
Bonjour, Rhéka et merci d’avoir accepté notre interview. A quand remonte votre intérêt pour le football ?
Ma passion pour le football remonte à mon enfance. D’aussi loin que je me souvienne, je m’y suis toujours intéressée. Je ne sais pas exactement comment cela m’est venu mais je me revois encore toute petite en train de supplier les garçons de mon quartier pour jouer au foot. A force, ils ont fini par accepter.
Quels sont vos premiers souvenirs de football ?
Ils remontent à 1992 plus précisément aux jeux olympiques. Ce sont des souvenirs très flous du fait de mon très jeune âge. Si je dois vraiment parler de premiers souvenirs de football, j’évoquerais la coupe du monde 1998. C’est le premier tournoi que j’ai suivi de près. Je me rappelle encore de la finale et de la victoire de la France. Il faut dire que le parcours de la France est celui que je connais le mieux dans cette coupe du monde parce que mon père suit beaucoup l’Equipe de France.
Quelle est la plus belle émotion vécue grâce au football ?
Il est difficile pour moi de choisir ma plus belle émotion parce que j’ai eu de grandes émotions. La plus belle fut la qualification de la Côte d’Ivoire pour la Coupe du monde 2006. C’était la première fois que la Côte d’Ivoire allait participer à une Coupe du monde et tout le pays était en liesse. C’était un moment incroyable à vivre. Je peux aussi rajouter tous les titres de l’OL qui m’ont procuré de belles joies, la finale de la Coupe du monde 98.
Et dans un autre type d’émotion, je peux ajouter tous les échecs de l’équipe de Côte d’Ivoire notamment la finale de la CAN en 2012.
Etre une femme change-t-il le regard sur le football ? Si oui, en quoi est-il différent ?
Je ne pense pas que cela change quoi que ce soit. Avant tout quand je regarde un match de foot, je veux voir du jeu, de beaux gestes techniques, de la vitesse, de l’engagement, des buts. Tous mes week-end sont consacrés au football. Je suis tous les grands championnats (Espagnol, Italien, Allemand, Anglais) en plus des matchs du championnat de France et quand j’en ai fini avec les matchs télévisés, je me rabats sur la radio. Le football est un jeu passionnant, qui concentre beaucoup de choses : la dimension humaine, le côté ludique, le côté dramatique, (cette saison au niveau du drame l’OL a été servi). C’est pour toutes ces raisons que j’adore ce jeu.
Vous êtes supportrice de l’OL. Depuis combien de temps ?
Oui, je suis supportrice de l’Olympique lyonnais depuis 10 – 11 ans maintenant. C’est ma mère qui m’a donné l’envie de suivre et me prendre de passion pour ce club. Outre l’Olympique lyonnais, je suis avec beaucoup d’attention le Real Madrid et cela remonte aux années galactiques avec notamment l’arrivée de Zidane dont je suis une grande fan.
Vous vivez en Côte d’Ivoire. Comment vit-on sa passion quand on vit si loin ?
Etre supporter à distance c’est vraiment compliqué. Au début des années 2000, lorsqu’internet était encore difficilement accessible, ce n’était pas évident. Je me contentais d’absorber les infos que je pouvais recueillir sur Canal + via ses différentes émissions de foot. Mais aujourd’hui avec internet, c’est plus facile. En plus de suivre un media comme Canal + pour les actus sportives et Foot, je passe mon temps sur les sites, blogs qui traitent de l’OL. J’écoute aussi beaucoup RMC (l’emission l’After Foot) qui est à mon sens la meilleure radio sportive en France. Quand je me trouve dans l’incapacité d’écouter l’émission en direct, je me procure toujours les podcasts.
Vous évoquiez les médias européens. Qu’en est-il des médias en Côte d’Ivoire ?
Les medias ne sont pas aussi importants qu’en Europe. Ici, ils couvrent le parcours des ivoiriens qui jouent à l’étranger, l’équipe nationale. Mais pour ce qui est du championnat, il y a très peu de visibilité. Les matchs ne sont pas télévisés, et le niveau de jeu n’est pas très élevé. Pour toutes ces raisons, je ne suis pas de manière assidue le championnat ivoirien.
Avez-vous l’occasion d’aller au stade ?
Non, malheureusement, je ne me suis jamais rendue au stade. J’avais prévu d’y aller pour le match Côte d’Ivoire / Malawi pour la qualification de la CAN en 2009, mais ça n’a pas pu se faire. Lors de ce match, il y a eu une bousculade de supporters qui a été meurtrière. Depuis cette épisode, je n’ai plus essayé. J’espère le faire très prochainement.
La saison 2013/2014 vient de s’achever. Comment jugez-vous la saison de l’OL ?
La saison de l’OL me satisfait même si je pense qu’avec un ou deux joueurs en forme à des moments clés, on aurait pu faire mieux. Au début de la saison, je m’attendais au mieux à une 4ème place, derrière la grosse machine du PSG, le nouveau projet de l’AS Monaco, et l’OM que je voyais terminer 3ème. Mais finir derrière l’AS-St-Etienne me reste un peu en travers de la gorge.
