Engluée dans un conflit qui dépasse ses simples intérêts, prise en otage de chaque côté de son territoire, l’Ukraine n’a pas la tête au football en ce moment et c’est on ne peut plus logique. Essayons néanmoins de parler un peu foot ukrainien dans ces temps difficiles.
Échecs européens
Pour leur retour à la compétition et leurs premiers matchs officiels depuis décembre dernier, et alors que la situation dans le pays est des plus instables, les clubs ukrainiens retrouvaient l’Europe.
Sur les 4 équipes ukrainiennes encore engagées en Europa League, aucune n’est parvenue à se qualifier. Si l’élimination du Dynamo, obligé de s’exiler à Chypre pour affronter à Valence à « domicile », semble logique, l’élimination du Shakhtar est une grosse surprise.
Opposés au Viktoria Plzen, les hommes de Lucescu étaient les favoris annoncés de cette confrontation, et encore plus après le match nul 1-1 rapporté de République Tchèque. Pourtant, à Donetsk, rien ne va se passer comme prévu. J’ai rarement vu une équipe autant dominer une rencontre et la perdre comme a pu faire le Shakhtar face à Plzen. A vrai dire, j’ai encore du mal à croire que le Shakhtar a bien perdu ce match retour 2-1 tant la supériorité ukrainienne était criante tout au long de la rencontre. La désillusion est à la hauteur des espoirs qu’avait le Shakhtar dans cette compétition.
Chornomorets et Dnipro n’ont, quant à eux, pas à rougir de leur élimination. Victorieux 1-0 au match aller, le Dnipro pensait tenir son billet lorsque Zozulya avait ouvert le score en début de 2ème période. C’était sans compter sur un retour foudroyant de Tottenham, bien aidé par l’arbitre de la rencontre, Anthony Gautier, abusé par une grossière simulation de Vertonghen, provoquant l’exclusion de Zozulya. C’est d’autant plus terrible pour les ukrainiens qu’en première période, Soldado aurait très bien pu être expulsé pour un coup de coude volontaire sur Fedetsky, mais surtout que le Dnipro maîtrisait plutôt bien le match avant le carton rouge de Zozulya.
Côté Chornomorets, peu de regrets à avoir. Bien au contraire, c’est un sentiment de fierté qui prédomine. La fierté d’avoir fait jeu égal avec l’Olympique Lyonnais sur 2 rencontres et de ne pas être passé loin d’un véritable exploit.
Pire encore que cet échec européen des clubs ukrainiens, la situation actuelle du pays est en train de rejaillir sur les clubs.
Sécurités et exil de joueurs
Première équipe touchée par la situation du pays, le Metalist Kharkiv a vu son entraîneur, Myron Markevich, démissionner. Arguant que le club ne paye plus ses employés depuis 3 mois et las de cette situation, Markevich est donc parti. Dès lors, les pires scenarii ont été envisagés. Tous les joueurs semblaient être en vente et, à ce titre, Marko Devic, meilleur buteur du club, est parti en Russie, du côté du Rubin Kazan pour la somme de 5M€. Ajoutez à cela le départ du capitaine José Sosa sous forme de prêt en début de mercato hivernal du côté de l’Atletico Madrid pour se donner des chances supplémentaires de participer à la Coupe du Monde…Depuis, Kurchenko, le président du club, proche de Yanukovich, s’est fendu d’un communiqué qui se veut rassurant pour les supporters et pour le club, mais nul doute que cette période de troubles pourrait coûter cher au club dans la course au titre, si le championnat venait à reprendre.
En effet, la reprise du championnat, prévue le weekend dernier, avec notamment un Dynamo-Shakhtar en tête d’affiche, a été reportée à une date ultérieure. Pour l’instant, il n’y a pas d’information concernant la journée de championnat du weekend prochain. Mais il serait très étonnant de voir l’UPL reprendre ses droits aussi vite. En attendant, les joueurs étrangers commencent à s’inquiéter. Leur sécurité, ainsi que celle de leur famille, les préoccupent. Ainsi, Bernard, la perle brésilienne du Shakhtar, s’est dit prêt à quitter l’Ukraine s’il le fallait.
Du côté d’Odessa, les choses sont allées plus loin. Ainsi, 5 joueurs étrangers ont résilié le contrat qui les liait à Chornomorets. Il s’agit de Fontanello, Berger, Santana, Riera et Dja Djedje. Le club a, bien entendu, remercié les joueurs pour ce qu’ils avaient apporté au club et n’a pas cherché à faire de vague, comprenant bien leurs inquiétudes. Toujours est-il qu’il s’agit là d’un sacré coup d’arrêt dans le développement de l’équipe menée par Grigorchuk.
Vous remarquerez que les clubs qui subissent directement le conflit actuel du pays sont ceux des villes catégorisées pro-russes (Kharkiv, Donetsk, Odessa), en attendant, peut-être, une expansion de ces problèmes à d’autres clubs ukrainiens. Entre résultats européens décevants, problèmes financiers, problèmes sécuritaires, le football ukrainien subit, lui aussi, le conflit qui tiraille son pays… Mais aujourd’hui, tout ceci semble assez futile par rapport à l’actualité du pays.
Références
[1] – Site internet Skysports
[2] – Site internet du Shakhtar
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