
Qu’elle est belle cette « Liga des étoiles » comme on dit en Espagne. Si le Barça et le Real nous viennent immédiatement en tête à l’évocation de ce championnat, il serait réducteur de restreindre le championnat espagnol à ce duel à distance. Il y a maintenant l’Atlético et le meilleur public d’Espagne, qui confirme l’excellent travail réalisé la saison passée. Il y a aussi ce promu Villareal qui régale par sa qualité de jeu. On y retrouve Bilbao qui, deux ans après sa finale en Europa League, revient sur le devant de la scène, la Real Sociedad continue également de faire le spectacle. La Liga, c’est aussi le Rayo Vallecano, le club des quartiers sud et pauvres de Madrid, lanterne rouge et pire défense du championnat (avec 30 buts encaissés). Lors de la réception du Real, le Rayo a attaqué à tout-va en perdant 3/0 au bout de 48 minutes de jeu et à l’arrivée a frôlé le 3-3 contre son géant voisin madrilène, sans jamais renier sa philosophie de jeu. Une attitude qui a valu l’ovation des 15 000 spectateurs et qui symbolise assez bien cette compétition : Les équipes ne font pas ou peu de calcul, jouent pour faire du spectacle, prendre du plaisir et donner du bonheur au public. Un championnat ou l’aspect technique prédomine sur l’aspect tactique et physique. Enfin bref, un spectacle … tout simplement.
Revenons en détail sur quelques clubs qui ont marqué ces 12 premières journées.
Le Barça leader costaud
Effectivement, lorsque l’on évoque ce championnat, on pense immédiatement aux deux géants que sont le Barça et le Real. Le Barça suscitait la curiosité cet été en raison du départ inattendu de Tito (parti pour des problèmes de santé). Tata Martino, inconnu en Espagne est arrivé dans un scepticisme équivalent à celui de Laurent Blanc au PSG. Que retenir de ce Barça « new look » ? Avec 7 buts encaissés en 12 journées, le Barça est hyper solide et partage avec l’Atlético, la meilleure défense de cette liga. Sans surprise, ce Barça est aussi la meilleure attaque du championnat, 34 buts marqués et déjà leader avec 1 point d’avance sur l’Atlético et donc 6 sur son rival madrilène.
Avec uniquement 2 points perdus à Osasuna en Liga et leader de son groupe en Ligue des champions, le club Catalan fait un début de saison quasi parfait. Ce Barça en terme de qualité de jeu et d’intensité n’a rien à voir avec le brillant Barça de Pep Guardiola. Les médias catalans ne peuvent s’empêcher de comparer la « Dream Team » de Guardiola à ce nouveau Barça.. La « touche »Tata Martino semble se faire en douceur et l’intelligence de coach se résume à cette phrase, prononcée après le « clasico » remporté contre le Real : « oubliez le Barça de Guardiola, c’est la meilleure équipe de l’histoire, il y a pratiquement 3 ans qui se sont passés depuis cette grande période. » Le succès de Tata Martino (pour le moment), réside dans le fait d’avoir osé renier ce passé, d’aborder le beau jeu tout en étant capable de s’adapter, contrer et être cynique, efficace, symbolisé par les propos de Mascherano la semaine dernière. « Pourquoi faire 50 passes pour arriver devant le but, quand 3 suffisent? » Cette équipe à qui il était reproché d’être tant prévisible, est maintenant capable de faire le spectacle mais de s’adapter à l’adversaire et parfois de prendre moins de risque.
Le succès de « Tata » est aussi d’avoir mis fin à une certaine dépendance au génie Argentin. Ca fait 4 matchs consécutifs que Messi ne marque pas. Mais qu’importe ? Neymar s’est adapté à vitesse grande V (4 buts et 6 passes décisives depuis le début de saison), Alexis Sanchez renait (7 buts marqués), Fabregas et Pedro sont décisifs, Xavi et Iniesta sont en forme. Le Barça s’annonce comme le grand favori à sa propre succession pour le titre de champion d’Espagne et un sérieux client, comme chaque année, pour la « conquête » de la C1.
Le Real à la recherche d’un équilibre
Après la nouvelle « révolution » du président Florentino Perez cet été (départ de Mourinho remplacé par Ancelotti, recrutement « galactique » avec la signature de Bale, Isco ou Lllarramendi pour une somme totale d’environ 150-160 millions), l’attente était donc immense autour du puissant club madrilène. Que dire après 12 journées ? Brillant leader de son groupe en C1 et meilleure attaque, le Real connaît des gros problèmes en championnat. 2 défaites déjà après 12 journées. Elles font d’autant plus tache qu’il s’agit de deux défaites concédées contre le rival l’Atlético à domicile et au Nou Camp contre le grand ennemi barcelonais. Le Real est donc 3ème avec 6 points de retard sur le barça et 5 sur le voisin de l’Atlético. Les premiers sifflets ont commencé à fuser pour Carlo Ancelotti et son équipe. Le public de Bernabeu est impatient, ce n’est pas nouveau. Avec seulement 2 titres récoltés sur ces 5 dernières années, on peut comprendre l’attitude du public, d’autant plus quand le Barça a enchaîné les trophées et que l’Atlético a ramassé autant de trophée que le Real.