Que vous inspire le départ de Rémi Garde et son remplacement par Hubert Fournier ? Quelles sont vos attentes pour la saison prochaine ?
Le départ de Remi Garde est une mauvaise nouvelle. Il était l’entraîneur idéal pour le projet du club qui est de se restreindre jusqu’à l’entrée dans le nouveau stade des lumières en 2016. Mais les noms évoqués pour le remplacer ne me faisaient pas trop rêver, à part celui de Juninho. L’arrivée d’Hubert Fournier est dans la lignée de Rémi Garde. Avant de devenir l’entraîneur général de l’OL, il n’avait aucune expérience au haut-niveau et finalement, il s’est pas mal débrouillé. Donc, on va attendre de voir ce que cela peut donner avec Hubert Fournier. Il a fait un bon travail à Reims. Mais l’OL ce n’est pas Reims, les exigences sont autres et on attend de lui au minimum une qualification pour l’Europe. Jouer une place européenne jusqu’à ce que l’horizon s’éclaircisse est la meilleure chose que puisse faire l’OL. Je m’y suis faite à l’idée.
Willy Sagnol, Hervé Renard étaient également pressentis pour le poste, Willy Sagnol, ancien stéphanois et Hervé Renard supporter des verts. Des choix contestés par des supporters et notamment du Virage Sud. Comprenez-vous cette réaction ?
Je comprends la réaction des supporters surtout après les derbys qui ont été chauds cette année et surtout après notre défaite. Willy Sagnol est un Stéphanois qui a déjà tenu des propos durs envers Lyon. Mais j’avais davantage de réticences sur lui par rapport à son inexpérience au plus haut niveau. Et on parle quand même de L’OL, l’un des plus grands clubs français, et un club européen depuis plus de 10 ans, donc Willy Sagnol, ça me semblait léger. Par contre, pour Renard, j’étais un peu plus intéressée même si ce n’était pas top niveau non plus. Je peux comprendre les supporteurs même si je ne partage pas forcement leur point de vue. Il y a aussi le côté affectif qui est devenu important pour l’OL. Et je pense que la nouvelle politique de l’OL s’y prête.
Dans l’histoire du club, beaucoup de joueurs et entraîneurs ont un passé vert et inversement : Herbin, Santini, Lacombe, Coupet, Gomis, Dabo. Pourquoi un tel repli sur soi de la part des supporters ?
Bonne question ! Je pense que les supporters lyonnais sentent le souffle de l’AS St-Etienne sur l’OL. On a eu droit à 10 grandes années de domination pour l’OL et cette année depuis je ne sais plus combien de temps (21 ans), l’OL a fini derrière St-Etienne La rivalité sportive s’est resserrée. Ça va être de plus en plus difficile pour l’OL avec les restrictions budgétaires. Il reste encore 2 ans de vaches maigres et on aimerait bien que ce soit géré par les gens de la maison, d’où ce repli sur soi.
La rivalité avec l’AS-Saint-Etienne est une rivalité régionale, qui dépasse le football. Vous vivez en Côte d’Ivoire, n’avez jamais vécu à Lyon. Comment appréhendez-vous cette rivalité ?
Comme vous pouvez vous y attendre, c’est un peu difficile à appréhender. Mais en lisant beaucoup sur l’OL, en apprenant l’histoire de l’OL, je me suis imprégnée de cette rivalité. Pour moi perdre contre St-Etienne, c’est vraiment difficile. En dépit de la qualification pour l’Europe, finir derrière St-Etienne fait de cette saison, une saison mitigée.
Dans quelques jours, débute la coupe du monde au Brésil. Quelle place prend la sélection nationale dans votre vision du football ?
La sélection nationale a une place très importante pour moi. Etre attachée à un club, c’est une chose mais le sentiment d’appartenance que l’on peut ressentir à travers une équipe nationale est tellement différent. Je passe mon temps à scruter toutes les performances des internationaux qui sont à l’étranger pour savoir à peu près quel sera leur niveau de forme à l’approche de grandes compétitions comme la Coupe du monde. Durant cette coupe du monde, je suivrais particulièrement l’équipe de Côte d’ivoire et après viendra l’équipe de France.
Comment voyez-vous le parcours des éléphants ?
En tant que supportrice illuminée, je vous dirais que la finale se jouera entre la France et la Côte d’Ivoire (Rires) mais je ne m’illusionne pas. A mon avis, sortir de la phase de poules serait déjà quelque chose de très bien parce qu’on ne la jamais fait. Et en plus contrairement aux précédentes Coupe du monde, on est dans une poule qui me semble plus abordable que celle de 2006 et de 2010 même si notre équipe est pour moi plus faible. Mais je continue d’espérer que la Côte d’Ivoire puisse sortir des poules. Cela marquerait une progression
Merci à Rékha pour sa participation et sa disponibilité
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