
Supportrice nantaise, je ne pouvais manquer l’appel de la brigade Loire à aller réveiller le Parc des Princes. Petite piqûre de rappel : la plupart des kops de France boycottent le parc, haut lieu de la répression des ultras en France, tribune où on trouve des places en parcage à 40€, interdiction de mégaphones, de drapeaux, ou de banderoles, voire même de porter ses couleurs. Avec des places à 5€ et après le coup d’éclat de nos canaris face à Lyon, actuel leader de L1, la Brigade Loire invitait via un communiqué, tous les supporters nantais à venir « retourner le stade et montrer au monde du football » (spectateurs, joueurs et dirigeants parisiens, médias, instance nationale…) la différence entre une équipe se déplaçant avec ou sans ses supporters. Et faire comprendre notamment aux bourreaux des ultras parisiens ce dont ils se privent : un soutien organisé, fervent et spectaculaire. Le hasard du calendrier fait que le match tombe le jour des assises du supportérisme organisé par le CNSF dont notre capo Romain est vice président ! tout un symbole.

Plus de 1500 supporters nantais ont répondu présents, les places en parcages ont été épuisées à peine 4h après leur mise en vente. Nous voilà prêts à envahir la capitale sous une vague jaune et verte. Les différentes annonces de restrictions avant match ne réussissent pas à ébranler notre enthousiasme. Sans mégaphones ni banderoles, peu de drapeaux autorisés… Peu importe, nous ferons sans.
Personnellement j’arrive de Lyon. Après plusieurs heures de route, nous arrivons devant le Parc des Princes. Nous étions invités à cacher toutes traces de notre appartenance au public nantais pour ne pas provoquer inutilement. Mouai ? A l’entrée du parcage, les nantais sont déjà là, arborant fièrement leurs couleurs, et chantant déjà. Il est 17h20, le match est dans plusieurs heures mais il est déjà lancé. Entre parisiens et nantais d’une part, mais également entre supporters et forces de l’ordre. Le contraste est déjà saisissant, d’un côté les supporters nantais, heureux de se retrouver, chantant dans la joie, la bonne humeur, riant, partageant boissons et nourriture. De l’autre, les forces de l’ordre et les encadrants du Parc qui s’activent pour bloquer les routes, et nous escorter. A l’ouverture du parcage, nous sommes invités à pénétrer dans l’enceinte. Les minutes défilent, le nombre de camions de CRS ne cesse de s’accroître. Les cars des supporters des canaris se mélangent à ceux du PSG, sans aucuns heurt. Les forces de l’ordre apparaissent malgré tout sur les nerfs à l’arrivée des cars de la brigade Loire. Pourtant tout à fait calme, les nantais sont consignés dans les cars dans le noir pendant un moment, puis sortis par groupe de 5 et reniflés par des chiens. Une scène surréaliste. Nous sommes enfin invités à rejoindre les tribunes, accueillis par une fouille et d’immenses projecteurs très éblouissants qui donnent un sentiment malsain et une impression de déranger.
On entre en tribune et après de minutieuses fouilles, la Brigade Loire est autorisée à nous rejoindre en tribune. Un véritable raz-de-marée au milieu de nous. Le match peut enfin commencer, avec un tifos et un gros travail de la Brigade Loire encore une fois, même à l’extérieur. Le parc était sensé être plein mais de toute évidence, ce n’est pas le cas. Que dire du spectacle en tribunes adverses ?
Musique sonore assourdissante, spectateurs assis sur leur siège, agitant les drapeaux aux couleurs du PSG fourni par le club, peu d’écharpes ou maillots de Paris. Il est loin le temps où le Parc des Princes était une des meilleures ambiances de France, public respecté pour son soutien pour le club. Les incidents entre supporters parisiens un soir de PSG/OM ont malheureusement tout gâché.

Pour ce qui est du match, difficile de comprendre réellement ce qui s’est passé. Les joueurs nantais qui avaient promis d’être morts de faim, ont fait preuve de peu de volonté et de prise de risque. Face au PSG qui n’avait pourtant pas forcément aligné ses meilleurs éléments, la différence s’est vite faite. Cavani servi par Luiz vient d’un coup de tête porter un premier coup aux Nantais, dès la 15ème minute. L’heure pour les supporters locaux de se réveiller, applaudir et acclamer l’Uruguayen qui était sifflé quelques jours plus tôt. Le PSG n’aura besoin que de 15 minutes supplémentaires pour breaker, Cabaye profitant d’un mauvais renvoi de Maxime Dupé.
2/0, et devant le peu d’envie de nos joueurs, on sait tous en tribune qu’à moins d’un miracle le match est plié. Je ne peux rien dire de plus sur la prestation des nantais. Côté tribunes, nous donnons le spectacle, à en croire l’attitude des parisiens qui nous filment. On alterne les chants pour supporter notre équipe, les chants anti LFP. Il est vraiment sympa d’entendre s’élever dans les travées du Parc notre désormais traditionnel « il faut raser la moustache de Thiriez » qui a beaucoup fait rire les CRS à côté de nous.
Malgré la défaite, décevante en tout point, les critiques sur les réseaux sociaux, l’essentiel pour nous était ailleurs et repartons iers de ce que représente le club, ce que nous faisons à chaque week-end à la Beaujoire ou dans les parcages de France. Nous avons n’avons aucune prétention, et sûrement pas celle de se définir comme le meilleur public de France. Notre seule envie est de vouloir s’éclater en soutenant notre équipe, faire la fête avec des tas de nantais torse nu en plein mois de février.
Les supporters de foot ne sont pas juste de gros beaufs avides de violence. Et puis, la tête des parisiens devant nos trois « let’s pretend we score a goal » valait toutes les victoires du monde. Malgré l’élimination, les supporters ont prouvé que le football était un spectacle populaire qui pouvait se dérouler sans haine, ni violence, et qu’un stade se doit d’être vivant. Toutes les mesures mises en place par le Parc et les instances du football ont-elles encore un sens ?
Un grand merci à Romain, notre capo et à la brigade Loire pour le travail fabuleux qu’ils effectuent à chaque match. Merci à tous les nantais présents hier qui m’auront fait passer une soirée fabuleuse. Et un grand bravo à la quarantaine d’ultras parisiens qui ont essayé de chanter, de s’exprimer sans violence et qui ont été rapidement sortis. Mention spéciale aux supporters parisiens qui ont repris avec nous quelques chants et qui sont venus nous applaudir à la fin du match comme le dit @garyassouline « Ce que vous n’avez pas vu ? les centaines de Parisiens qui sont restés applaudir les Nantais pour leur ambiance. Ce sont nous les victimes. »

Enfin, je délivrerai un carton rouge aux instances de football qui n’ont daigné assiter aux assises du supporterisme. Mais est-ce étonnant quand le Noël Le Graët déclare que le dialogue avec les supporters ne l’intéresse pas ? Comment peut-on prétendre diriger le football français quand on ne l’aime pas ?
Contribution d’Amandine (@ladymatique) pour Soccer Populaire