
Au sortir de ce derby perdu par les Gones, Jean-Michel Aulas, très actif sur les réseaux sociaux, s’est brillamment illustré avec quelques tweets, un brin chambreur. Avec talent, le meilleur président de Ligue 1 depuis 20 ans aime à rappeler quelques chiffres, histoire d’atténuer la défaite et pimenter s’il en faut, la rivalité entre les deux clubs. Possession de balle, pourcentage de passe réussie…Autant de motif de satisfaction pour le président lyonnais. Cette communication influence-t-elle les supporters ? Ces derniers sont-ils attentifs à ce genre de propos ?
Toujours est-il que depuis quelques années, les chiffres et statistiques pleuvent sur le football. Avec l’apparition des paris en ligne, tout est prétexte à voir ce sport comme les bookmakers et les supporters suivent cette tendance. En effet, il est courant d’expliquer les défaites par une analyse des résultats comptables, du budget deux ou trois fois inférieurs à son adversaire. Il n’est pas rare d’entendre un supporter d’arsenal parler de la 16ème participation consécutive de son club en Ligue des Champions. Il en est de même de l’OL qui s’est qualifié pour la 17ème année consécutive en coupe d’Europe. Certains vont même jusqu’à se satisfaire du classement de l’équipe qui perd le moins d’argent. Mais que signifient tous ces chiffres ? Que réellement conclure du classement des centres de formation en Europe, dans lequel Lyon et le PSG occupent respectivement la 4ème et 5ème place ?
![Classement Centres de formation - Source [1]](https://soccerpopulaire.files.wordpress.com/2014/12/classement-centres-de-formation.png)
Mais il serait malhonnête de pointer uniquement les présidents de clubs et les supporters. En réalité, c’est toute la chaîne du foot qui s’appuie de plus en plus sur les chiffres, en particulier les médias. Combien de matchs sont simplement analysés à travers la possession de balle, le nombre de tirs cadrés, de corners ? Une frappe cadrée est-elle forcément synonyme de situation dangereuse ? Une occasion de but signifie-t-elle forcément une mise à contribution du gardien ? Les classements des buteurs ou passeurs décisifs passent également sous silence le contexte de ces statistiques, oubliant l’adversaire contre lequel sont marqués les buts et le caractère décisif ou non de ce dernier sur la rencontre. A titre d’exemple, le premier but de Christophe Dugarry en ouverture de la coupe du monde 1998 contre l’Afrique du Sud a-t-il la même importance que le 3ème inscrit par Thierry Henry dans la même rencontre ?
Qu’en est-il du taux de passe réussie qui satisfait Aulas, si l’orientation de la passe n’est pas prise en compte ? Un milieu de terrain au jeu peu ambitieux, et tourné vers l’arrière aura certainement un taux de passe réussie élevé. Un joueur au jeu orienté vers l’avant, avec un peu plus de déchet est-il pour autant moins intéressant ? Par ailleurs, la comparaison des affluences des stades de L1 a-t-elle un sens sans prendre en compte la démographie des villes respectives ?
Enfin, Edinson Cavani a marqué 16 buts en ligue 1 l’année dernière. A-t-il pour autant fait une bonne saison ? Cette statistique permet-elle de faire abstraction de sa maladresse en ligue des champions, en particulier contre Chelsea ? Le probable titre de champion de France du PSG en fin de saison passera-t-il sous silence l’attitude des joueurs du PSG dans certains matchs de L1 ? Les supporters peuvent-ils uniquement se satisfaire d’un nombre de ligne sur un palmarès ? Quid du jeu de l’équipe, de l’attitude des joueurs, de l’émotion et du plaisir vécus en tribune ?
Mais comme disait Jean Dion, les chiffres sont aux analystes ce que les lampadaires sont aux ivrognes : ils fournissent bien plus un appui qu’un éclairage.
Référence