Ce Real est instable, sans réelle identité de jeu, dépendant d’un Cristiano Ronaldo encore énorme (13 buts et meilleur buteur de cette liga). L’équilibre du Real ne repose que sur la forme de Xabi Alonso. Llaramendi, recruté pour 40 millions est trop tendre, Khedira trop irrégulier et Modric, ne sera jamais un récupérateur. Le Real a déjà encaissé16 buts en 12 journées. Rappelons qu’avec cette même défense, le Real en a encaissé 4 la saison passée en ½ de C1 à Dortmund.
La défaite à Barcelone a marqué les esprits, d’autant plus que le match semblait à la portée des Madrilènes. Mais Ancelotti a été frileux durant les 45 premières minutes, trop. Le Real s’est repris en enchaînant 2 victoires mais sans réellement se rassurer. Contre Séville et le Rayo, le Real s’est fait remonter deux fois de 3-0 à 3-2, signe de sa fébrilité défensive, de son manque de confiance et surtout, d’un équilibre qu’Ancelotti ne parvient toujours pas à trouver.
Malgré tout, le coach Italien peut compter sur une bonne nouvelle, et le retour en forme de sa recrue vedette Bale : Après un début de saison moyen, pour ne pas dire médiocre l’ancien Toffees reste sur 2 buts et 3 passes décisives sur les deux derniers matchs. Benzema aussi, très critiqué, a inscrit 3 buts lors de ces deux dernières journées, lui qui n’en avait marqué que 2 en 10 journée.
Les doutes sont encore nombreux autour du Real. Le club de Cristiano Ronaldo ne pourra espérer répondre aux attentes des socios, qu’en trouvant ce fameux équilibre tactique, sous peine de vivre une énième saison blanche. La clé du succès du Real est simple : faire cohabiter Cristiano Ronaldo, Benzema, Bale, Isco/Modric, tout en trouvant un équilibre tactique. Ancelotti a encore du boulot, lui qui a déclaré samedi après la victoire à Vallecas « notre seconde mi-temps a été un désastre ».
L’Atlético, l’équipe de cette année 2013-2014 ?
Simeone est bluffant. Son équipe semble être capable de faire encore mieux que la brillante saison passée (3ème et vainqueur de la coupe du roi). Meilleur début de saison de son histoire (11 victoires et 1 défaite en 12 journées et 3 victoires en 3 matchs en champions league !). Cet Atlético, qui a pourtant perdu Falcao l’été dernier, semble encore plus fort que celui de la saison passée. Cette équipe est-elle capable d’aller chercher ce Barça ? On aura une première réponse lors de la dernière journée des matchs aller, le 12 janvier, avec un certain Barça/Atlético. Ce qui est certain, c’est que cette équipe se connaît parfaitement, joue les yeux fermés et tactiquement, ressemble à son entraîneur (à mon avis le meilleur du monde actuellement). L’Atlético privilégie le contre mais est aussi tout aussi capable d’étouffer l’adversaire et de faire le siège du but de l’adversaire. La stabilité est la grande force de cette équipe. Le départ de Falcao a libéré Diego Costa absolument monstrueux et « pichichi » de cette liga avec donc Cristiano Ronaldo, 13 buts chacun. Villa arrivé cet été au Calderon, renait (6 buts en 12 matchs), Arda confirme son excellente saison passée, Koke, 21 ans seulement, devient de plus en plus complet dans son jeu, que dire de l’excellent capitaine Gabi, impeccable à la récupération et bien aidé par le très bon Mario Suarez ?
Mais la force de l’Atlético, réside au sein d’une impressionnante solidité défensive. 7 buts encaissés (comme le barça) en 12 journées avec un Godin monstrueux, un Miranda toujours aussi bon (oui, c’est bien celui qui a été lamentable lorsqu’il jouait à Sochaux il y a quelques années). Juanfran, Filipe Luis et Courtois sont probablement les meilleurs de la liga à leur poste avec ceux du barça.
L’Atlético pour son grand retour en ligue des champions brille également dans un groupe qui n’était pas facile sur le papier (Porto, le Zénit). Et surtout, cette équipe semble avoir la maturité nécessaire pour durer dans la course au titre, en témoigne sa double confrontation contre le Barça en supercoupe d’Espagne que le Barça n’a gagné qu’à la différence de but et de sa victoire au Bernabeu, 4 mois après son succès en coupe du roi contre le même rival.
