L1 – Faut-il croire au « projet » Marseillais ?

« Quels seront l’effectif et les ambitions de l’Olympique de Marseille prochainement ». C’était une de nos interrogations en juillet 2012 lors du départ de Didier Deschamps et de l’arrivée d’Elie Baup sur le banc Olympien (cf. http://wp.me/p2yXyQ-d4). Après un an de travail, une seconde place en 2012/2013, l’avenir de l’Olympique de Marseille est malgré tout, toujours aussi flou. Quel est le véritable projet vendu par les dirigeants marseillais ?

Un projet basé sur celui des autres : Paris, Dortmund, Ajax, Bayern

« Quand on voit les efforts fournis par les uns et les autres, quand l’un fait une erreur, un autre vient compenser. Effectivement, cela change la vie, ça change l’esprit d’une équipe. Parfois, on n’a pas besoin de grosse star. Avec des valeurs différentes, on arrive à changer les choses ». C’est ce que déclarait le directeur sportif José Anigo à la sortie du match contre Nancy (1/0), victoire qui permit aux hommes d’Elie Baup d’enchaîner 5 victoires d’affilée. Quel était l’élément de comparaison de José Anigo ? A travers cette déclaration, évoquait-il la politique du Paris-Saint-Germain et le recrutement XXL du trio El Khelaïfi-Leonardo-Ancelotti ? Faisait-il référence à la politique et au fonctionnement de l’entraîneur déchu Didier Deschamps ? Il est difficile d’y répondre.

Toujours est-il que le Paris-Saint-Germain est dans les têtes des dirigeants marseillais et il n’est pas rare d’entendre des allusions au club de la capitale. En septembre 2012, le directeur sportif de l’OM, José Anigo déclare « à force de prendre autant de joueurs payés des millions d’euros et des pseudo-stars, il va se retrouver à un moment confronté à des conflits d’hommes et d’intérêts, car il y a beaucoup d’argent en jeu et des ego à gérer » avant de conclure « Mais chacun à ses problèmes. Ils ont des problèmes de riche que l’on n’a pas ». Même son de cloche du côté des joueurs au moment d’évoquer le match contre le PSG en mars 2012 : « C’est l’argent contre la passion » déclarera Fanni.

A travers ces déclarations, c’est toute la base du projet de l’OM qui se met en place. Un projet intimement lié à celui du PSG : Si Paris base son projet sur des stars étrangères expérimentées, Marseille concentrera son recrutement sur des jeunes joueurs made in France comme le confirme Anigo au mois de Juillet dernier « Nous allons essayer des fenêtres de tirs sur de bons joueurs français et si l’on peut choper les meilleurs français… Mais ça ne sera pas simple, le marché français est plus cher que l’étranger ».

Par ailleurs, le président Labrune souhaite s’inspirer de Dortmund « On regarde devant nous et on est sur une très bonne dynamique. On veut continuer à être l’étendard de la ville dans les années à venir (…) L’exemple de Dortmund est intéressant. En 2010, le Borussia était éliminé en phase de groupe de l’Europa Ligue. Deux ans et demi plus tard, il disputait la finale de la Ligue des Champions. Mais pour cela, il faut être très performant dans le recrutement et construire une identité de jeu assumée et un projet collectif ambitieux ». Pour José Anigo, c’est l’Ajax d’Amsterdam qui est source d’inspiration : « Notre projet est de faire entrer des anciens joueurs comme cela se fait dans beaucoup de grands clubs. J’ai visité les installations de l’Ajax Amsterdam, énormément d’anciens s’occupent des très jeunes avec des projets de jeu identiques » 

Un Ersatz de Dortmund …

L’Olympique de Marseille a été l’un des grands agitateurs du mercato estival, avec pas moins de 6 recrues et près de 40m€ dépensés : Lemina (4m€ de Lorient), Thauvin (15€ de Lille), Payet (9 m€ de Lille), Imbula (7,5m€ de ), Mendy (4m€ du Havre). Comme évoqué par le directeur sportif et le président, l’OM a misé sur la jeunesse et sans réelle expérience du haut niveau. En effet, Mendy et Imbula évoluaient en l2 l’année dernière, respectivement au Havre et à Guingamps, Lemina portait le maillot Lorientais et Thauvin jouait à Bastia. Si l’idée de s’inspirer des grands clubs est intéressante, reste à savoir si elle est compatible. Rolland Courbis reste, quant à lui, sceptique « A une époque, Robert Louis-Dreyfus avait lui comme idée de faire de l’OM le Bayern du sud. Maintenant, Vincent Labrune parle de Dortmund. Marseille n’a pas besoin d’un projet Borussia Dortmund. On s’en fout de Dortmund, faisons un projet à Marseille ».

