
Suiveur du Beach Soccer depuis plusieurs années maintenant, je ne pouvais manquer cette Coupe du Monde à Espinho, au Portugal. Guettant depuis des semaines la mise en vente des billets pour cet événement, c’est avec une certaine surprise que j’appris que les places grand public étaient mises à disposition gratuitement et que l’entrée dans le stade se ferait selon la règle du premier arrivé, premier entré.
C’est donc assez tôt samedi matin que je prends la route depuis Lisbonne en direction d’Espinho, au sud de Porto, pour le dernier week-end de la compétition. Le Portugal étant en lice lors des demi-finales, j’arrive suffisamment en avance à Espinho, autour de 11h30, et me dirige vers le stade. Première surprise, la file d’attente est déjà en place et je suis loin d’être le seul. Le premier match n’est pourtant qu’à 17h. C’est parti pour un peu moins de 5h d’attente avec pour objectif principal de ne pas perdre ma place et de ne laisser d’autres personnes s’insérer dans la file d’attente. Le manque d’organisation et de contrôle de cette file d’attente est assez incroyable et se révélera même dangereux le lendemain. Après de longues heures d’attente, j’entre enfin dans le stade. Ayant rencontré des russes en vacances venus assister à la demi-finale et portant moi-même le maillot russe sur les épaules, on m’invite à rejoindre les supporters venus spécifiquement supporter leur équipe.
Demi-Finale : Italie 6-6 Tahiti (tab 1-3)
Ensemble, nous suivons la première demi-finale qui oppose Tahiti à l’Italie.
Tahiti domine nettement la rencontre, sans pour autant enfoncer l’Italie. Les partenaires de Gori reste dans le match, usant de toute leur ruse pour obtenir des coups-francs qui leurs permettent de rester à portée de Tahiti et même d’égaliser à 6 partout à quelques minutes de la fin du match. L’atmosphère est tendue. Dominateurs tout au long du match, les Tahitiens s’imposent finalement aux tirs au but, laissant les italiens dévastés et avachis sur le sable.
Clairement, Bennett et les siens méritent cette qualification. Tahiti produit un des jeux les plus attractifs à voir et ne cesse de progresser. Après avoir échoué à la 4ème place il y a deux ans, on retrouve les polynésiens en finale de la Coupe du Monde de Beach Soccer. Et face à Tahiti se dressera le pays hôte, le Portugal.
Demi-Finale : Portugal 4-2 Russie
Après avoir assez facilement écarté la Suisse en ¼ de finale, le Portugal doit désormais écarter les doubles champions du monde en titre. Pour en arriver là, la Russes ont, quant à eux, du se défaire du Brésil et priver les Auriverdes d’une place dans le dernier carré de la Coupe du Monde pour la première fois de leur histoire.
Si les supporters portugais sont bien présents, les russes ne sont pas en reste et se font entendre. Le match est très tendu et va basculer dans le second tiers-temps, lorsque Shishin remet les deux équipes à égalité. En effet, sans raison apparente, Shishin nous gratifie d’un bon gros bras d’honneur en guise de célébration. Ce n’est pas du tout du goût de l’arbitre du match qui exclut l’un des tous meilleurs joueurs russes.
La Russie parvient à résister à cette première infériorité numérique sans trop de difficulté, mais les nerfs sont mis à rude épreuve. Les arbitres ont le carton facile et les russes en font les frais. A un peu plus de deux minutes de la fin, Krasheninnikov reçoit un deuxième carton jaune, Bruno Novo marque sur le coup-franc et délivre tout le stade. La Russie n’a plus vraiment le choix et se doit d’attaquer à tout va, Bê Martins en profite en contre. Le Portugal bat la Russie et se qualifie pour la finale de sa Coupe du Monde. Impressionnant défensivement, les Portugais ont su pousser les Russes à la faute et donnent donc rendez-vous au 3500 spectateurs pour la finale, le lendemain.
Jour de Finales
Etant cette fois sur place, j’arrive près du stade vers 9h. Là encore, la foule est encore présente. Je ne sais pas qui a pris cette décision d’offrir les billets et de ne laisser entrer que les premiers arrivés, mais personne n’a réellement réfléchi à l’organisation de cette file d’attente. Les gens commencent à se plaindre de voir d’autres personnes rejoindrent des groupes devant eux. Un début de bagarre éclate même en début d’après-midi. Il faut dire que les portes du stade ne vont ouvrir qu’à 15h30 et que la finale est prévue pour 18h30. L’attente est longue, à côté, la plage nous attend alors que des barrières sont enfin installées pour contrôler un minimum la queue. Après près de 6h30 d’attente, je pénètre enfin dans l’enceinte, prêt à suivre la finale pour la troisième place et surtout la finale de cette Coupe du Monde.