Et si l’Atlético était le « Dortmund » de la saison passée et allait très loin en C1 ? Ils ont la solidité, l’intelligence tactique, la maturité, le talent, un grand buteur, un grand entraîneur pour le faire. L’Atlético s’était essoufflé la saison passée dans la course au titre, la faute à un banc trop juste. Cette saison, l’effectif est complet et Diego Simeone dispose de 16-17 joueurs sur qui il peut véritablement compter quand la saison passée, il en avait à peine 12-13 de valides. Alors, 2013-2014 la saison de l’Atlético ?
Que retenir d’autre ?
Villarreal, de retour en liga est un promu ambitieux qui je crois, à les moyens de se qualifier pour cette 4ème place. Reposant sur un jeu pétillant autour de Bruno et de Cani ainsi que d’un Giovanni Dos Santos épanoui en attaque, Villareal peut aspirer à être européen en fin de saison.
La lutte sera ardue. Après une saison passée difficile et deux ans après sa finale d’Europa League, Bilbao a tourné la page Bielsa et est revenue dans le haut de tableau (5ème). Le trio d’attaque Muniain-Aduriz-De Marcos avec Etxebarria et Susaeta au milieu est séduisant. Cette équipe souffre d’une fébrilité défensive, qui pourrait être préjudiciable dans la course à l’Europe.
Getafe, le petit club de la banlieue sud de Madrid, crée la surprise dans le haut de tableau (6ème) grâce aux miracles de son coach Luis Garcia mais difficile de voir ce petit club durer.
La Real Sociedad après un début de saison compliqué, semble avoir digéré sa préparation tronquée en raison de sa participation au tour préliminaire de la C1. Griezmann flambe, déjà 7 buts pour le français et le club basque est en embuscade à la course à l’Europe, 7ème.
Valence et le miracle Djukic. A chaque fois qu’il était sur le point de se faire virer cette saison, son équipe s’est réveillée. Sortant d’une saison passée décevante en ne se qualifiant pas pour la C1, l’attente était grande cette saison. Oui mais voilà, Valence n’est plus ce grand club qui était capable d’aller en finale de C1 en 2002. La faute à une santé économique précaire, Valence vend ses meilleurs joueurs chaque année.
Valence est 9ème après 12 journées, à 4 points de la 4ème mais la sensation est que la saison s’annonce compliquée pour l’équipe de Jérémy Mathieu, la faute à un manque de continuité et de sérénité autour du club, à l’image du cas « Rami » (parti depuis au Milan) et de ses déclarations fracassantes à l’encontre de son entraîneur.
Enfin, j’aimerais dire un mot pour conclure sur 5 clubs :
Malaga qui subit la crise de plein fouet (ou des économies drastiques de son propriétaire milliardaire) et dont le ¼ de finale en C1 la saison passée semble déjà très loin. 3 victoires en 12 journées, le bilan n’est pas terrible pour Schuster, dépouillé de ses meilleurs joueurs l’été dernier après le départ de Pellegrini. Saison de transition pour le club andalou.
Le Celta Vigo travaille en toute discrétion. Luis Enrique sur le banc, fidèle à ses principes de jeu offensifs, s’est retrouvé contesté. Mais son équipe s’est réveillée au bon moment, en remportant 2 de ces 3 derniers matchs dont un cinglant 5-0 à Malaga. De quoi voir l’avenir tranquille ?
Le Rayo est lanterne rouge mais est une équipe tellement agréable à regarder avec son coach Paco Jemez. Avec la pire défense de Liga, il ne renie pas ses principes, joue l’attaque quitte à mourir pour ses idées, lui qui depuis des saisons fait des miracles à Vallecas. J’espère sincèrement que le Rayo s’en sortira une nouvelle fois, pour être récompensé de sa prise de risque et de sa philosophie de jeu. Et puis, son public est fantastique, composé de vrais » supporteurs, toujours fidèles à leur équipe.
Les clubs sévillans :
Une nouvelle année décevante s’annonce pour le club de Kévin Gameiro. Le Fc Seville n’a toujours pas réglé ses problèmes défensifs des saisons passées et Emery est de plus en plus contesté et en danger. Le Fc Seville risque de vivre une nouvelle saison dans le ventre mou en dépit d’un effectif talentueux (Rakitic ou Gameiro pour ne citer qu’eux).
Le Betis, le club populaire de Seville, ne confirme pas sa très belle saison passée et son jeu enthousiasmant. Les « beticos » sont 18ème de cette liga et comme pour le rival, avec un coach critiqué. La saison s’annonce très difficile et ce serait un regret, de voir ce si beau club, une nouvelle fois descendre en 2ème division.
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