Jürgen Klopp
Jürgen Klopp

L’histoire récente des deux clubs peut présenter quelques similitudes. En effet, la menace de faillite du Borussia dans les années 2000 et la finale de la ligue des champions ne sont pas sans rappeler le titre européen de 93 de l’OM et sa descente aux enfers après l’affaire OM/VA. Mais à y regarder de plus près, la ressemblance entre Dortmund et l’OM s’arrête assez rapidement. Le retour en grâce du Borussia Dortmund s’est d’abord appuyé sur un homme charismatique, Jürgen Klopp, élément moteur de la base du projet, capable de dénicher de bon joueurs : Subotic en provenance de Mayence pour 4,5m€, Hummels 4,5M au Bayern Munich, Blaszczykowski 3M à Cracovie, Kagawa recruté au Japon, Piszczek et Bender transférés libre. L’ancien entraîneur de Mayence s’appuie sur effectif de qualité, composé de nombreux internationaux, de joueurs d’expérience (Kehl, Weidenfeller, Friedrich, Piszczek…), d’un centre de formation performant (Nuri Sahin et Mario Götze) et développe un jeu tourné vers l’avant.

Elie Baup
Elie Baup

A la différence de son confrère allemand, Elie Baup n’est pas un élément moteur à l’Olympique de Marseille. Son rôle au sein du club est limité et son regard semble peu pris en compte. « On a une ossature de joueurs très intéressante. On verra si par rapport à ces compétitions, on essaye d’amener des forces supplémentaires pour être compétitif. Ce n’est pas des coups qu’il faut, c’est des valeurs sûres. (…) Sur la deuxième partie de saison, on a bien étoffé l’effectif. Mais étoffer, c’est une chose, car en même temps il faut grandir et être compétitif. Ça passe par des joueurs d’expérience et de qualité » déclarait-il en mai dernier. Au final, aucun joueur d’expérience n’a rejoint la Canebière cet été. Quid de l’Olympique de Marseille et de sa compétence à dénicher des jeunes talents à moindre coûts ? Comment les faire mûrir sans tuteur à leur cotés ? Qu’en est-il de la compétence du staff ? Peut-on imaginer l’OM conserver ses meilleurs joueurs (Thauvin, André Ayew) si des offres se présentent ? La formation peut-elle être un élément de base à l’Olympique de Marseille ? Les déclarations1 de Medhi Benatia, formé au club et aujourd’hui à l’AS Roma, laissent planer de nombreux doutes à ce sujet…

Un projet, de la résignation, en attendant la suite… ?

Réputé si difficile, le contexte autour de l’OM a changé. La résignation semble même avoir touché l’ensemble des composants du clubs, à commencer par les tribunes. Cette impression est d’autant plus présente quand on se rapproche de la cité phocéenne. C’est du moins, ce que j’ai modestement constaté : Les personnes « extérieures au contexte local Marseillais » sont toujours un peu plus exigeantes, lucides sur ce que devrait être l’OM : un grand club français qui ne peut se satisfaire de la campagne européenne proposée par les hommes d’Elie Baup. Ce projet ne serait-il pas finalement qu’une illusion, un moyen de gagner du temps et faire patienter les supporters en attendant secrètement un éventuel rachat du club ?

1 – Medhi Benatia sur RMC – Juillet 2012 : « Le seul problème que j’ai rencontré à l’OM a été avec José Anigo. Je n’ai même pas envie d’en parler car ce serait lui donner de l’importance.. A l’époque à Marseille il fallait avoir l’agent qui était l’ami du untel, et moi, je ne sais pas travailler comme ça. C’est ça qui m’a un peu bloqué à Marseille » 

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