lever l’interdiction du port du voile en France pour les joueuses (considérant qu’il s’agissait d’un signe culturel et non religieux) ?

La FFF fait prévaloir la loi française à la loi sportive de la FIFA.

Quid de la candidature de la France en 2019 pour la coupe du monde de football féminin ?

Que faire si une joueuse (ou un joueur) désire jouer la tête couverte et faire donc prévaloir le règlement de la FIFA à la législation française ?

La question se pose au-delà de cette Coupe du monde féminine 2019 à laquelle une équipe d’un pays islamique pourrait participer. La question s’est déjà posée en France, dans des compétitions locales.

Un grand merci à Nicolas Vilas pour sa disponibilité et son professionnalisme et lui souhaitons le meilleur pour la suite de ses projets.

Sources

[1] – Site anecdote

[2] – Site Sofoot

[3] – Site pinterest

[4] – Site Tf1

[5] – Site Linternaute

[6] – Site Levuvuzela

[7] – Site DZfoot.com

[8] – Site FranceFootball

[9] – Site Europe 1 

10 – Site 20minutes