Match pour la 3ème place – Italie 2 / 5 Russie
Abattue après la défaite face à Tahiti, l’Italie se présente face à une Russie diminuée par les suspensions de Krash et Shishin. L’intensité est bien moindre que la veille et la Russie va facilement disposer des transalpins en contrôlant parfaitement les deux premiers tiers-temps.
Les Russes s’assurent ainsi la troisième place de la compétition, mais n’ont clairement pas gagné le cœur du public portugais.
Finale – Portugal 5 / 3 Tahiti
Voici donc le moment tant attendu. Difficile d’imaginer une vraie connaissance du Beach Soccer de la part de tous les fans portugais avant la compétition, mais la présence de la foule et l’engouement attestent la réussite du rendez-vous portugais. Les hôtes se sont intéressés à cette compétition et sont chauds bouillants pour la rencontre.
Les quelques supporters tahitiens présents ne peuvent rien faire face à l’ambiance portugaise surchauffée. Et rien ne pourra réellement venir les calmer. En effet, sur le coup d’envoi, Madjer ouvre le score. Tahiti n’arrive pas à entrer dans la rencontre alors que les portugais emmenés par Andrade (l’ex gardien remplaçant de l’OM) dans les buts ne laissent rien passer.
Menés 3-0, les partenaires de Li Fung Kuee parviennent enfin à trouver le chemin des filets. Tahiti joue bien, propose un beau Beach Soccer mais la défense portugaise est d’une organisation presque sans faille. J’avais rarement vu le Portugal aussi bien défendre. Quand Andrade est battu, un joueur est toujours présent pour venir contrer le ballon. Toutefois, Tahiti réduit le score à 3-2. C’est alors que Novo envoie un coup franc excentré depuis son camps dans les filets de Torohia. Un but évitable mais qui fait suite à deux coups-francs extrêmement bien placés et ratés par les Portugais.
Mais Tahiti n’abdique pas et revient une nouvelle fois à un petit but de son adversaire. Le troisième tiers-temps est intense, les tribunes sont partagées entre joie et angoisse, mais plus les minutes défilent, plus les Tahitiens sont dans l’obligation de se découvrir. Alan en profite, le stade explose. Avec deux buts d’avance à moins d’une minute de la fin, plus rien ne doit pouvoir arriver au Portugal. C’est chose faite, le Portugal est champion du monde de Beach Soccer. Une belle récompense pour Madjer et Alan, les plus anciens de cette équipe qui méritent vraiment ce titre.
En face, Tahiti pourra regretter l’absence de Bennett pour cette finale, mais pourra surtout regretter ce début de match timoré et emprunté. En tout cas, Tahiti prouve une nouvelle fois qu’il faudra compter sur cette équipe dans les années à venir. Une équipe agréable à voir jouer, parfois rugueuse, mais toujours fair play, voire trop « polie ». En effet, à chaque faute commise, le joueur tahitien vient s’enquérir de la santé de son adversaire. Côté récompense, Jonathan Torohia finit meilleur gardien de la compétition et Heimanu Taiarui finit meilleur joueur.
Impressionnant défensivement, le Portugal a rempli ses missions, à savoir remporter la compétition et créer un véritable engouement pour cette-dernière. Tahiti confirme et s’impose comme une future place forte du Beach Soccer, alors que la Russie, un peu vieillissante, reste au top niveau de ce sport qui gagne à être apprécié. Au rayon des satisfactions, j’ajouterais l’Iran, toujours au rendez-vous des quarts de finale et encore une fois défait par un petit but. L’Iran continue de progresser et parvient à inquiéter de plus en plus de grosses équipes.
Côté déceptions lors de cette compétition, comment ne pas mentionner l’Espagne ? Surpris en début de phase de groupe par l’Iran, les Espagnols n’ont pas pu inverser la tendance, s’inclinant face au Brésil et restant donc à quai dès les poules. Le Brésil fait également parti des mauvais élèves au même titre que l’Argentine. A la décharge des Brésiliens, ces derniers se sont inclinés après prolongations face à la Russie, la toute meilleure nation mondiale jusqu’à samedi dernier.
J’ai passé un excellent weekend avec une superbe ambiance. Vivement la prochaine Coupe du Monde aux Bahamas en 2017.
Rusko