DOSSIER – Les valeurs dans le football, l’exclusivité du « pauvre » ?

Il est d’usage de parler des « valeurs du sport » : Dépassement de soi, solidarité, goût de l’effort, entraînement et sens du partage pour les uns. Amitié, courage, respect, honneur et self-control pour d’autres. Chacun se retrouvera dans les termes cités ci-dessus.

Les valeurs du sport, indépendantes du résultat

La guêpe se retire à Londres - Source lequipe.fr
La guêpe se retire à Londres – Source lequipe.fr

L’actualité sportive française de ces dernières semaines nous donne bon nombre d’exemples qui témoignent des valeurs du Sport. De Martin Fourcade, double médaillé d’or en Biathlon aux Jeux Olympiques de Sotchi en 2014, en passant par Renaud Lavillenie, recordman du monde du saut à la perche devant le maître Serguei Bubka à Donetsk. On pourrait également citer Laura Flessel, porte-drapeau aux Jeux Olympiques de Londres qui achèvera sa brillante carrière en larmes, Tony Estanguet médaille d’or aux mêmes Olympiades après son échec à Pékin ou encore Yohann Diniz, pourtant malade, qui termine 10ème au 50 kilomètres aux mondiaux de Moscou en 2013 avant de s’écrouler sur le sol. Il avouera1 : « avoir fini pour assurer mon avenir professionnel. Pour mes partenaires (…) Je me suis battu pour tous ces gens-là… Tu finis dans un état de transes. Tu appuies sur une commande du cerveau pour finir. Et après l’arrivée, il faut 4-5 minutes pour revenir. C’est une épreuve de malades ! Tu vas puiser au fond de tes entrailles pour terminer. Si tu gagnes, tout passe. »

Ces exemples traduisent, si nécessaire, l’absence de lien entre la victoire ou la défaite avec les valeurs. Peu importe le résultat, l’essentiel est ailleurs.

Le football, les valeurs et l’argent

Pourtant, ces valeurs de sports prennent souvent un tout autre sens dans le paysage footballistique français, entretiennent un lien particulier avec l’argent et sont souvent reprises par les clubs se targuant d’avoir des valeurs à défaut d’un portefeuille illimité, en référence au Paris-Saint-Germain. C’est en ce sens, le propos de José Anigo en septembre 2012 « Quand on voit les efforts fournis par les uns et les autres, quand l’un fait une erreur, un autre vient compenser. Effectivement, cela change la vie, ça change l’esprit d’une équipe. Parfois, on n’a pas besoin de grosse star. Avec des valeurs différentes, on arrive à changer les choses ». En quoi, l’argent du PSG serait-il incompatible avec les valeurs de courage, de collectif, de travail et de contrôle de soi que souligne José Anigo ? Les clubs moins riches que le PSG en auraient-ils le monopole ?

On pourrait reprocher à l’argent de déséquilibrer les compétitions, en faisant intervenir des clubs aux budgets différents. Mais les compétitions sont par définition injustes, dans la mesure où elles mettent en lice des concurrents, aux parcours, aux histoires et aux préparations différentes. L’entreprise Britannique Bromley apporte toute son expertise technologique dans les sports de Luge (Skeleton, Luge, Bobsleigh) où la Recherche & Développement joue un rôle important dans la compétition. Malgré ce, Elizabeth Yarnold tout juste médaillée d’or en Skeleton aux Jeux Olympiques de Sotchi ne représente-t-elle pas les mêmes valeurs du sport que celles de la candidate roumaine Maria Marinela Mazilu (à + de 5 secondes) et pointant à la dernière place de la compétition ?

Nous jouons avec le coeur, ils jouent avec le portefeuille

Le 2 Mars, l’Olympique de Marseille se déplacera au Parc des Princes, avec dans les valises, les valeurs chères à l’Olympique de Marseille et Florian Thauvin, qui ne rate pas l’occasion de s’exprimer sur le club de la capitale dans le Magasine Surface2 « Quand on parle de Paris, on dit, c’est vrai, qu’ils ont de bons joueurs et une grande équipe. Mais il n’y a plus de valeurs au PSG. Ils ne parlent plus que d’argent. » A quelles valeurs faisaient référence le pauvre attaquant Olympien ? Certainement aux siennes qui l’ont poussé à aller au clash avec Lille pour rejoindre l’Olympique de Marseille l’été dernier…

Au delà des propos de Thauvin, le Paris-Saint-Germain n’a peut être jamais aussi bien porté son nom et respecté son histoire : Être un club d’une capitale mondiale, fait de strass et de paillettes, un brin bling bling et digne du gang des « chemises roses », de la conférence d’Hechter au restaurant « Chez Edgar » dans le VIIIème dans les années 70. A cette époque, Saint-Etienne régnait sur le football français et symbolisait aussi les valeurs du sport : travail, rigueur, formation, sens du collectif, dépassement de soi et honneur. L’A.S.S.E injectait beaucoup d’argent à l’époque, mais l’argent n’était pas incompatible avec le mot valeur. Pourquoi l’est-il devenu aujourd’hui ?

 1 – Yohann Diniz – Le dauphiné

2 – Magasine Surface, 21 Février 2014

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